Fantôme



  • RER
  • 300511

    30 mai 2011

    Le gars tout contre, la tête pressée contre la vitre, lit (mais debout) un livre en papier dont le titre, je l’attrape, est Robots and falling hearts. Je reviens de mon premier jour chez STAT, des robots j’en ai vus, sauf qu’ici on ne les appelle pas « robots » mais « automates haut de gamme » ou « androïdes dernier cri » ou bien « cybermen de prestige ». Ma théorie les concernant ? Ce serait des clones. Des expériences quelconques. Des corps désincarnés. Et pour les fallen hearts ? Je m’excuse auprès du gars tout contre. J’avais cru lire broken. Je m’étais dit : oui, moi aussi.

    Toute la journée je me suis répété : on peut se tutoyer ? Toute la journée chercher dans la machine les bons numéros de pièce pour réparer les clones en toc. Il n’y a aucun exemplaire vivant dans les bureaux parisiens. Uniquement des free samples, mais vides. Voilà pourquoi je suis déçu. J’en profite même pour demander : j’aurais besoin d’une peau toute neuve, est-ce que je peux bénéficier d’une réduc STAT spéciale employé ? J’en ai besoin, car la bride de mon sac bandoulière frotte toujours au même endroit et me découpe la hanche. Peut-être qu’à force de bosser là-bas je deviendrai comme eux. Par mail Svetlana me souhaite bon courage et prend même de mes nouvelles. Mon cœur brisé-tombé-cloné soudainement ne l’est plus.

    J’ai répété en boucle : on peut se tutoyer ? Je les supplierais presque. À l’heure dite j’explique au chef le truc, ce que j’explique : à chaque fois que j’entends cette musique je dégaine l’appareil et je prends une photo. Quelqu’un dans le wagon derrière répète : je me vide de mon sang. J’ignore si c’est réel ou bien si c’est une blague mais le train s’arrête encore en plein milieu des ombres, suffisamment pour que je me dise : plus jamais je ne reprendrai la ligne A !, mais de qui je me moque ? Je m’étais promis en revenant de ne pas filer à la fenêtre pour y chercher le Husky de la maison d’en face, et où je me trouve actuellement ? Mes jamais, mes toujours, ils n’ont aucune valeur. Et le Husky toujours pas là. Le chef se fiche de mes photos comme si elles n’existaient même pas. Je lui demande est-ce que vous faite aussi ce genre de clone high-tech capable de filmer tout ce qu’il voit ? À terme, j’aimerais devenir comme ça.

  • 180611

    18 juin 2011

    Levé jeudi quatre heures et demi pour rallier tôt l’aéroport, lequel ? pas d’importance. De là rejoindre le bon cargo, celui capable de nous larguer plus loin vers l’est, pays sans nom dont on parle pas la langue, à peine si on connaît plus de trois noms de ville qui soient pas liées à je ne sais quel club de foot (et puis le décalage horaire, léger mais réel, oublié que là-bas mais si proche fallait compter avec la symphonie des heures). Sortant du zinc j’ai dit : « putain » et j’ai pensé c’est pas trop tôt. Je paye de ma personne pour avoir choisi peut-être la mauvaise boite le mois dernier : STAT voulait que je visite les usines et que je traverse une ou deux réunions. Veste noire chemise blanche, pas de cravate, à peine la peau tendue sur le bon visage : le mien.

    Arrivé à l’usine, celle qui fabrique les automates de type moderne, assister à toute la chaîne de production des corps factices, de A la fusion des plaques de polycarbonate termoformées sur le squelette alu à Z la mise en sacs et en cartons prêts à être balancés au cul des semi-remorques en départ côté Ouest pour l’Allemagne et la France. J’observe à vingt centimètres d’elles les maquilleuses qui à la chaîne font les dernières retouches, et à la main toujours, comme ça qu’on sait qu’on a affaire à du haut de gamme, la qualité prime avant tout, les corps ici sont les meilleurs, je me sens bizarre, j’ai l’impression de traverser un zoo. Au niveau de la confection des séries que chez nous on appelle V³ : « Virtual Vision Vortex », je mate les bras armés du mécanisme XXL visser sur les épaules d’un automate encore brillant (couleur rouge métallisé, légers reliefs sur la peau censés mimer le cuir, léger comme du papier, solide façon kevlar) le crâne à l’intérieur duquel on versera, un peu plus tard, le fameux cybercerveau qui fait toute la fierté de la marque. Sur le devant de la face d’autres bras, d’autres câbles, d’autres forces en fusion, appliquent délicatement l’écran Oled tout incurvé et sur lequel seront projetées les cyberfaces par défaut, celles qu’on implantera, ensuite, dans la mémoire interne. Le mec en charge de la visite, après m’avoir interdit de sortir mon portable pour prendre quelques photos, et m’avoir indiqué qu’ici « la moindre machine qui intervient sur ces modèles est unique et brevetée », m’explique en vieil anglais que c’est à ce niveau que STAT révolutionne la conception d’automates de loisir et met vingt ans de retard dans la vue des concurrents. Non seulement ils atteignent enfin le stade de la robotique, mais ils assument aussi leur part de virtuel car : qui voudrait vraiment retrouver chez soi le même genre de Ken que ceux qu’on voit, statues de cire, dans les vitrines de n’importe quel magasin de fringues ?

    31

    Plus loin, autre aile de l’entrepôt appelé ici « la couveuse », la zone du contrôle qualité que dans la mienne je nomme crash-tête. Les séries produites plus tôt y sont testés pour vérifier qu’ils supporteront, plus tard, tous les outrages de la vie humaine. Des machines rudimentaires testent la résistance des charnières au niveau des épaules et des bras, les corps sont suspendus sur la tranche et sont lâchés, huit mille fois de suite, juste pour vérifier que les tendons résistent bien. D’autres modèles courent le cent kilomètres sur un tapis roulant gorgé d’obstacles. D’autres se font frapper, poncer, tirer par des modèles d’automates obsolètes dont ne subsiste sur la structure que le squelette décoloré et dont les membres sont affublés d’outils divers et ridicules tels que des marteaux, des perceuses, des surfaces abrasives. Faut voir aussi comment sera gérée l’usure des matériaux surface. Idem la résistance au vent, à l’eau, à la chaleur. Idem aussi la solitude, l’ennui, la dépression ? Je ne pose pas la question. Il n’existe, ni dans cette salle ni dans une autre, aucun robot psychanalyste. De la même façon, je me demande au juste quels automates ont pu tester, en amont, la résistance de ceux censés effectuer les tests, et je pense Ouroboros.

    Dans la voiture qui me ramène à l’aéroport en fin d’après-midi laisser tomber ma main dans cinq cent grammes de bombecs locaux (et j’imagine toute la texture lâchée dans les cuves à 500° de l’usine, les belles couleurs que ça ferait). Silence, je mâche. J’ai visité mais en vitesse le centre de réparation des corps, celui auquel je suis censé être rattaché en qualité d’opérateur de gestion SAV. J’ai vu sur l’étagère des bras, des jambes et des poumons classés par types, dates et versions. J’ai pris moi-même température des statistiques locales. Chaque jour entre cinquante et quatre-vingt-dix corps sont déposés au SAV. La plupart repartiront le soir même. Une dizaine de minute par corps cabossé, voilà comment ça marche. Au-delà on renvoie, irréparable, ou on échange, on rembourse, selon désir de l’enseigne. Tous les corps déposés en attente sont débranchés, déconnectés, sans énergie, n’empêche, dans les couloirs du centre on pourrait croire qu’ils me suivaient des yeux, même si inexistants, et je me suis souvenu mon rêve la veille : quelqu’un, j’ignore qui, pleurait entre mes bras non pas la mort mais la disparition d’une femme qui visiblement lui était chère.

    Ce que j’ai mâché entre deux sièges : des crocodiles multicolores. Dans le reflet de la vitre, qui sait combien d’autres visages à la place du vrai mien. Pas de migraine pourtant mais l’impression que les yeux fondent. Peut-être le genre de dysfonction qui n’existerait pas si je me faisais greffer une face Oled à la place de l’ancienne ?

    Une fois retombé côté sol à Paris m’enfermer dans les wagons bien mécaniques et rassurants des trains de banlieue et de banlieue de banlieue. Très peu de corps à l’intérieur, des vrais, des faux, comment savoir ? J’en ai, je crois, croisé des plus vivants en train d’agoniser dans les couloirs du SAV. D’autres rayonnent, mais c’est forcé : je ne sais plus les distinguer les uns des autres, ce qu’on appelle la réalité flagrante pour moi désormais ne l’est plus.

    Retour back home neuf heures et demi, sur mon bureau mon nouvel oeil tombé de La Poste le matin même, encore dans son colis, prêt à être ouvert, initialisé, testé, mais ce que j’ai dit à H. : « putain », ensuite j’ai mastiqué et j’ai dormi.

  • 120811

    12 août 2011

    Vendredi ville fantôme. Des touristes sur les quais. On me fait ses adieux. J’écris une lettre à E., la deuxième cette semaine. Ça alors, j’ai une correspondance. A-t-on déjà appelé librairie « Dédale » sans le moindre autre mot ? Je me retiens de lui souffler l’idée. Un chinois fermé, l’italien ouvert. Trop gras me dit-on. Trop d’olives et trop d’huile extraite de. Dans mon dos le miroir et ce fantôme de moi. Je sens tout ce qui vibre derrière, autour. Est-on prêt pour demain ? Avons fini lecture de la deuxième partie d’Ulysse. L’incroyable Circé, juste après l’épisode des Bœufs du soleil, incroyable, je reviendrai dessus, oui. Je note la scène clé 1 (l’une des scènes) de Circé : le poing dans la gueule de Stephen, celui d’un militaire, juste avant la fin de la deuxième partie et derrière : Bloom à son chevet et ce qu’il voit : le fantôme de son fils. « A white lambkin peeps out of his waistcoat pocket. » Je me suis souvent retrouvé à écrire, sans le vouloir mais dicté par la main, des scènes de rencontre entre deux types, l’un percutant l’autre avec le pare-brise de sa voiture et l’autre : le visage étalé sur la vitre. Je ne sais pas d’où vient cette image. Je comprends le mouvement de cet Ulysse. Rien à voir avec première lecture, quand j’avais dix-huit ans. Quel gigantisme. Nous partons demain. N’est-ce pas, partons-nous ? J’espère que nous partons. Le ciel se désenclave.

    BLOOM : (Runs to lynch) Can’t you get him away ?
    LYNCH : He likes dialectic, the universal language. Kitty ! (To Bloom) Get him away, you. He won’t listen to me.
    (He drags Kitty away.)
    STEPHEN : (Points) exit Judas. Et laqueo se suspendit.
    BLOOM : (Runs to Stephen) Come along with me now before worse happens. Here’s your stick.
    STEPHEN : Stick, no. Reason. This feast of pure reason.
    CISSY CAFFREY : (Pulling Private Carr) Come on, you’re boosed. He insulted me but I forgive him. (Shouting in his ear) I forgive him for insulting me.
    BLOOM : (Over Stephen’s shoulder) Yes, go. You see he’s incapable.
    PRIVATE CARR : (Breaks loose) I’ll insult him.
    (He rushes towards Stephen, fist outstretched, and strikes him in the face. Stephen totters, collapses, falls, stunned. He lies prone, his face to the sky, his hat rolling to the wall. Bloom follows and picks it up.)
    MAJOR TWEEDY : (Loudly) Carbine in bucket ! Cease fire ! Salute !
    THE RETRIEVER : (Barking furiously) Ute ute ute ute ute ute ute ute.
    THE CROWD : Let him up ! Don’t strike him when he’s down ! Air ! Who ? The soldier hit him. He’s a professor. Is he hurted ? Don’t manhandle him ! He’s fainted !

    James Joyce, Ulysses

  • 220811

    22 août 2011

    Paris, matin même.

