Il n’y a que deux ans d’écart entre Blunted on Reality (1994) et The Score (1996). Le premier est un album à l’énergie sympathique mais qui ressemble à beaucoup d’autres trucs de cette époque, le second n’a pas pris une ride et a contribué à définir ce que deviendrait par la suite le hip-hop pendant disons vingt ans. Et puis après The Score, les Fugees ont fait pschiit. Mais c’est déjà le moment de ravitailler les bêtes avant de repartir pour le Cloître. Je mets plus de nourriture et plus d’eau que la dernière fois bien que je parte moins longtemps et j’explique à chacune que nous rentrons lundi midi comme si leurs drôles de têtes étaient dotées de langage. À la gare, c’est le grand raout du week-end aoutien : un accident de personne entre Vannes et Redon paralyse la ligne Rennes-Quimper. Des mecs en short avec des planches de surf sont dans l’expectative mais moi, c’est dans l’autre direction que je vais. Attendant mon TER, je me pose des questions existentielles du genre : ai-je réellement hâte que l’été se termine ? Pourquoi suis-je allé au bout de ce livre nul à chier (pas Mishima, un autre) ? Qui joue de la flûte sur « Chelsea Girls », est-elle ou non traversière et qui a eu l’idée de mettre un instrument pareil sur une chanson pareille ¹ ? À un moment donné, un mec me dira, sachant que je suis de Rennes (ce qui de plus est faux) tu es un punk à chien ? Tu joues du diabolo devant Monoprix ? Tu manges trop gras et trop sucré ? Puis : j’aime ton humour, quoi que j’ai bien pu trouver à lui répondre. Mesdames et messieurs, nos toilettes sont actuellement indisponibles mais des toilettes situées au fond de la rame peuvent être ouvertes à la demande. Merci de vous signaler auprès de nos agents si vous en ressentez la nécessité. Après quoi un agent passe effectivement dans le train pour demander toilettes ? toilettes ? à tout le monde, avant qu’un gars complètement foncedé ne pope à son tour en appelant à voix haute l’intégralité de ses contacts pour leur dire QU’IL VA SUR LA PRESQU’ILE DE CROZON avant de proposer de sa beuh à qui veut, c’est-à-dire personne.