J’ai dormi comme un caillou. Le vent porte le bruit des poules, qui doivent paître qui sait où. Depuis deux ans presque que nous sommes ici, nous ne les avons qu’entendues ; vues, jamais. Tout est toujours plus beau dans ma tête que sur une page. Ces phrases qui me viennent, elles doivent faire l’épreuve de la vue pour être bien, contrairement aux poules qui se contentent de vivre sur une sous-couche de ma réalité. Tout mettre au premier plan, ce n’est pas une solution. Tout taire non plus. On cherche l’entre-deux, ou plutôt l’équilibre. J’envisage de postuler ici ou là et je calcule le temps de trajet pour m’y rendre. Je tempère. Ai-je vraiment envie de travailler ici ? Là ? Le job de mes rêves n’existe pas. Même écrire toute la journée et lire ce n’est pas le job de mes rêves. Le job de mes rêves consisterait à revêtir une autre identité que la mienne. Qui recrute dans ce secteur ? Heure des comptes migrainiques, avant les comptes tout court : 5 crises au premier semestre (VS 10 en 2021), 1,5 de douleur (VS 6 en 2021). 10 h 24 : l’aspirateur rend l’âme. 11 h 41 : résurrection dudit aspirateur.