    What spectacle confronted them when they, first the host, then the guest, emerged silently, doubly dark, from obscurity by a passage from the rere of the house into the penumbra of the garden ?
    The heaventree of stars hung with humid nightblue fruit.
    With what meditations did Bloom accompany his demonstration to his companion of various constellations ?
    Meditations of evolution increasingly vaster : of the moon invisible in incipient lunation, approaching perigee : of the infinite lattiginous scintillating uncondensed milky way, discernible by daylight by an observer placed at the lower end of a cylindrical vertical shaft 5000 ft deep sunk from the surface towards the centre of the earth : of Sirius (alpha in Canis Maior) 10 lightyears (57,000,000,000,000 miles) distant and in volume 900 times the dimension of our planet : of Arcturus : of the precession of equinoxes : of Orion with belt and sextuple sun theta and nebula in which 100 of our solar systems could be contained : of moribund and of nascent new stars such as Nova in 1901 : of our system plunging towards the constellation of Hercules : of the parallax or parallactic drift of socalled fixed stars, in reality evermoving wanderers from immeasurably remote eons to infinitely remote futures in comparison with which the years, threescore and ten, of allotted human life formed a parenthesis of infinitesimal brevity.

    James Joyce, Ulysses

    Cette planète qui se rapproche, immobile sur la surface de mon écran boulot, n’est ni Mélancholia ni aucune autre, je l’appelle Jupiter. Comment savoir si elle aussi n’ira pas traverser tous mes yeux à une vitesse de 90000 frames par seconde ? Je ne sais pas. Ce que j’en dis, le monocasque enfoncé oreille droite en décrochant : STAT Guillaume bonjour, suivi souvent par cette monosyllabe : etc. En arrivant matin, au quinzième sous-sol du sous-sol d’Opéra, j’ai eu si honte de lire se déployer sur les portes de l’ascenseur la phrase : les nègres puent. Les noms d’enseigne successivement elles me prédisent combien journée (aujourd’hui) sera bonne et je les crois : Bonne journée, Bon appétit et puis Bonne merde. Quant à celle qui m’ignore à ma droite qu’en penser ? Neck neck, je me pose la question du sens. Les mots ils sont écrits au stabylo bientôt les portes sur eux se fermeront, bouffés par la crasse prise en accordéon. Ils lèvent le rideau de fer. C’est la fin des vacances pour tous les fantômes de ces mecs que je me suis surpris à ne plus trop croiser ces deux dernières semaines. Paris reprends ses formes humaines. Celui qui remonte, l’air de ne pas y toucher, le zip de sa braguette coincé dans l’autre zip de sa braguette ouverte. Celui que je connais assez pour lui donner du tu et puis lui dire bonjour mais lui ne me connaît même pas. Celui en short qui s’époumone sans rien parler devant vitrines de ces agences contemporaines qualifiées par certains (mais par moi non jamais) d’immobilières. H., je l’espère, nous ne serons jamais propriétaires de rien, sinon nous-mêmes, et j’espère vivrons-nous toujours à même les courants d’air, à peine de quoi faire buter sur nos silences nos mots, sur nos mots d’autres mots, nos soupirs, oui, oui surtout nos soupirs. Au bas de mon calendrier il est écrit en bon anglais : 131 days left in the year. Savoir comment mutera cette pseudo vraie promesse dans les dix, dans les quinze, les vingt prochaines années futures. Je crois que mon contrat chez STAT prendra fin en même temps. Nous ne sommes que nous deux, à trois ce sera, ce serait différent. Je cherche des doigts les bonnes lettres : les bonnes sur le clavier par cœur. Serons-nous, serions-nous, devriendrons-nous « famille » ? J’effleure les touches pour déverser ma littérature grise. Des questions sans réponse. Je vis toujours sous l’effet de Melancholia puissance dix. Ce que je vois : Charlotte Gainsbourg se retourner. Encore. Moi-même je me retourne. Conversation entre deux sourds, l’un clope aux doigts. Savoir si le mégot altère autant les mots articulés par les phalanges qu’un mec qui parle avec sa gorge et dont le souffle et dont le filtre entre les lèvres et dont les cendres défont la voix. Combien de temps Jupiter seule mettra pour déborder tout contre moi ? Je n’ai le temps de rien, bosser à n’en plus savoir l’heure. Mais j’ai le temps, bien sûr, de voir venir l’instant ici palpable où Ulysse décidera de massacrer tout le monde. Melancholia les prétendants. Ce que je sais : Stephen décline l’invitation de Bloom de passer là la nuit. Sous les étoiles ils pissent. Bientôt tombera l’heure de terminer mon tour du monde de la planète Ulysse. Bientôt Molly trois-cent-cinquante-quatre fois prononcera le mot oui et l’autre non six-cent-quarante 2. Se séparer, oui mais de quoi ? Ce sera non peut-être.

    How did they take leave, one of the other, in separation ?
    Standing perpendicular at the same door and on different sides of its base, the lines of their valedictory arms, meeting at any point and forming any angle less than the sum of two right angles.

    (...)

    Alone, what did Bloom hear ?
    The double reverberation of retreating feet on the heavenborn earth, the double vibration of a jew’s harp in the resonant lane.
    Alone, what did Bloom feel ?
    The cold of interstellar space, thousands of degrees below freezing point or the absolute zero of Fahrenheit, Centigrade or Reaumur : the incipient intimations of proximate dawn.

    Ibidem

  • 011011

    1er octobre 2011

    Je meurs 840 fois de suite à trop vouloir frôler le vide à la cime de Beaubourg, tout ça pour une photo de Paris : une île. Nous croisons, au sommet, des corps (de la viande) emballés sous vide. Avant que notre oeil les oublie s’ouvre une bulle d’air entre la chair et le film plastique. Je regarde de haut en bas les images. Je pense à Jean de l’ours. « Carne, carne ». Nous sommes venus pour l’exposition Munch. J’aime autant mieux me taire devant les toiles, c’est bon prétexte. Les analyses à voix haute des voisins me fatiguent. Le cri n’y est pas. Je viens pour le silence. Je le trouve sur cette toile, L’artiste et son modèle.

    Je vois peu les photos, idem les exterieurs. Moi surtout les chambres. Bancales. Minuscules. À l’échelle malmenée. Plus loin, la salle des cercles, et l’obsession du peintre pour l’oeil malade et ce qu’il lui fait voir, je repense à cette phrase de Larbaud : « Il se peut que l’irrégularité de l’écriture vienne en partie de l’irrégularité du pouls ». J’en reviens toujours à cette phrase. Je retourne voir L’artiste et son modèle. Je prends en photo cette version du Baiser gravée sur bois, mon fantôme en surexposition.

    Nous profitons de l’heure, désertique, pour visiter aussi l’exposition permanente. Je cherche des yeux Francis Bacon, et avant lui son nom. J’ai des pensées abstraites. Il n’y aurait, ici, rien sur La merde. J’essaie d’être concis. Nous rentrons. Au resto proche Louvre, temps d’août X degrés, je commande, médiocre, une fondue savoyarde. Dans le train du retour 4ème épisode de Berlin Alexanderplatz, le podcast. H. s’endort 3. Je traverse, stupéfait, l’été de Philippe de Jonckheere, via son superbe montage Demain sera aujourd’hui, même si tout s’arrête.

    31
  • 051011

    5 octobre 2011

    Encelade chopée

    H. m’attend à la sortie du taf pour que nous traversions, ensemble, l’Octobre plus conforme à notre idée d’octobre. J’apperçois Jean-Paul Rouve quelque part rue de Sèze qui fait plus vieux sur son visage qu’à la télé poudrée. Sur le cimetierre des Halles un grand chien blanc qui tire vers moi cet autre chien, celui qui hurle, et je me dis j’aimerais, juste une fois j’aimerais, le kidnapper pour le promener dehors avec mon ombre, les voir courir. Au Num de nuit cocktail, des nèmes au chocolat. Les larmes aux yeux l’article qui m’explique qu’il neigerait depuis cent millions d’années sur Encelade, satellite de Saturne. C’était pas Sèze, c’était de Caumartin. Je télécharge le Solaris de Tarkovski. Une ombre noire s’effondre sur elle-même, c’est pas un chien c’est un buisson, pas un buisson un homme mais je ne regarde que les chiens.

    J’allais me retourner et je songeai que peut-être l’arbre aurait perdu sa parure ridicule, ces boîtes, cette urine répandue, enfin ce que l’on ne voit jamais au pied des arbres et qui ne peut être que le jeu des gosses ou du rêve. Tout, même, pourrait avoir disparu. Était-il vrai que des philosophes doutassent de l’existence des choses qui sont derrière eux ? Comment surprendre le secret de la disparition des choses ? En se retournant très vite ? Non. Mais plus vite ? Plus vite que tout ? Je tentai un regard derrière moi. J’épiai. Je tournai l’oeil et la tête, prêt à... Non, c’était inutile. Les choses ne sont jamais en défaut. Il faudrait tourner sur soi avec la vitesse d’une hélice d’avion. On s’apercevrait alors que les choses ont disparu, et soi-même avec elles.

    Jean Genet, Pompes funèbres, L’immaginaire, P.43-44.

  • 301111

    30 novembre 2011

    Rien ne ressemble à la nuit. Tout est conforme, rien n’est pareil. La porte est restée grande ouverte comme il l’a laissée. La trappe s’ouvre sur le néant comme une invitation obscène. L’absence de lumière rend le trou plus menaçant que la veille. Quelqu’un aura éteint. On n’y voit goutte, mais celles que l’on entend établissent la hauteur du puits. La barbe en écharpe, Max descend prudemment le long de l’échelle. Des veilleuses éclairent les couloirs au strict minimum. Il y a beaucoup plus de portes que de murs. Toutes sont solidement cadenassées. Sauf une qui ne résiste pas à son coup d’épaule.

    Jean-Jacques Birgé, La corde à linge, Publie.net

    J’étais en retard, ne le suis plus, ai croisé dans les couloirs des fantômes, fantômes faits de la tête au pied et flottent leurs deux yeux noirs au milieu, on suppose, des visages. Ensuite, une fois tassés mes os dans le fauteuil en cuir et déverrouiller quelques dizaines de fois l’écran, voilà la liste des choses qui m’ont été dites par elle, au sud, et vieille et carne, handicapée, malade et cancérigène, téléphoniquement parlant :

    — Vous me prenez pour une conne eh
    — Vous vous jouez de moi
    — Vous vous foutez de ma gueule
    — Et elle qui me fait chier parce que vous
    — Qu’est-ce que vous venez m’emmerder
    — Vous aussi vous êtes bien con
    — Mais viens viens donc viens en banlieue on te cassera les dents
    — Vous êtes un enculé
    — Vous êtes une bande d’enculés
    — Ça vous plaît hein que je parle en beau français.
    — Vous tirez avec une Kalachnikov sur mon cerveau
    — Vous avez le cerveau fermé
    — Vous êtes en train de me mettre dans une boite mais c’est vous qu’il faudrait mettre dans une boite
    — Vous êtes un connard monsieur
    — Un connard
    — Connard connard connard

    J’ai répondu voix haute « non je ne tire pas avec une Kalachnikov sur votre cerveau, madame Machin » et tiens du coup tout l’openspace avec ma voix. Mais je préviens avant, deux fois, de raccrocher, et quand je retrouve mes précieux mètres carré j’allume tout, ferme la porte, monte le chauffage, cherche au noir le pomme lapin, checke le détecteur d’humidité bloqué sur le soixante, pisse, souffle, attend les bras ouverts que H. revienne de son propre périple et bois.

