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#Ulysse 599
jeudi 26 septembre 2013, par
Une fausse couche l’ombilic à la traîne [1]
fourré dans du coton rougi.
Nos cordons bout à bout se relayent enchaînés [2]
câble encordé de toute chair.
Progression : 4.44 %
[1] Stephen imagine la contenance du sac de la sage-femme qu’il apinche sur la plage depuis l’Ulysse 598.
[2] Dans le livre Strandentwinning Cable : Joyce, Flaubert and intertextuality, Scarlett Baron explique la chose suivante (voir plus bas pour la version traduite pour l’occasion) :
Dans le chapitre « Protée » d’Ulysse, un Stephen démoralisé, toujours décrit comme un littérateur nécessiteux, marche seul, abattu, le long de la grève de Sandymount. Ses pensées philosophiques absconses, retranscrites par le biais d’un monologue intérieur, illustrent un retour à ses précédentes méditations sur la création. Provoqués par la vision lointaine de deux silhouettes sur la plage qu’il imagine par erreur être des sages-femmes, Stephen compare la simplicité divine et abstraite de la « Création ex nihilo » à la complexité tentaculaire et la matérialisation chaotique de la naissance humaine via son « ombilic à la traîne ». Bien que Stephen, répétant les mots dangereusement tentants que prononce le serpent de la bible, entretient brièvement le fantasme d’être « l’égal des dieux » (tout comme il se l’imagine à la fin du Portrait), il admet en lui-même que dans toute réalité humaine les « cordons bout à bout enchaînés » forment un « câble encordé de toute chair ». L’esprit de Stephen imagine une matrice originelle depuis laquelle ce câble prend source et auquel tous les cordons reviennent, à la fois comme organes humains et textuels : il s’agit d’Eve, son « ventre privé d’ombilic », une surface vierge, un « ventre immaculé ».