Ça veut dire quoi un grand livre ? Souvent on voit ça dans la presse, particulièrement en cette saison. Tout le monde utilise cette expression, ça a d’ailleurs dû m’arriver plusieurs fois de l’employer aussi (à mon corps défendant ?). Pourquoi ? Est-ce qu’il faut comprendre c’est un livre important dans l’histoire de la littérature ? Impossible de le savoir : l’histoire littéraire s’écrit sans la presse, sans les prix et sans les chiffres de vente. Ou alors sinon c’est un livre dont on se souviendra longtemps mais qui se souvient de ces livres ne serait-ce qu’un an après leur parution ? Une manière de dire lisez-le ? Achetez-le plutôt. Façon d’admettre à demi-mots : je n’ai absolument rien à dire de ce livre et c’est ainsi que je fais le choix d’en parler : en usant de mots clés usés par d’autres ? Ça emprunte au vocabulaire religieux (n’importe quelle religion) ou au vocabulaire de la comptabilité (le grand-livre de compte) ? Ça signifie tout simplement moi, j’ai aimé ce livre ? Probablement pas : ces dossiers spécial rentrée font la part belle aux livres non lus par quiconque, avec des argumentaires commerciaux d’éditeurs et d’agence de presse pour tout accompagnement. En somme, des slogans. Alors quoi ? Probablement des mots à considérer comme ceux qu’on dit par automatisme ou facilité à quelqu’un quand on n’a au fond pas grand chose à lui dire : une espèce de bavardage un peu poli pour lui donner l’impression qu’on s’intéresse à lui ou elle, alors qu’en réalité pas vraiment, et qu’on pense à autre chose tout du long, par exemple masqué dans un ascenseur (quand on prend l’ascenseur) à attendre que l’étage se présente à soi pour nous délivrer de la présence suspecte de l’autre.