  • La nuit je fabrique des monstres, par Céline Renoux

    2 décembre 2011

    Jonathan Capdevielle dans Jerk, mis en scène par Gisèle Vienne



    Se dit qu’elle a merdé avant même d’avoir commencé, que les mots de Guillaume Vissac encore une fois c’est pas n’importe quoi, en général me scotchent en uppercut and less is more.Pourtant de temps à autre sans crier gare, tu dois frôler quelque chose qui te laisse suffisamment inconsciente ou cinglée pour te porter volontaire le sourire aux lèvres et la fleur au fusil, du genre bonjour c’est moi, j’adore les opérations kamikaze et puis l’adrénaline aussi.Alors pour ne pas faillir au dérèglement qui fait loi, coller à ton désordre, tu as laissé les jours filer plus vite que toi, t’es enroulé dedans en renversant les yeux lorsqu’il t’embrassait, avec toutes ces sensations qui vous traversaient violemment dans l’instant et en accéléré puisque pour le moment tu vis ici et lui là-bas.Jusqu’à l’enchaînement soudain ces dernières heures d’une suite d’incidents en série comme d’étranges téléscopages sous forme de répétitions troublantes d’une histoire à l’autre.Sinon à part ça tu vas leur écrire quoi aux vases communicants, parce-que si tu continues à penser à lui un peu tout le temps maintenant qu’il est rentré, tu peux me dire à quoi ça rime tes intiatives ou tes élans à la con si tout ça se dégonfle comme un ballon.

    Aucune intention de rester planquée ni de faire la morte, petit soldat part au combat sans jamais savoir où il va, sachant seulement qu’il va tomber.Pourtant aucun danger ne guette, juste des mots, rien de grave, de toute façon tu vois ils vivent leur propre vie même sans toi et puis le ridicule ne tue pas jusqu’à preuve du contraire.Ca te rend simplement un peu triste lorsque tu ne trouves pas l’espace ou la plage de temps nécessaire pour t’y réfugier et t’enfermer à double-tour dans ce qui paradoxalement t’apparaît comme une extension nécessaire du territoire.Tenter d’inscrire ce qui manque, ce qui ne parvient pas à se faire entendre ou à faire jour dans le réel, ce qui fait mal et sens à la fois, ce qui résiste aussi.Puisqu’en définitive c’est ce qui se joue ici pour toi, essayer de dire ce qui se dérobe depuis l’enfance, ce qui est là mais en creux, en exil et en rupture, le côté junkie addict sans substance de cette histoire presque blanche à force de consolation impossible à étancher.Alors laisse couler ce que tu ne peux combler pour t’en détourner ensuite, pour oublier ce que tu connais et tracer ailleurs ou simplement continuer.Parce-qu’écrire pour se souvenir ou pour oublier c’est la même tentative de laisser simplement derrière pour s’ouvrir à la transparence.

    La plupart du temps tu te demandes ce que tu fous là lorsque tu te retrouves parmi ces gens qui écrivent vraiment ou tout au moins qui vont au bout du truc et trouvent le souffle, alors que toi tu éprouves toujours quelques difficultés à respirer et pas seulement parce-que tu fumes trop, mais aussi à distinguer ta voix parmi les autres, enchevêtrée dans la cacophonie ambiante.Ce qui fait cohérence aujourd’hui, c’est ce chantier qui a débuté ce matin dans la rue, les hommes sous casque creusent le bitume et c’est l’asphalte, novembre à n’en plus finir, les trottoirs gris et humides encore plus que le bruit, qui te sort par les yeux.Quoi qu’il en soit leurs engins te vrillent les tympans, alors s’isoler côté cour dans la chambre, laisser les enfants déambuler sans toi, s’affaler sur ce grand lit qui dévore presque toute la surface de la pièce et avancer comme sur un fil, juste en roue libre.Tu ne sais pas comment prendre le truc, tu ne sais pas l’apprivoiser et pourtant c’est sans doute la seule chose qui te colle vraiment à la peau, qu’importe l’opacité, tu n’es pas si paumée finalement, juste un peu égarée dans ce qui ressemble ce soir au brouillard, reste plus qu’à le découper en morceaux et tout ça sans couteau.Tu peux encore faire semblant, suggérer à ton corps défendant de rester perméable, maquiller ton intérieur comme une voiture volée, il te restera toujours une arête en travers de la gorge ou un angle saillant sur lequel te cogner si tu prends la tangente.En fait dis-toi que c’est juste un os, un os coincé à l’intérieur, un truc à déterrer, alors va chercher.

    Cette nuit j’ai rêvé d’un bébé prématuré, un qui venait de moi, mais rien vu rentrer, rien vu sortir.D’abord j’ai cru qu’il était mort-né vu le silence pesant qui s’est abattu sur cette salle d’hôpital lorsque j’y suis entré, me suis dit que c’était risqué, que si je le regardais je risquais de le reconnaître ou pire de me mettre à l’aimer sans en avoir le temps, d’être engloutie par cet inconnu, sorte d’alien de sexe masculin ayant trouvé momentanément résidence dans mon ventre, engendré confusément dieu sait comment ni avec qui.J’ai pensé que ça ne tiendrait pas, que les digues allaient se rompre cette fois-ci et laisser s’écouler tout ce torrent sale et dégoulinant de mélancolie, de douleur si tu veux, enfin cette chose échouée quelque part à l’interieur de toi.Les infirmières t’ont dit qu’il était beau ou un truc approchant, enfin ça devait signifier dans leur langue qu’il ne manquait rien d’absolument vital.En tout cas j’y suis allé mais j’ai pas vu les choses comme ça, une gueule de vieux, un regard qui ne te lâche pas et dont tu ne sais pas quoi faire, si ce n’est déclencher en toi l’envie furieuse de le fuir et d’oublier.Une taille d’enfant et des tuyaux un peu partout plantés dans un corps disproportionné pour alimenter ce qui ne fonctionne pas naturellement.Trou noir ensuite, me souviens juste que tu as survécu dans ton genre particulier, qu’on a vraisemblablement taillé la route ensemble, sans l’ombre de la trace d’un retard, non carrément l’inverse, un peu trop d’acuité et toujours ces yeux aiguisés qui ne laissent rien filtrer en apparence mais te donnent l’impression d’être percé à jour.Alors là maintenant je me dis que tout devrait être possible désormais puisque la nuit aussi je fabrique et j’enfante des choses, des créatures hybrides, des petits monstres à la peau dure et à l’oeil vif qui me poursuivent, me renvoient à l’intranquilllité, me laissent trace, m’encombrent, m’accompagnent mais ne m’appartiennent pas.Tu te souviens comme on s’est embrassé dans cette église en oubliant le reste et les autres avant qu’on nous demande de sortir, rien de transgressif, rien de sacré, j’avais juste envie de rire en partant et bien là c’est pareil.

    _________________________



    Tiers Livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.

    Retour chaque premier vendredi du mois des vases communicants, aujourd’hui décembre Céline Renoux est mon invitée (et moi chez elle idem). Merci à elle d’avoir ouvert ici sa dream box et de m’avoir chaleureusement accueilli dans ses cercles : ceux sur ton dos.

    Voilà la liste complète des vases communicants pour décembre 2011 :

     François Bon et Didier da Silva
     Nicolas Bleusher et Dominique Hasselmann
     Cécile Portier et Christopher Sélac
     Samuel Dixneuf-Mocozet et François Bonneau
     Christine Leininger et Wana Toctoumi
     Juliette Mezenc et Jean-Christophe Cros
     Laurent Margantin et Robin Hunzinger
     Chez Jeanne et Brigitte Célérier
     Céline Renoux et Guillaume Vissac
     Camille Philibert-Rossignol et Christine Jeanney
     Ana NB et Benoît Vincent
     G@rp et Michel Brosseau
     Danielle Masson et Jacques Bon
     Justine Neubach et Franck Queyraud
     Louise imagine et Piero Cohen-Hadria
     Carine Perals-pujol et Christophe Sanchez
     Nolwenn Euzen et Christophe Grossi
     L Sarah-Dubas et Ernesto Timor
     Isabelle Pariente-Butterlin et allerarom
     Louise Blau et J.W. Chan
     Danielle Grekoff et J.W. Chan
     Candice Nguyen et Quentin
     Christine Zottele et Xavier Fisselier
     Alain Haye et Eric Dubois

  • 161211

    16 décembre 2011

    Tetsuo (Akira)

    Les brins de pisse des clebs, gelés, scintillent au sol. Joachim souffle. Un arbre est tombé sur la voie. Une tête patiente, pénible au quai, depuis 7h14. Je fais un mail au pouce pour prévenir de mon retard. Je croise un crabe en survet rose. Ses gants sont des tongs.

    J’ai vu hier, sans voir, car zappé, le Ce soir ou jamais daté du 13, dont le débat autour des liseuses numériques avait si peu d’intérêt. Mais je m’amuse d’encore entendre cet argument selon lequel on ne pourrait pas lire correctement en cédant à l’impulsion du zapping. Mais je lis en zappant. En mains le poche d’Hélipolis pendant que crache, entre écouteur L, écouteur R, le Man Machine, approprié, de Kraftwerk ; puis de Jünger à Gordon Lish en passant du papier à l’E-ink de la superbe Cybook Odyssey que m’a offert H. mercredi, et terminer le voyage au cœur de Joachim, train étanche, vitre opaque, en zappant, iPhone sous l’pouce, des Sin-Dni de Laurent Margantin à ce Christophe Tarkos, que m’envoie, bouée dans ma timeline, tout spécialement Lucien Suel. Dans mon présent je lis comme ça ; j’adore. Et je ne parle même pas de Dante entre deux fenêtres Excel ouvertes au taf ; pendant que je construis, à la main, des statistiques qui dans d’autres boites seraient directement extraites par l’IA sans nul besoin de moi, Dante se fait gommer, au front, des P sur les pentes raides du fameux Purgatoire.

    Mais je me retourne. Je le vois dans la rue qui fantôme. L’impression est la même que celle qui tire les coins d’yeux lorsque, dans un film, la petite musique d’ambiance composée pour l’occasion est recouverte puis doublée par une autre, sous des rythmes et des temps dissonants par rapport. L’impression est aussi celle qui fait virer la tête, en soirée, lorsque sous le son des gueules qui causent par brouhaha interposé on reconnaît, extatique, l’air d’une chanson aimée et dont on a l’impression qu’on est bien, élu, seul ici à l’entendre. Ce mec est une image qui me vient de ma tête, double de moi issu de la veille, de l’avant-veille, et qui me dit, avant d’avoir vingt-ans, que jamais lui ne deviendra adulte. Ensuite, me crache dessus, me traite de sale con pour, moi, futur puisque présent, avoir failli à accomplir son rêve. Il se barre en courant. J’aimerais m’allonger là, offert, sur la carrosserie des bagnoles à l’arrêt. J’ai une bouteille, 2009, de Château Limouzin dans ma manche. Mon père, moi gamin, me disait : fais exprès de ne pas le faire. Mon double, en fuite, est toujours là devant moi qui se débat pour se battre, disparaître, en vain. Je lui dirais viens, viens plus prêt que j’puisse te boire. Et je n’ai jamais léché quiconque, sa peau, qui aurait tout contre elle, lui, l’odeur amère de la clope et fumée.

    Souvent, dans ce journal, j’accorde plus d’importance à ce qui, réel, ne s’est jamais produit qu’à ces erreurs du jour, bien fausses, que j’aurais soit disant vécues. J’en fais un leitmotiv.

    Très tôt je me suis senti inapte à ressentir un quelconque enthousiasme : incapable de croire en quoi que ce soit, ou pratiquement ; déçu par avance de la politique ; incrédule face à une culture de jeunes alors que j’étais jeune ; spectateur oisif de la course collective à l’argent et au dénommé succès matériel ; réticent aux vertus de la conduite charitable ou du dépassement de soi ; étranger aux bénéfices de la procréation et aux possibilité de continuité biologique ; étranger également à l’idée d’être dépendant du sport ou d’une quelconque variante du spectacle ; incapable de m’enthousiasmer pour quelque vocation professionnelle ou scientifique irréalisable ; inapte aux arts ou à l’artisanat ; et au travail physique ou manuel ; et à l’intellectuel ; inutile, en résumé, pour le travail en général ; incapable de rêver ; incrédule devant toute option religieuse mais désireux de tenter la première expérience qui s’offrait ; trop timide ou incompétent pour une vie sexuelle enthousiaste ; enfin, dépourvu de toutes ces choses, il ne me resta d’autre solution que de marcher, ce qui permet, mieux que tout, d’avoir l’esprit vide et disponible.

    Sergio Chejfec, Mes deux mondes, Passage du Nord-Ouest, traduction de Claude Murcia, P.55-56.

