Levé à cinq heures mais réveillé à deux, puis quatre. C’est la première fois que je prends la voiture seul, et si je mets le GPS au cas où, je ne l’écoute pas ni ne le regarde. Il n’y a pas beaucoup de circulation. Le jour n’y est pas mais moi si. Dans le train mes cookies préparés hier sont trop cuits et, une fois à Montparnasse, mécaniquement je pars prendre la six pour aller vers Nation (or non). Je suis au bureau à 9 h, à temps pour me demander, au fond, qu’est-ce que je fous là ? Je ne suis pas le seul. Un agent d’accueil veut savoir si je travaille bien dans ces murs et je dis oui, depuis trois semaines, or non : c’est le début de ma troisième semaine. Signe que déjà je trouve le temps long ? On ne saura pas. Il faut me réaclimater à plein de choses. Tenir un registre de qui tu vouvoies, qui tu tutoies pour ne pas perdre le fil. Trouver des sujets de conversation le midi. Trouver quoi dire de son week-end (ou pas). Couper court aux reflets. Retrouver un semblant de rythme, après quatre jours off. Le monde m’y aidera-t-il ? Variole caprine en Espagne d’un côté. Goldman Sachs de l’autre : A new wave of AI systems (...) could expose the equivalent of 300 millions full-time jobs to automation. Le soir chez J. et A. Ils me recommandent Jeanne Dielman. Ça dure plus de trois heures et il ne se passe pas grand-chose (mais pas grand-chose plusieurs fois). L’autre jour, S. m’invitait à voir un film chinois de six heures, mais avec une version courte qui n’en dure que quatre. En ce moment, au-delà d’une heure et demie, les films sont trop longs pour moi. Et les chefs d’Å“uvre m’intimident. De sorte que j’opte plus volontiers pour de petits films sympas, de la même manière que les lecteurs lambda jettent leur dévolu sur de petits romans sympas plutôt que sur des Å“uvres véritables. Alors qui suis-je pour juger ? Louise Colet ¹ : Avant de vous dire comment je le connus et comment nous nous liâmes, laissez-moi vous raconter comment je le vis passer tourbillonnant dans une valse, en 1836.