J’ai dormi neuf heures. Ça n’a rien changé à l’affaire. Tout est toujours à droite, et trop près de l’œil. Puis ça se lève doucement, assez pour permettre à la journée de se faire, et de ne pas s’annuler. Mais j’ai déjà écrit ça un nombre considérable de fois dans ce journal, alors autant se référer à un autre jour, par exemple celui du 1^er août dernier. Ou alors à la place, lisons Fresán lire Melville ¹ : Le grand crime, le péché impardonnable des romans est de nous faire croire que nos vies ont une logique et un ordre qui n’existe pas. (...) Nous regardons en arrière afin de sentir que nous dirigeons notre vie, qu’elle est tracée en fonction d’un plan, d’une carte, d’une raison. (...) Car on écrit non pas un livre, mais deux : celui qui sera lu, présumé correct, et un autre sans doute moins soigné et cependant infiniment meilleur, autrement plus révélateur des intentions véritables de son signataire. D’ailleurs, Basalte, c’est ça. J’ai fait ce que je pensais qu’on attendait de moi et maintenant, il me reste à renverser la table et ruiner mon roman, au sens propre : en faire des ruines (mais ça aussi je l’ai déjà écrit).