  • je deux bis

    14 janvier 2012

    This was in the mid-1960s, at Machesney Elementary. I went through a sudden period where I couldn’t read. I mean that I actually could read—my mother knew I could read from when we’d read children’s books together. But for almost two years at Machesney, instead of reading something I’d count the words in it, as though reading was the same as just counting the words. For example, ‘Here came Old Yeller, to save me from the hogs’ would equate to ten words which I would count off from one to ten instead of its being a sentence that made you love Old Yeller in the book even more.

    David Foster Wallace, The Pale King

    Le journal mon labo : j’y jongle avec des dés à coudre, tubes à essai. L’entrée datée du 10, titre « je deux points » (et qui aurait tout aussi bien pu s’intituler « je 2 points » ou « je 2 : » ou que sais-je) avait pour ambition de comptabiliser ce jour comme un jour test (j’aimerais dire quantifier). J’ai tout compté, partout, pour en préparer l’écriture. L’écriture, elle, phase blanche devant l’écran, s’est produite le lendemain, après décoction des notes (papier, iPhone, mentales). Ce truc, que je n’aurais jamais écrit sans lecture parallèle de The Pale King (ou, tout du moins, que je n’aurais jamais écrit ainsi sans elle) m’a tenu raide deux jours. Je me fiche assez de savoir si ce texte est réussi ou pas. Je me penche, après coup, sur l’expérience vécue pendant que mon autre pantin (celui décrit) la vivait. C’est à elle que mes yeux s’attachent.

    Une phrase est vraie, plus que les autres : « toutes les veines de mon crâne en blanche ébullition ». Je deux points ouvre les vannes d’un tout autre niveau de conscience, parfaitement parallèle. Et si je n’ai pas poussé la mécanique du tube jusqu’à compter le nombre de pas nécessaires pour relier tel endroit à tel autre, compter le nombre de mots lus au cours de la journée, ce n’est pas par défaillance technique de ma part : je n’y ai simplement pas pensé. Ce qui m’amène à dériver vers ce pour quoi j’ai commencé à écrire ces quelques notes censées analyser telles autres : je n’ai pas écrit je deux points pour lui-même mais pour m’ouvrir à toutes ces autres caractéristiques que j’ai ensuite, consciemment ou non, exclues du processus. Je veux dire : je n’ai pas raté l’exercice pour n’avoir pas compté le jour même le nombre exact de Chocapics ingérés le matin 4, j’ai raté l’exercice pour n’avoir pas livré la composition exacte de chaque pétale de Chocapic, la liste intégrale des ingrédients, la provenance de chacun, leurs conditions de stockage, d’acheminement jusqu’au Carrefour du coin depuis tel entrepôt, et en amont tel container, telle chaîne de production, telle exploitation et tel cultivateur, telle patte, telle peau, telle tête, et savoir quelle couleur la blouse réglementaire de cette X personne, son nom, son âge, son numéro de sécurité sociale (s’il ou elle en a), son rythme cardiaque, les signes particuliers imprimés noir sur blanc sur le plastique de sa foutue carte d’identité, le nombre de litres de sueur raclée par sa peau ce même jour et tous les autres jours précédent celui-là, le nombre de fois qu’il ou elle a cligné des paupières depuis le levé jusqu’au coucher et jusqu’aux pseudonymes utilisés sur le web ces dix dernières années lors de ses oubliées tentatives de créations d’alter-égo fictifs, soit autant de vies bis qui auraient pu virtuellement se voir vivre mais qui ont, elles aussi, échoué. Idem le volume d’eau utilisé lors de la douche du matin, et la température de l’eau une fois entré en elle, et la température de l’eau une fois le mitigeur baissé, et quel écart de température correspond à quelle info développée sur les ondes, quel titre haché du JT, quelle idée accessoire imprimée sous la tête au hasard, quelle image de quel corps immiscé sans savoir, sans contrôle, sans mon accord et inopinément, dans telle autre partie de mon corps et pour combien de temps. De même ne pas mentionner ni photo ni image ni vision de la nuit, à 17h34 ou à n’importe quel autre heure de ce jour ou d’un autre, mais plaquer plus sèchement tout l’agencement des codes couleur HTML qui se côtoient sur mon panorama et ne pas dire la nuit, l’extirper telle qu’elle se serait écrite dans le blanc LCD de n’importe quel traitement de texte : quel code couleur et quel degré de variation entre le #111111 et le #000000 car on parie bien sûr qu’aucun noir pur ne saurait singer l’ensemble de la nuit telle qu’on se l’imagine. Et qu’en est-il du pouls, de ma respiration ? Combien de pas y a-t-il entre cet Escalator et un autre ? Où tombe le signal de mon badge plaqué sur le portique avant que le portique s’arrache à tout bord de lui-même ? Ne pas simplement mentionner, telles qu’elles, les chansons écoutées durant la marche, dans les couloirs ou dans dehors la rue, mais également (également et surtout !) toutes celles qui ont été zappées par le pouce, sans patience, des dizaines et des autres, situées entre celles, exactes, qu’on a bien citées et écoutées de bout en bout ou bien presque. Idem et quelles paroles de quelles chansons ont été articulées par la bouche, en silence et sans le son, pendant l’écoute et, là encore et surtout, lesquelles de ces mots doux n’ont donc pas été dits, prononcés eux aussi par la bouche et pourquoi : étaient-ils moins beau, moins connus, moins violents que tous ceux dont on connaît effectivement et le sens et le rythme par cœur ? Ou le nombre de mots prononcés, pensés ou bien subis (par minute ou par heure). Ou le nombre de litres de pisse et de merde et de foutre et salive éjaculés du corps du levé au couché. Ou bien combien de portes se sont ouvertes, fermées, devant nos yeux ou bien combien de fois la main les a ouvertes, fermées, se rendre compte qu’aucun de ces chiffres ne sont égaux et pourquoi. Je pourrais continuer, de cette façon et même pire, pendant des heures et plus.

    L’écrire est accessoire. Seules comptent les fameuses veines de mon crâne en blanche ébullition. L’état dans lequel s’est fixé tout mon corps durant quarante-huit heures. Comme Dexter : teeth on edge 5. Attentif à tout et prêt à tout trouver vital. Si l’exercice me sert c’est parce que j’ai pu mettre le doigt sur ce tout là. Je saurai m’en souvenir pour écrire, ailleurs, quelques vrais autres trucs.

  • 200212

    20 février 2012

    Et moi je te cherche
    toi
    ou quiconque est comme toi.
     
    Koop, Le blues des îles de Koop (traduction libre)

    Donné N. rendez-vous là où V. n’était pas venue en août (à la place, s’était retrouvé Nation). M’accoude avec lui café riche. Content, tellement de te voir. C’est rarement truc que je saurais dire. Moi aussi je sais bouffer mes mots. Etre assez peu compréhensible. Parler distinctement des fois ça casse le noeud qu’on a collé au corps. Celui que je traîne partout où mes os claquent les portes et les portiques, celles qu’on balance avec les bras, les coudes, pour pas que nos doigts propres s’accrochent à toutes les tâches issues d’autres peaux que les miennes. Je fais doublon avec le truc d’hier. Et dis à N. : moi je suis pas. J’ai pas besoin d’être présent pour dire ce que je dis, pour faire ce que je fais, penser ce que je pense. J’en ai ma claque de claquer les portiques. Je suis fantôme quand je les claque. Fantôme au taf, fantôme ici devant ma tasse de chaud, fantôme aussi quand j’écoute d’autres voix dans ma tête, fantôme et pire quand j’écris les rares trucs que j’écris et que j’aime, après coup, regarder. Je regarde jamais qui je croise et qui frôle quand froncent autour de moi les couloirs de la ville souterraine. Et à N., je lui parle de mon truc Ulysse, encore toufier d’avoir fait minibuzz sur la Twittline hier (« j’ai doublé mes visites », ce qui veut dire ce que ça veut dire ou un peu moins). Il me parle de son taf. Les silences viennent des tasses. Au fait. Merci pour ton cadeau. Une femme très classe se cure le cul sur son fauteuil de bourge, proche de nous autres. Me demande : c’était bien Dubrovnik ? et lui réponds : presque pas pire que dans ma tête pas nette. Aimerait savoir quel autre truc fictif j’irai trouver à dire le soir venu sur Fuir. Moi je m’invente mes propres trouilles mélancoliques. Pour la toute première fois lui avoue regretter être resté fantôme, fantôme de moi encore, lorsque, bien des années en amont de nous mêmes assis là, je suis resté sans battre un bras devant lui là en larmes, devant cette salle de cours, troisième année je crois, et n’avoir même pas su dire, articuler ou croire qu’il aurait peut-être fallu se barrer de toutes nos traces de pas, et puis aller ailleurs, cogner, parler, l’étreindre. Car comme deux cons nous sommes allés en cours. J’ignore si lui s’en souvient, moi oui. Alors lui dis : mais c’est comme ça, c’est atavique. L’a-t-il oubliée cette fille ? Moi j’ai zappé aucun des corps dont j’ai appris, un jour ou l’autre, par cœur la peau. Ça lui dis pas. Le pense. C’est une posture. J’ai oublié, bien sûr, l’odeur de celle de C., que j’ai jamais connue. Je lui dis moi (je dis trop souvent moi) j’aime surtout les fictifs, les images. Les images.

    Il repart demain pour Sainté. Je paye, tu payes, qui paye ? Peu importe. Me donne quelques nouvelles des autres que moi je lui échange contre des brèves de E. Lui dis même : tu te rends compte, dans une semaine, même jour lundi, serai à Brest face aux lycéens du truc d’Ivoix ? Bien sûr qu’il le sait, car lui ai dit quinze fois au moins. Je lui dis ça : des fois, lisant leurs textes sur blog, je me demande, sérieux, si c’est, ou pas, des trucs que j’ai écrits. Faut que je relise mes propres Peurs primaires.

    Dans le métro derrière nous, pour regagner Châtelet, un X prétend que cette année le premier mai tombe un lundi et le 8 un mardi, « parce que c’est bissextile ». En attendant le wagon lui demande : et toi est-ce que tu vis ? Toute la journée durant, depuis le premier pas dehors, la dernière mordue marche, cette chanson, je l’ai eue dans la tête, dont je traduis ici bas, pour ma timeline, un extrait, qui fait ça :

  • 220312

    22 mars 2012

    On renonçait presque à l’idée qu’il y eût quelque part, plus loin, des rescapés en attente de secours. Les autorités, d’ailleurs, ne s’y étaient pas trompées. Après avoir envoyé un drone sur le théâtre des opérations, elles avaient donné l’ordre aux équipes de sauveteurs de rebrousser chemin, et, en gros, d’aller s’occuper d’autre chose que de remuer inutilement ce qui était devenu un immense cimetière. La ville serait peut-être un jour reconstruite ailleurs. Quant aux ruines, elles seraient déclarées zone interdite et laissées à elles-mêmes, avec leur silence et leurs morts.

    Lutz Bassmann, Les aigles puent, Verdier, p.10

     ont vidé les camps, les bidonvilles, ceux excroissants, posés tout contre les rails de nos trains, lorsqu’on approche la ville de J., depuis Paris, ou lorsqu’on quitte la ville de J., depuis Y. cette fois.
     ont écrasé les cabanes et les huttes et derrière leur passage (qui qu’ils soient ou qui qu’ils puissent être) ne reste que des vertiges d’hier avalés par nos prochaines semaines aux dents longues : des matelas, des palettes, des arrosoirs en plastique et des sandales, des sacs plastiques, des bouteilles en verre ou en plastique, des essaims de paroles bâillonnées, un ou deux ballons de foot, des casseroles et des anoraks, d’autres anoraks, des spatules, des ombres, d’autres ombres, ta pupille et la mienne ignorante, ignorée.
     ne sont plus là ceux qui, et eux non plus ceux qui vivaient ici avant que d’autres ils débarquent et les boutent hors.
     les ont bien boutés hors, ça d’accord, mais jusqu’où ? Et à y bien penser les a-t-on déjà vus, réellement vus, précédemment hier, ces habitants des bidonvilles, ceux qui peuplaient la ville fantôme bâtie sous/sur quelques cabanes en bois, quelques bâches en plastique, y a-t-il déjà eu âme qui vive en ces lieux bord de rails traversés ? Une ou deux fois, peut-être, deux fois cinq ou six gosses, jamais bien plus, sur deux moitiés de terrains, asphalte ou craie, deux fois une cage de chaque côté, pour chaque poteau un fût métal mais non contaminé, un ballon de foot entre tant de leurs orteils, et X fois tant de torses bus nus, soleil d’automne, côtes saillantes encrassées, goal volant peu importe.
     portaient peut-être sur le dos leurs carapaces noires et brillantes et leurs matraques, leurs boucliers, leurs casques, leurs visières, leurs reflets, leurs costumes de cafard prêts à tout pour tout mordre.
     sont sûrement remontés, après l’action, après la déforestation du pirate bidonville, tout près des petits grands buildings en construction tout proche, ici ou là, ceux-là qui mangent à coup de béton le moindre mètre carré d’espace, dans la terre ou la vase, proche des deux lignes, la D et puis la C, proche gare, proche commerces, proche toute commodité, résidence de standing en accession à la (putain mais sic) propriété.

