Quand tu es un sportif de haut niveau et que tu t’entorses la cheville ou le genou, ou le poignet, tu ne peux plus user de ton corps pour travailler. Quand tu entends écrire et que tu n’es plus capable de lire plus de deux minutes trente, ou d’écrire plus de deux minutes trente, ou de te relire plus de deux minutes trente, c’est donc que tu t’es toi aussi entorsé quelque part l’outil de travail, la tête ou du moins les contrées intérieures de la tête, et alors tu es censé toi aussi observer un temps de repos nécessaire à la recomposition de ton cartilage, ou au défroissement de tes muscles ou que sais-je, sauf que personne n’est là pour mettre un mot sur ce mal, et tu te retrouves à persévérer dans le vide, alors qu’il vaudrait mieux sans doute s’intéresser aux attaques de Pogacar en montagne ou à la formation à deux dix que tu entends pratiquer cette saison au Genoa Cricket & Football Club, d’où deux recrutements de joueurs de ballon colombiens censés t’apporter une maîtrise du jeu, voire une qualité de passe. Je réalise deux choses. D’abord, que rien ne m’oblige à lire ou à écrire, que je suis libre de m’en affranchir, que je peux même, si c’est là mon désir, m’en détourner pour toujours, comme disent les enfants, et consacrer ma vie, comme disent les adultes, à autre chose (voire même à rien du tout). La seconde, c’est que je vois en sondant ma bibliothèque que j’ai acheté nombre de livres sans réfléchir, et que j’en ai lus également sans réfléchir, et que j’ai dû écrire, aussi, bien souvent, sans réfléchir, mais réfléchir n’est pas le mot qui convient : sans conscience. Et lorsque un chat dans les bois nous suit pendant une demi-heure, la queue en forme de point d’interrogation, miaulant, haletant, depuis la forêt jusqu’aux zones pavillonnaires, avant de prendre en filature un couple de vieilles dames qui part dans une autre direction que la nôtre, ce que l’on s’est dit, c’est : si on lui donne à manger, on est foutu ou encore si on lui donne un nom, on est foutu. Mais pourquoi laisser quelqu’un ou quelque chose entrer dans sa vie c’est être foutu, ça, je ne me l’explique pas.

GV
mercredi 16 août 2023 - mercredi 15 mai 2024




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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

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