On n’utilise pas assez le mot veule. En fait, il faudrait avoir sous la main une liste de mots d’une syllabe, au cas où il faille boucher un trou dans le rythme du langage, je veux dire d’une phrase. Ou alors le contraire, se forcer à retirer des pieds de temps à autre pour faire boiter sa musique, pour n’être pas dans le ressassement attendu d’un rythme à soi. En parlant de pieds, si j’avais la patience de dessiner je ferai ce petit webcomic. C’est en deux cases. Dans la première, un majordome devant une porte close dit à quelqu’un : « on ne dérange pas Satan pendant son bain de pieds ». Dans la deuxième, la porte, qu’on comprend être de la salle de bains, est ouverte, et on voit donc Satan alangui dans une baignoire remplie de pieds coupés, manifestement humains. On doit pouvoir récupérer ça et l’inclure dans Grieg. On n’a finalement rien inventé de mieux que le froid pour lutter contre la dolorosa. Tu sais que tu es malbarre quand tu commences à spontanément te dire, à 8h49 du matin, au fait il a dit quoi hier, Macron ? À quel moment exactement la métaphore de l’électrochoc dans l’opinion publique est positive ? Un électrochoc, tu peux le recevoir soit en situation de mort clinique (le cœur a cessé de battre), soit comme Lou Reed contre ton gré dans un asile de fous pour te guérir de tes déviances, soit comme une forme de torture (l’exemple testiculaire étant tout trouvé chez Le Pen père en Algérie). Alors bon. Par procuration, dans un tableau excel, je voyage en Espagne. C’est joli. Qu’on me confie à moi un travail sur de la matière espagnole, langue dans laquelle je sais à peine dire (et comprendre) que lindo et tu madre es loca, est en soi divertissant. Dans le train pour Rennes, l’arrivée de la personne qui est à la place fenêtre voisine de la mienne m’incite à me lever pour la laisser passer. Mais le type en question prend tout son temps pour poser un à un sur sa tablette, avant de s’installer, tous les menus objets dont il aura besoin durant le voyage. En conséquence, ça bouchonne dans l’allée. Je n’ai pas mes lunettes, et je ne vois pas trop de quoi il a l’air, mais il est habillé vieux, avec un moche pull d’où sort une moche chemise et un moche pantalon en velour vieux. Au passage du contrôleur, on lui demande sa date de naissance. Décembre 2002, dit-il, et je me dis spontanément : il n’a pas compris la question, aucun adulte ne peut être né en décembre 2002. Or, si. Le type est un jeune homme de 21 ans juste, qui est aussi un militaire en déplacement gracieux pour service rendu (passé ou à venir) à la communauté. Il travaille sur son laptop à un texte où l’on peut lire les mots artillerie automotrice et il étudie des cartes d’état major qui l’éparpillent entre l’Égypte et la Libye.