  • Amy Hempel, Les intrus
  • 220512

    22 mai 2012

     
    la sont tormenté li jaian
    qui par orgueil et par bouban
    voudrent par force ou ciel monter
    et touz les diex desheriter.
    .I. en y a qui voult gessir
    a Dÿane et li honnir ;
    icil ot a non Citïus,
    il gist envers, et dedessous
    sor sa poitrine a .I. voltor
    qui le menjue nuit et jor
    le cuer et toute la coraille ;
    ja n’iert que cil torment li faille,
    car quant que li voutors manjue,
    tost est l’entraille recreüe.
     
    Le roman d’Enéas, Supplices des damnés, Livre de poche, Lettres gothiques, p.206-207.
    là sont torturés les géants
    qui dans leur extrême arrogance
    voulurent de force monter au ciel
    et déposséder tous les dieux.
    Il y en a un qui voulut coucher
    avec Diane et la déshonorer ;
    son nom est Tityos,
    il est couché sur le dos,
    et sur sa poitrine est juché un vautour
    qui lui dévore nuit et jour
    le cœur et toutes les entrailles ;
    ce supplice ne prendra jamais fin,
    car tandis que le vautour les dévore,
    ses entrailles repoussent aussitôt.
     
    Le roman d’Enéas, Supplices des damnés, Livre de poche, Lettres gothiques, traduction Aimé Petit, p.206-207.

    En vrai j’ai pris cette photo hier. Ca vaut aussi pour aujourd’hui. Ca vaut aussi pour ces X dernières semaines. J’ai pas cherché à l’avoir, la couleur. J’ai juste pris le ciel est blanc le ciel est blanc cassé dans l’objectif Caméra + de l’iPhone, lui ai plaqué le filtre Clarity, qui a pour fonction de rehausser automatiquement une photo sous-exposée (c’était pas le cas, le ciel est blanc), et voilà ce qu’il me crache, un bleu, ce bleu. Serait-ce en fait un ciel chargé, intensément chargé, de mille litres d’eau de mer, mais caché dans la brume ? Je l’aime bien cette idée. Mais ça n’explique pas pourquoi j’ai l’intime conviction, certaine, que cette chanson de Nina Simone, entendue fortuitement hier, a joué un rôle décisif dans une de mes vies parallèles non vécues. Quelque part dans un monde bis, l’un de mes doubles a vécu par dessus. Comme une passerelle très entre lui et moi. Et si je tire dessus, vais-je me le prendre sur la tronche (voire même la mienne sur lui) ou quoi ? Dehors tout cesse.

    Cerbère is back at the office.

    Je chuchote du Velvet : fais gaffe, le monde est juste là.

    Le dossier postapocalypse, un ajout : au Japon.

  • 290512

    29 mai 2012

    Mais lui, il était déjà vide, il était une coquille d’homme mue par l’automatisme de l’habitude.

    Roberto Arlt, Les sept fous, Belfond, traduction Isabelle et Antoine Berman, P.24

    Avant de partir matin fermer tous les rideaux, les portes, monter les grilles, foutre un drap blanc sous l’eau froide et l’essorer, le suspendre en plein milieu du salon, brancher le ventilo sur 1, mode balayage, remplir la gamelle d’eau fraiche, les deux assiettes de mâche, endives, fenouil, persil, remplir la balle à batonnets et surtout, surtout, pas oublier de fermer les fenêtres car l’un des deux lapins a une trouille bleue de certains bruits venus de la rue comme par exemple le véhicule qui nettoie fort par terre.

    Qu’avait-il fait de sa vie ? Était-ce ou non le moment de se le demander ? Et comment pouvait-il marcher, si son corps pesait soixante-dix kilos ? Ou bien était-il un fantôme, un fantôme qui se souvenait des événements de la terre ?

    P.51

    Quant au corps, c’est pire que toux. Des os, courbatures d’os. Litres d’air en trop dans la gorge et les côtes. Quote part de tant bloqué jusqu’en 2017. Le dossier postapocalypse : à Miami, un cannibale. Comprends pas que le site du Monde y plante un extrait de la vidéosurveillance. Sur l’image de Youtube deux pieds dépassent. Mais c’est le visage que le type a bouffé. 75% d’un visage dit vivant.

  • #rêve 140, listing mental

    31 mai 2012

    1ère livraison (du 23 août au 16 septembre)

    #rêve d’un réseau 100% anonyme où mentionner rien qu’un nom met ce nom en danger. Une seule alternative : l’élevage intensif de pseudonymes.
    23 Août
     
    #rêve de là-bas bosser ailleurs. Eindhoven est nommé. J’y plonge. Les rues sont des cours d’eau. On se déplace à l’oeil. Impressions Bruges.
    24 Août
     
    #rêve d’une invention dingue : le traineau pliable. On range le tout dans un sac noir. La tête du renne dépasse. Où sont pliées les pattes ?
    24 Août
     
    #rêve d’une chambre psy cachée dessous la mienne. Dans l’ascenseur cette vieille folle menace de pisser dans les coins. J’embrasse la porte.
    25 Août
     
    #rêve voir stroboscopismes de la nuit même sans les yeux les voir. Pour s’abriter télécharger son être chez les morts avec la fibre optique.
    26 Août
     
    #rêve de m’en être tenu à ma voix, celle qui déclare à même le mégaphone devant la foule amorphe : j’ai décidé de suivre l’homme-crocodile !
    27 Août
     
    #rêve d’un #17h34 qui se serait perdu un matin avant même le réveil. Je le prends par la main et je le raccompagne à l’heure H, l’instant T.
    27 Août
     
    #rêve la leucémie. Pourquoi faudrait-il se soigner ? Compte les gélules. H. me force à les prendre lèvres à-même la source d’eau bouillante.
    28 Août
     
    #rêve veste rouge en sky rouge remisée -800% du prix de départ. Je la mets sur le dos (craquent les coudes) pour que cette peau soit mienne.
    30 Août
     
    #rêve de faire semblant taper le clavier pour qu’on croit qu’on bosse. Retour aux choses sérieuses : construire un château d’eau haut débit.
    31 Août
     
    #rêve d’une belle distribution d’armes, nom de code FAMASK47, mais surtout efface moi le viseur au laser pour ne rien dessiner dans la nuit.
    1 Sep
     
    #rêve un livre fictif, dans un salon fictif, pour un lecteur fictif, geste fictif d’achat et le Théâtre complet (par Kathy Acker) est à moi.
    2 Sep
     
    #rêve vue satellite là-haut sur Reykjavik et escorter avec les doigts les habitants minus hors de la ville pendant que tombe la mer sur eux.
    3 Sep
     
    #rêve d’Aubry-Hollande-Royal coupant la poire, enfin le fromage, en deux en huit en quatre, fond du rayon laitier, dans un joli supermarché.
    5 Sep
     
    #rêve le vrai nom d’un certain Merlin l’enchanteur. Il s’appellerait en fait "Merlin qui est fou" ou "Merlin qui rend fou" tiens peut-être.
    6 Sep
     
    #rêve d’avoir posé sa question existentielle au bon Merlin qui rend fou : les mots "capuche" & "chapeau" découlent-ils du même ancêtre mot ?
    6 Sep
     
    #rêve le vol des jeux Game Boy appartenant à celle, les stigmates de la chimio de celui. Les larmes franchissent-elles le seuil du combiné ?
    8 Sep
     
    #rêve le salaire des uns et le chiffre des autres. Ô se sentir important ! Garder closes les sutures sur mes lèvres. Je n’en soufflerai mot.
    8 Sep
     
    #rêve de ces pierres tombales, aller les chercher à la source, les ramener jusque chez soi, rouler dessus 4x4 de plusieurs tonnes, souffler.
    10 Sep
     
    #rêve une mutinerie robotique. Lutte des classes 2.0. La mort est au bout du cockpit. Mirage. Les robots sont guidés par quelques ragondins.
    11 Sep
     
    #rêve les réponses d’un certain président (des valises de biffetons racontent les journalistes). Voir s’effeuiller la carapace du politique.
    13 Sep
     
    #rêve paroles, paroles, paroles, et l’ombre qui me plante un canif dans la peau, sans visage, sans nom, sa langue secrète, me parle-t-elle ?
    14 Sep
     
    #rêve s’en aller en plein cours mener le chien (lequel ? Icelui). Jumelles lubriques m’attendent, là-haut, pour une séance de pole-dancing.
    15 Sep
     
    #rêve la plage, tempête sous la mer, des éclairs qui éparpillent la roche, éclats de roche éparpillée, et l’autobus se gare à même le sable.
    15 Sep
     
    #rêve l’animal sur le billard. Anesthésié mais langue dehors. 4000€ le bistouri. Cash ! Exciser sous la peau petits bouillons effervescents.
    16 Sep

    2ème livraison (du 18 septembre au 18 octobre)

    #rêve le futur comme un colloque où l’on étend ses jambes. Innovations technologiques : des châteaux-montgolfière, des 4L numériques, etc...
    18 Sep
     
    #rêve le futur comme l’invasion des tentacules. Elles prennent contrôle des immeubles et greffent aux corps un troisième oeil ! Je témoigne.
    18 Sep
     
    #rêve l’envers du réacteur nucléaire. Voir vibrer le béton, fumer le sarcophage et rapidement foutre le camp, sans sauvegarder ni un regard.
    19 Sep
     
    #rêve aux trois corps, tous "du même côté de la barque". Et même s’ils sont nus entre mes doigts moi ce que j’attrape : leur compte twitter.
    20 Sep
     
    #rêve les pommes dans lesquelles on s’étale. Précédemment : passage au domicile des sbires du Tsar pour présenter condoléances à la famille.
    21 Sep
     
    #rêve la quête d’une valise noire entre deux quais, parmi 807 autres. Les trains s’apprêtent à fondre. La prochaine fois la prendrai rouge.
    22 Sep
     
    #rêve tirer quelques penaltys avec J. Ménez. Autour de nous sont propulsés les corps errants du métro (et sur les murs projection de clips).
    23 Sep
     
    #rêve un cambriolage mexicain. Plus d’iPad, plus d’iPhone, plus de mots. Assassiner le flic corrompu du coin. S’en servir de défouloir. Ouf.
    23 Sep
     
    #rêve ces minutes futures à convertir en minutes présentes. Pour y parvenir, soustraire à ces minutes celles-là, y croire et puis se taire.
    23 Sep
     
    #rêve la peau gouache. Des couches de bleu vert rouge sur le visage, les cheveux. Les arracher par plaques. Les voir. En faire des fétiches.
    24 Sep
     
    #rêve le précog interdit. Aliéné dans une bulle de savon il me ment. Se sauve. Le faire renaître dans une bulle B ? J’en perds le contrôle.
    25 Sep
     
    #rêve une comédie musicale sous terre, décor transports en commun. Lignes embrouillées (des boyaux). Les quais noirs. Mais bon zéro musique.
    26 Sep
     
    #rêve l’écriture comme une forme d’automutilation dorsale. Le sang ronge. Et j’ai gâché mon meilleur T-Shirt. Mais sur la peau quel relief !
    27 Sep
     
    #rêve le seul mot qui terrorise. Pense-le, bois-le, laisse-le pousser en tête : il te rendra chômeur. Pire : assisté. Mais lequel est-ce ?
    28 Sep
     
    #rêve des foules envahissantes. Il est là lui aussi, boit mes liquides. Je les fuis tous. Retrouve l’animal. Celui-là déjà mort, ici vivant.
    29 Sep
     
    #rêve la Cougar vieille carne. Au bord du Spa me plante à l’estomac ses talons. Cherche des ongles, derrière la nuque, mon beau code-barres.
    30 Sep
     
    #rêve une blessure mortelle par balle : GSW to the head. Qui sont les commanditaires ? Fantômes, haut placés. Au-dessus du chef de mon chef.
    30 Sep
     
    #rêve une exécution sommaire. Décor d’hier, bord de route. Un flingue ! Ce flingue à bout portant. Le porte-flingue : un souvenir d’enfance.
    30 Sep
     
    #rêve la livraison à domicile de X litres d’eau puisées Fukushima. Eau si pure qu’elle fait germer des yeux sur les poissons. J’en ai aucun.
    2 Oct
     
    #rêve un nouveau genre de train prochaine génération. Composé de 2 barres parallèles, pas plus : elles dessinent en mouvement le signe égal.
    3 Oct
     
    #rêve ce cadavre en vie tout gris, le tien. Dans les chiottes un flic mort. Zombifié. Où est son pouce levé ? Avec un pic à viande j’y vais.
    4 Oct
     
    #rêve le poids de l’animal, les pattes dans le vide. Le retenir. Ses maîtres savent. Ce qu’ils veulent, qu’il s’écrase. Ils viennent. Tenir.
    4 Oct
     
    #rêve des visites inopinées. Me cache au premier rang à droite pour que le prof m’ignore. Attends au fond de la douche que quelqu’un ouvre.
    5 Oct
     
    #rêve la boite de merde, île paradisiaque. "Ils" complotent contre nous pour que l’on crève. On renverse les chefs. Sans eux restructurons.
    6 Oct
     
    #rêve aux lèvres d’un corps sans père. Je pense : lui fils de rien. Comment traverser la neige, geysers, sur cette comète sans atmosphère ?
    7 Oct
     
    #rêve Pétaouchnok-les-bains. Train (ou car). Lui dans une autre rame que la mienne à me faire signe. Se retrouver à destination ? Laquelle ?
    8 Oct
     
    #rêve de les fumer roulées. On ouvre les valises à la douane. Le tabac déborde. Dans chaque valise une autre, pleine de rouille qui se hume.
    9 Oct
     
    #rêve de partir avec toi, sans raison, là où la mer coule encore. Oublié nos têtes et cartes, tant pis. Aller. Monter dans le dernier train.
    11 Oct
     
    #rêve la boite totalitaire. Ils creusent le tunnel. Les trains coupés pour qu’ils puissent y vomir. Là les AK47 matent la route. On se tait.
    12 Oct
     
    #rêve la voix en morse des blouses blanches du labo. Les codes découpent les codes découpent dedans. Verdict : "un staphylocoque délicieux".
    13 Oct
     
    #rêve un pèquenaud. Chez qui on est ? Quelqu’un d’autre. Il feuillette un album photo et moi je feuillette son dos. J’abandonne. Parle donc.
    14 Oct
     
    #rêve une plage vide et, plus loin, une maison sur la plage. Au jardin des plantes rares capables de nous protéger de ces marrées soudaines.
    15 Oct
     
    #rêve l’analepse. Refaire la fac et la rencontrer elle pour une toute 2e fois. Fondre en larme. Nous avons vécu mais pour quoi ? Des brumes.
    16 Oct
     
    #rêve une poésie mouvante. Ça bouge, couleurs, ça chante. En 3D les mots du texte sont ses pigments. L’auteur s’appelle Quiconque. Le boire.
    18 Oct

    3ème livraison (du 19 octobre au 19 novembre)

    #rêve ou ne #rêve pas les pulsations tachycardes qui remuent sur les murs, ou dans les murs, ou dans ma tête (ou dans la tienne peut-être !)
    19 Oct
     
    #rêve le port du totem comme une poutre sous le plafond du salon. Et que dire du port du Stetson pour soutenir là-haut les voûtes du crâne ?
    19 Oct
     
    #rêve la fameuse fusion du cœur. Des bras mécaniques veulent morceler nos vies. J’ai un fils ou suis le fils de quelqu’un. Je dis : cours !
    20 Oct
     
    #rêve l’homme tronc, sans bras, sans jambe, sans tête. Comment lui prendre le pouls ? À l’embouchure des membres : tachycardes les moignons.
    21 Oct
     
    #rêve 20cm en moins dans le mouvement des pas. Le pied se bloque sur coussin d’air invisible. S’allonger pour que l’air vrille. Tout tangue.
    22 Oct
     
    #rêve l’origine des stades. Des châteaux-forts à l’entrée des villes, poste-frontière. On arrive en gueulant. Sont-ils soldats ou sportifs ?
    23 Oct
     
    #rêve l’Italie noire : comme un corps ébahi. La terre est une couleur, la couleur une carcasse et la carcasse un nom (à porter aux épaules).
    24 Oct
     
    #rêve le dernier Escalator. Pour le sous-sol monter au 32e étage ; tenir avec sa main la main courante. Sur le toit on se tue et on se pend.
    26 Oct
     
    #rêve la lente remontée du fleuve appelé la mer. Les berges gorgent. Je grimpe aux arbres, me fonds en faune & me cache sous le drap du sol.
    27 Oct
     
    #rêve la belle folie furieuse. Et comme dans la chanson et bien "que n’ai-je", "que neige", "que n’ai-je", je me pose toujours la question.
    30 Oct
     
    #rêve de ces dunes, mais à perte de vue ! Rouge le sable sous la plante de nos pieds, blanc le ciel marin qui bouillonne, et qui au milieu ?
    1 Nov
     
    #rêve mon propre petit pacte faustien avec le diablotin du coin. Ce diable est proxénète, il peut me faire surfeur (et il me jette à l’eau).
    1 Nov
     
    #rêve une île unique, entre deux globes, qui n’a pas d’heure, et où l’on oublie tout, mais où l’on oublie quoi, hein ? oui, bonne question.
    2 Nov
     
    #rêve une nouvelle de Faulkner traduite par@madmanclaro. Les mots vieux jeu sont dans des pages, ils n’ont ni bits, ni octet, ni code, rien.
    3 Nov
     
    #rêve la Tamise gorges hautes. L’eau souffle au sommet du phare, les vagues sont en ciment. J’attrape au vol un numéro d’Owni Faux Journal.
    4 Nov
     
    #rêve la migraine carnassière : mesurée 9 sur une échelle allant à 5 ! Les hommes sont devenus des femmes sont devenues des moines soldats !
    4 Nov
     
    #rêve la crise cardiaque en +, on me demande si j’en fait une, de crise, l’écran blanchit, je réponds oui mais j’ai juste pas les mots pour.
    4 Nov
     
    #rêve le fils d’untel leucémique et fantôme. Il arpente les vieux murs et moi de vieilles personnes. On mentionne des ancêtres. Qui pleure ?
    5 Nov
     
    #rêve des amputés manchots voir pousser sur leurs moignons nickel d’autres bras, non des lianes, prêtes à lécher le sol et ramper doucement.
    6 Nov
     
    #rêve les quelques soubresauts du sol, les pieds vissés au vieux ciment. Nous marchons sur le toit du métro ; pire : des Galeries Lafayette.
    7 Nov
     
    #rêve les petites métamorphoses : les mots sont des images, les images des nuages, et les nuages orage(nt). Vaudeville : il pleut, on brûle.
    9 Nov
     
    #rêve l’examen d’école sur petite table bois. Remplissez donc le texte à trous. Vous avez une heure. Last but not least : argot obligatoire.
    10 Nov
     
    #rêve le braquage le plus honnête qui soit. Le type repose l’argent sur le tapis roulant rayon brouette. Je bois du café froid et non moulu.
    10 Nov
     
    #rêve le prix exorbitant des nos spare-parts humaines. Je veux un coude, exige un poignet, cortex, tendon fléchisseur du pouce. Maintenant.
    12 Nov
     
    #rêve les résurrections médiatiques de MAM. Place Bellecour elle arpente et elle mâche (18cm de mousse au sol). Les badauds sont sceptiques.
    13 Nov
     
    #rêve passer cadre et l’augmentation d’salaire. Des tonnes de K€ s’bousculent. Mais vite rejoindre le cancre au fond d’la classe qui bâille.
    15 Nov
     
    #rêve des régurgitations passées traversées en voiture. On passe par la fenêtre à la place dite du marché. Et, spectre, revoilà la phynance.
    16 Nov
     
    #rêve à la va vite un train perdu pour quelque part : par là mettons : et toi et toi (et toi) vous seriez du voyage : avec ou sans vos noms.
    17 Nov
     
    #rêve l’oeil ouvert sur combien d’autres, scellés liés cousus aux commissures sous la paupière. J’y fous les pouces pour la forcer, en vain.
    19 Nov
     
    #rêve aux invasions minuscules. Religieusement une menthe se pointe : elle a un couteau. Peut (même) me couper le pouce. Je l’inhume loin.
    19 Nov
     
    #rêve les guiboles de Marty Mc F. derrière le fameux pare-choc de la fameuse Delorean, son bouchon bouillant de radiateur entre les doigts.
    19 Nov

    4ème livraison (du 20 novembre au 19 décembre)

    #rêve dix-huit personnes entassées là dans le creux d’un ascenseur qui peut en accueillir que trois. Je tombe dans les vapes de la moquette.
    20 Nov
     
    #rêve la (douloureuse) impuissance pénienne d’un certain joueur de foot dont on osera taire, pudiquement, et le nom et l’âge (et le club !).
    21 Nov
     
    #rêve un baudet à la lavande, des papillons duveteux, un alphabet musical, la fin humaine du monde, une Walkyrie à moustache, fondue. Voilà.
    22 Nov
     
    #rêve les quidams construire avec des briques de lait leur propre chez eux. C’est petit mais ça sent fort. On trouve ça beau, presque super.
    23 Nov
     
    #rêve la nuit de #rêve dans un palace étoilé. La baignoire à gros bouillons trône sur le balcon. La mer coule près. Les murs sont en papier.
    23 Nov
     
    #rêve des chantiers maritimes enguirlandés où l’on pourrait courir, aller, se perdre, gueuler dans les paquebots vive ou à mort l’aspartame.
    24 Nov
     
    #rêve une nouvelle forme de croyance, et si possible en rien, non-électrique, non polluante et non-hideuse : attendre bras levés la lumière.
    25 Nov
     
    #rêve un livre papier en carton écrit par un grec sur la Chine, vendu 21 à la caisse. Slogan : n’oubliez rien. Je n’oublie pas mes centimes.
    25 Nov
     
    #rêve des odyssées faites d’eau. Ou sur l’eau. Quoiqu’il en soit les billes roulent sur l’H2. Ou des boules de pétanque ? Oh. Nous pagayons.
    26 Nov
     
    #rêve le web comme une grande flaque et tous nous pagayons. La flaque est une mer d’huile. Les chutes là-bas charmantes. Pagayons pagayons !
    26 Nov
     
    #rêve des jets d’urine plutôt pantagruéliques, en direct live à la télévision couleur m’sieurs dames, Motus au fil des ans a bien changé...
    27 Nov
     
    #rêve le retour en Sarthe. J’y classe des papiers peints. Je lis, à l’envers, des histoires de crassiers, et renoue avec mes racines noires.
    27 Nov
     
    #rêve l’ititéléphonemaison. On fait plonger iti pour déloger la méduse. La méduse nous file la clé. La clé ouvre le coffre du pistolet d’or.
    27 Nov
     
    #rêve le lancer de couteaux crantés sur des ombres. Celle-ci un grand blanc, vise un peu la mâchoire ! Celle-là mon cœur coton tout rond...
    28 Nov
     
    #rêve aux fins du monde sur pellicule. Ici des portails. Là des ombres d’ailleurs. Il manque Dekker, car sur l’écran personne n’a de visage.
    29 Nov
     
    #rêve de nouvelles vacations. Je prends machin entre quatre z’yeux et lui explique la vie. Laquelle ? Celle qui fourmille dans nos poignets.
    30 Nov
     
    #rêve une nuit, hôtel Van Gogh, à 30€ la demi-heure. Entre Queen Bitch, naine, sirène avec une queue ; je ramasse des emballages de Kinders.
    1 Déc
     
    #rêve d’attenter à la vie de la reine (laquelle ? une jeune aux cheveux courts) avec des canons, des espionnes et, ah oui, des subterfuges !
    2 Déc
     
    #rêve une vieille. Et elle a bien le droit de parler aux morts les jours de deuil, moi je dis, c’est mieux, c’est propre et c’est plus sain.
    3 Déc
     
    #rêve l’entrée en Albanie via le rail. La rame s’engouffre après l’Allemagne dans un puits sans fond qui débouche sur le pays des farfadets.
    4 Déc
     
    #rêve un #17h34 en compagnie de celle, Audrey Tautou, qu’on voit dans la pub. Seins nus elle prend tant la lumière que sa peau gravillonne.
    4 Déc
     
    #rêve le dernier bol de pâtes avant le grand départ vers l’ailleurs loin. Le chef me connaît. Il me sert un bol vivant : tout gigote. Tout !
    4 Déc
     
    #rêve l’impasse dite du FN. Elle abrite, secrète, une boite aux lettres sans lettre (ni nom). Nous ignorons sur qui (ou quoi) elle débouche.
    6 Déc
     
    #rêve un épisode inédit de l’inspecteur (sic) Derrick. Sur sa moto il roue arrière vers l’avant-scène du crime. Plonge. Enfonce des briques.
    6 Déc
     
    #rêve un chevalier de la table ronde (lequel ? Erec, mettons) devenu prof d’autodéfense. Pour être en sécurité faudrait plonger vers le sol.
    7 Déc
     
    #rêve l’officiel venu chercher chez l’amant, plus ou moins secret, son lit pneumatique. Compterait l’installer chez lui-même (car il peut) !
    7 Déc
     
    #rêve une course de caisses à savon. On freine avec les pieds. S’ouvre la route, auto, directement sur des milliards de mètres cube de mer !
    8 Déc
     
    #rêve une conversation digitale avec le fameux diablotin du web ; mais mes mots sont hackés, truffés de kikoolol, quoi que je pense ou dise.
    9 Déc
     
    #rêve le lapin s’acoquinant de l’éléphant. Mais s’il s’endort sur lui ? S’il le monte ? Ceux d’Asie ont de petites oreilles, pas les autres.
    10 Déc
     
    #rêve l’ascenseur en rade. L’ascenseur est un monde avec, au cœur et en périphérie, autruches, poneys, lions, loups & cailles. Et barbelés.
    10 Déc
     
    #rêve quelques furets farauds furetant, bien sûr, loin des yeux et des têtes mais sur les crânes et le lobe des oreilles. Ouste les fauves !
    12 Déc
     
    #rêve un remake Chirac - Le Pen, mais les masques sont froids. On voit les fils bercer derrière les nuques, et ils ont des voix de Tatayet.
    13 Déc
     
    #rêve une course-poursuite avec toi, toi & toi (et des nudistes à vélo). Jolie aussi pilosité torse rasée à la tondeuse sur 3mm & qui pique.
    14 Déc
     
    #rêve un labrador ou un colley masqué. Tu lui as greffé sous la joue une lampe torche assez design. "Fiat lux" même dans la nuit des chiens.
    14 Déc
     
    #rêve se retrouver (nous) tous les trois, comme à l’époque. Ma mâchoire est défectueuse, faut la changer. Je décide un embargo sur le sucre.
    14 Déc
     
    #rêve l’antre du corps juste après la victoire. J’enlace le plus cher. Mes bras immenses se bouclent au bleu en passant par chutes le rouge.
    15 Déc
     
    #rêve un entretien d’embauche où moi serais le bourreau. L’oie candidate, en chemise, se pointe. J’oublie en route une question : pourquoi ?
    15 Déc
     
    #rêve de ces sprints sur gomme lisse. Tout crisse, même les porcs & les taons, moutons de mémoire. On enterre, avant l’heure, le patriarche.
    15 Déc
     
    #rêve l’éternelle en r’tard, partir (avec elle) à la découverte de territoires de plateaux, de Cordillères des Andes et de tours enchantées.
    16 Déc
     
    #rêve des requins sages et soumis par la lobotomie. Via le cortex, les lobes, les mollusques, tout contrôler de l’intérieur avec les doigts.
    17 Déc
     
    #rêve un homme gris en carton-pâte, pif géant, qui le trempe rouge dans toutes les béances des cadavres en série, devant lui sanguinolents.
    18 Déc
     
    #rêve, tournoi d’arts martiaux, à la naissance de X gosses, censés être miens, mais qui répondent à d’autres noms et qui sortent d’ailleurs.
    19 Déc

    5ème livraison (du 20 décembre au 21 janvier)

    #rêve un chien sans mutuelle, un lapin blanc mais rouge ; et ce bonhomme qui semble me connaître et à qui je demande depuis quand. Deux ans.
    20 Déc
     
    #rêve un jeune mec aux yeux fixes. Je pose sur ses cheveux rouges un chapeau blanc (et ce avant que la fin du monde fasse fondre nos peaux).
    20 Déc
     
    #rêve se cramponner aux os du plus cher d’entre tous. Quant au reste : monter avec lui une fonderie de peinture blanche et de fûts en inox !
    21 Déc
     
    #rêve un article unique à pondre sur 2666 (ou 7). Deadline : demain 8h08 (c’est-à-dire aujourd’hui). Galopent les aiguilles devant mes yeux.
    22 Déc
     
    #rêve l’escalier géant (un chameau) à balader aux quatre coins du bureau (en carton les bureaux) ; et moi suspendu à son cou, quoi y faire ?
    24 Déc
     
    #rêve la vitesse grave, autoroute contre-sens, et sans DeLorean j’en ai peur. On termine dans le capot d’une Porsche, écran noir, game over.
    24 Déc
     
    #rêve un T-Rex en embuscade. Le décor, intérieur nuit, est une maison de poupées. Un Ken me balance par la fenêtre. Je lui ôte une guibole.
    25 Déc
     
    #rêve un complot contre mes miches. La bagnole termine dans l’canal. Je fais fuir des documents très secrets. Tout le monde ment. Moi idem.
    25 Déc
     
    #rêve une rencontre au pied d’un château fort. La fille m’attend. L’aimerai-je ? Les douves sont en retard. Je les mate arriver sur mon GPS.
    26 Déc
     
    #rêve les pauvres du Parc achetés par le Qatar pour oublier. Débarque Ancelotti. Il ressuscite Makelele, qu’il colle, quasi, latéral gauche.
    28 Déc
     
    #rêve une narration sous le récit cadre. Elle nous raconte l’histoire de cet enturbané, déturbané progressivement (et progressivement mort).
    28 Déc
     
    #rêve une virée vers le Diable. Je l’entends vivre rouge. Je ne crois pas en lui mais suis incapable de prononcer ces mots : je renie Dieu !
    29 Déc
     
    #rêve une déconfiture bancaire. Aucun banquier par la fenêtre mais la mienne remplie de numéros non-conformes. Je serais, moi, non-conforme.
    31 Déc
     
    #rêve l’oubli, la perte ou la disparition du portefeuille crocodile. Horreur : je dois 5.30€ au boulanger en face & je ne dors plus la nuit.
    2 Janv
     
    #rêve celle en tailleur pro, réunion entre nous informelle, qui nous poursuit finalement tous pour viol. Viol ? Oui sur un survêtement bleu.
    3 Janv
     
    #rêve celle, outre-manche & gauche, devenue nègre. Son nom cité tout à la fin. La couverture : photo de Sarko 1er. La reconnaîs à la phrase.
    4 Janv
     
    #rêve une veine qui traverse la peau des orteils à la pointe de mes cheveux. Demander aux passants : suis-je allongé ? Vertige : je le suis.
    4 Janv
     
    #rêve un bébé perdu dans un avion. On se le passe de mains en mains pour le rendre à sa chair. Atterrissage en paradis fiscal. Pourquoi pas.
    5 Janv
     
    #rêve Locminé ce dimanche. Le score : 9 à 4. Savoir pour qui : au-dessus de mes forces. Moi j’vois juste les ombres crever tous les filets.
    5 Janv
     
    #rêve la téléportarion mentale depuis un Polaroïd. Je débarque, dans cet ordre, à Berlin, Hambourg, New-York. Les buildings, pâte à modeler.
    6 Janv
     
    #rêve ma métamorphose en écorce. Homme-tronc je regarde, sans objection, la peau brunir, prête à devenir radeau de gosse pour les ruisseaux.
    6 Janv
     
    #rêve quémander du boulot dans un bureau juridique. C’est municipal, on fait des traductions, les portes sont en carton et on dirait Kafka.
    7 Janv
     
    #rêve un pied dans la photocopieuse passer dans une réalité bis où les corps sont en 3D, le monde un bateau, les maladies vénériennes kaput.
    8 Janv
     
    #rêve un croisement lapin cure-dent, non, lapin hérisson, jamais vraiment lapin mystique, plutôt lapin épic, dur à caresser mais ben noble.
    9 Janv
     
    #rêve un APN la classe ultime, simple feuille de papier, vise l’épure, à seulement 292€95, oui 292€95 ; tactile & cérébral & beau, j’achète.
    10 Janv
     
    #rêve le mec chemise ouverte, prétend connaître Untel, me dit que de moi il est ben fan & m’offre tout son corps en conséquence (je prends).
    11 Janv
     
    #rêve un reboot du groupe Queen, mais qui pour faire la voix ? Moi je chasse, dans les couloirs de l’école, un moustique anormalement maous.
    11 Janv
     
    #rêve le foutu séminaire professionnel. On nous refourgue quelques activités parmi lesquelles la WashDance, peu importe ce que ça peut être.
    12 Janv
     
    #rêve un double ou un clone devenu Stewart, copilote ou imposteur. L’avion décolle ; mon cul vissé sur strapontin je ne vois rien du dehors.
    12 Janv
     
    #rêve un de ces barnums. On s’y jette à deux pour sauver tous les autres. J’abandonne la grenade sous la porte, compte jusqu’à dix. Suspens.
    13 Janv
     
    #rêve la dingue remontée : menés 2-0 gagnent 3-2. Ancelotti fulmine. Le commentateur commente en deutsch. Il prend un carton couleur banane.
    15 Janv
     
    #rêve l’arrêt forcé de la machine à l’intersection dite sac de nœuds. Des têtes & corps de nœuds traversent notre parebrise. Vers où aller ?
    16 Janv
     
    #rêve aux chinois dans les galeries (Lafayette, les galeries). Qu’ils sauvent notre économie. Qu’ils boostent la croissance. Qu’ils vaquent.
    17 Janv
     
    #rêve l’absente. De retour des Indes elle transite par Venise. On se retrouve autour d’un verre kaï. Mangeons ensemble. Kaï veut dire chaud.
    18 Janv
     
    #rêve la vieille route vers le Moy. Ils ont planté aux bords des arbres & des graviers. Lancer une roue dans le vide, le capot roule encore.
    19 Janv
     
    #rêve tafer dans une école maternelle. On me commande traduction d’un conte d’Hoffmann pour les mômes. 18 pages. La couverture est si jaune.
    19 Janv
     
    #rêve le costume du deuil. Des quintes de larmes. Des fantômes qui vous hantent. Il m’emmène en voiture oubliée et j’étouffe. Irai à pieds.
    20 Janv
     
    #rêve rediff d’un film SF en noir et blanc : le héros, illuminé, imagine tout sur un caillou : à la fin il s’enferme pour un ménage à trois.
    22 Janv
     
    #rêve changer l’appart en brocanterie papier. Nous vendons des BD et des vieux trucs. La moitié de l’espace fait office de piscine à lapins.
    22 Janv
     
    #rêve, tombée du ciel, une décapotable quasi jaune. Dans la nuit je décolle. Les flics m’arrêtent. Je ne sais pas comment ouvrir les phares.
    22 Janv
     
    #rêve tomber en rade à Lyon Presqu’île. Je te dis nord, et tu me dis sud, et moi avant le grand visage : fais gaffe à ce qui vient à gauche.
    22 Janv

    6ème livraison (du 24 janvier au 22 février)

    #rêve découvrir après coup être le petit-fils de Mitterrand ; chercher sur les quais sa biographie référence car, non, je ne l’ai pas connu.
    7:15 - 24 Janv 12
     
    #rêve débarquer devant les mômes, simple capes d’histoire dans la caboche. Se demander : pourquoi n’avoir pas juste passé capes de lettres ?
    8:11 - 24 Janv 12
     
    #rêve une meute de loups lâchés sur les fuyards du Titanic. Je porte entre les mains une minusculité, un soupir prêt à mordre, mais contenu.
    8:20 - 25 Janv 12
     
    #rêve courir les couloirs de métro en quête du prochain croche-patte à mâcher, prochain cm carré de ciment à lécher. Je sors déjà la langue.
    8:59 - 25 Janv 12
     
    #rêve devoir assister quasi à mon insu à l’interrogatoire de Maigret ; Maigret de meurtre suspecté. Il craquerait bientôt. Aurait déjà soif.
    8:49 - 26 Janv 12
     
    #rêve celui souhaitant me remplacer et celle voyageant, entre lui et nous, dans sa tête la première. Qui sait si un jour ils se réuniront...
    8:48 - 27 Janv 12
     
    #rêve le neveu du big boss, visitant avec nous le département robotique molle ; le big boss approuvera-t-il son mariage avec une roturière ?
    8:50 - 27 Janv 12
     
    #rêve un retour au lycée par le rail. Je cherche tel corps, sosie de J. Lennon. Il me snobe ; se fout que je vienne du futur pour l’avertir.
    8:55 - 27 Janv 12
     
    #rêve un canard saucissonné & mis au four à X degré. Sous la chaleur le canard fond. Ne restent que la peau, les os & quelques idées neuves.
    13:22 - 28 Janv 12
     
    #rêve le macbook flottant dans la baignoire. Le niveau d’H2O monte. Serpentent à sa surface les arcs électriques & fuite des données brutes.
    11:15 - 29 Janv 12
     
    #rêve shampouiner un soupir dans le fond du lavabo. Ce serait un Kodoma qui gigoterait entre mes doigts, son poil enduit de suie, de pois...
    11:17 - 29 Janv 12
     
    #rêve un stagiaire martyrisé par son maître de stage entre deux rames. Il chiale. Sous son costard, une blouse turquoise de petite écolière.
    7:24 - 30 Janv 12
     
    #rêve un second rôle voulant quitter le train en marche. Le train est un avion. L’avion, un aviron sans aile. Le climax attendu pour en bas.
    8:12 - 30 Janv 12
     
    #rêve descendre le fil d’un ruisseau, torrent, rivière jusqu’à la mer son terme. La cascade. Balancer fringues & backpack. Pierre y plonger.
    8:53 - 31 Janv 12
     
    #rêve une convention (luxe) au Qatar. On nous présente les futurs hits technologiques, parmi lesquels un écran LCD incorporé dans la cornée.
    8:57 - 31 Janv 12
     
    #rêve accompagner la près’ à la guitare et puis niquer les cordes avec mes doigts. On me demande un algorithme pour retranscrire la météo...
    7:20 - 1 Févr 12
     
    #rêve une rencontre avec @ivoix : les jeunes ont préparé un épisode (animé) de Dr Who. Je dois lire des syllabes. Cherche sans fin mon iPad.
    8:49 - 2 Févr 12
     
    #rêve fluo un python domestique. L’ai pas nourri depuis des lustres. Il mange des pommes, des figues & aucune bidoche. Il frôle mes soupirs.
    9:40 - 5 Févr 12
     
    #rêve empiler des cartons sur des boites, des boites sur des palettes & des palettes sur d’autres. Tombe le déluge. Se cacher sous un crâne.
    9:41 - 5 Févr 12
     
    #rêve un certain candidat embrasser son micro. Il est déjà élu (bien) avant le vote. Ses gamins pour la photo ; bientôt la foule les bouffe.
    9:43 - 5 Févr 12
     
    #rêve la pneumonie professionnelle. A plat dos par terre on me compresse côtes & thorax avec des coudes. Pneumonie & pneumatique sont égaux.
    9:45 - 5 Févr 12
     
    #rêve des métaphores culinaires. Tu es curry, fluo de jaune. Et moi saumon, saumon bouilli. Quid de l’accompagnement ? Des litres naufragés.
    7:38 - 7 Févr 12
     
    #rêve quatre jambes dans un parc arbori-colorisé. Il me dit qu’il était ; je lui réponds je suis & nos peaux, près des grilles, se séparent.
    8:10 - 9 Févr 12
     
    #rêve le prochain prochain opus d’un MGS’. Snake est moins vieux, il peut se coucher par terre. Défilent des hordes de casquettes soviettes.
    20:38 - 10 Févr 12
     
    #rêve les bon anniversaire pro. J’me lève. Fous l’camp. Suis pas juste Maigret, premier flic du bureau : je suis le premier flic de France !
    20:40 - 10 Févr 12
     
    #rêve un viol à l’envers. Les os l’agresseur & la peau la victime. Le violeur pleure. Et le violé tape sur les bambous de sa tête (humaine).
    10:08 - 11 Févr 12
     
    #rêve un score perso à 3000K€ (applaudissements des collègues, des jaloux et, gloire, du management). Ma méthode : c’est que je n’en ai pas.
    10:09 - 11 Févr 12
     
    #rêve rouler dans un trou d’eau. Carrosserie fuit, mais à l’envers, inonde les habitacles. Buter sur des troncs & rondins. Bientôt le fond ?
    9:56 - 12 Févr 12
     
    #rêve l’envol sur une route en lacets. Côte et Corse droit devant. L’hélice ne tourne pas. Tu m’étonnes ! Jean-Paul Gaultier, oui, veille...
    8:36 - 14 Févr 12
     
    #rêve être ablé d’une vésicule biliaire (gallbladder, bilevessie en littéral). Le noter sur l’agenda partagé. Mettre un pied devant l’autre.
    7:22 - 15 Févr 12
     
    #rêve coller une crêpe fourrée sur la gueule à Wizman, qui en crève, asphyxié. Je le coupe au cutter (Cellophane) pour qu’il reprenne forme.
    7:27 - 15 Févr 12
     
    #rêve dormir dans un matelas tout autre. Plus près du taf, directement dans l’open space des pauvres. Génial, demain c’est aujourd’hui. Go !
    9:55 - 16 Févr 12
     
    #rêve un éditeur (confidentiel) qui me contacte pour surfer sur un meurtre. Je refuse la rencontre. Me drape en dignité. Surfe sur ma pomme.
    8:54 - 17 Févr 12
     
    #rêve gagner Madagascar via la Floride. Tropical un ouragan menace. Subir 15 contrôles aéroport. Tourner dans une (high-tech) centrifugeuse.
    9:55 - 18 Févr 12
     
    #rêve un enterrement bis. Bientôt comprendre que la morte a déjà été enterrée. On a changé la pierre tombale pour faire comme si (la folie).
    8:13 - 19 Févr 12
     
    #rêve une certaine post-apocalypse où les chiens règnent en maître. Des ruines. Je m’embourbe dans une nuée de larves mouvantes : game over.
    8:36 - 21 Févr 12
     
    #rêve habiter tel manoir en Allemagne. Meublé mais hors temps ; géant mais hanté. Des fantômes de nos doubles prennent des bus dans le hall.
    8:52 - 22 Févr 12
     
    #rêve la marquise à telle heure. Hurlent les gueules en fosse et coule le visage de celle-là ; Merteuil part tenter le casting Secret Story.
    9:04 - 22 Févr 12

    7ème livraison (du 24 février au 27 mars)

    #rêve transformer certains chiffres en d’autres certains chiffres en saloperie de buée. Il fait peut-être froid sous le silence, or moi non.
    8:37 - 24 Févr 12
     
    #rêve aller bosser pour une boite qui fait construire des yachts. Taffer sur un ponton. Hawaï se trouve à Opera ; nous réparons des moteurs.
    9:00 - 26 Févr 12
     
    #rêve une quête au béret. Et coulent et cool les pièces de 2€. J’en chaparde et pas qu’une. Elle, con, me capte. Je mime une erreur. Ballot.
    9:59 - 29 Févr 12
     
    #rêve un mec en morve, toutes tripes dehors, filant mon ombre. Je claque toutes les portes possibles à sa face (mais redondance cyclique)...
    17:05 - 1 Mars 12
     
    #rêve l’indice de recherche monté à 15 étoiles (au moins). Dans un palace les keufs me coursent. Me sauve via le lift & me barre en Porsche.
    17:07 - 1 Mars 12
     
    #rêve deux corps, pieds nus, dans les couloirs du crabe. Je cherche Disneyland sur rail. Un vieux pote de collège me jette à la foule folle.
    17:09 - 1 Mars 12
     
    #rêve des assemblées professionnelles mais post-licenciement. Tire ta gueule et puis enjoy. Des hectolitres de champ’ gavés dans les gorges.
    10:33 - 3 Mars 12
     
    #rêve un colloque de sportifs (où @fbon joue au con). Je tombe en neurasthénie. Le goal m’allonge. Son nom & âme sont idem aux tiens autres.
    10:39 - 3 Mars 12
     
    #rêve une comptabilité hot & des colonnes de chiffres nus & des stats en string & porte-jarretelle aguichant l’oeil du #rêve qui désorbite !
    8:00 - 5 Mars 12
     
    #rêve la 3G au dernier étage : inexistante. Vue sur la cour bien plus bas. Des envies d’yeux collés aux miens mais pas de réseau. Silence...
    8:01 - 5 Mars 12
     
    #rêve, sur des pentes quelconque, carcasses dopées d’Ullrich & Indurain, à la lutte pour des pois. Le fossé veille. Le ciel reflète. Amen...
    8:22 - 6 Mars 12
     
    #rêve remake de la finale de 94 avant la fin de ce monde (le nôtre). Quelques cimes lancent un sort poudre rouge sur le ciel bu. Attendre...
    8:57 - 6 Mars 12
     
    #rêve la poétesse des ascenseurs déclamer à voix haute (gorge lente) son amour immodéré pour les tomates pourries & boudées sur les marchés.
    8:05 - 7 Mars 12
     
    #rêve arracher hors d’une île quelques cercueils : les charger sur une barque en papier, ensuite un paquebot, avant de les confier à la mer.
    8:10 - 9 Mars 12
     
    #rêve l’indisponibilité d’une pièce plus ou moins vitale pour certains. Je l’écris rouge sur blanc et souligne. La date exclamative dessous.
    10:10 - 10 Mars 12
     
    #rêve le grand nord, des dizaines de mots pour dire la neige, on sait, et où un corps qui ne couve pas la glace ne peut être qu’une femme.
    11:57 - 11 Mars 12
     
    #rêve la Chicago en haut à gauche, escale. Cherchons le pauvre corps de chien de nuit, around the block. Comment sont les femmes ? Obèses...
    8:21 - 12 Mars 12
     
    #rêve, sur le dos, un hélicoptère high-tech. Il passe sous les barrières pour éviter l’Schengen newlook. Y coupe quelques mollets mais bon.
    8:04 - 13 Mars 12
     
    #rêve une vie bis, habiter dans un arbre. Jeter un boomerang et gueuler va chercher. Il revient. Lorsqu’il pleut, s’abriter là, en soi-même.
    8:05 - 13 Mars 12
     
    #rêve intervenir dans un collège à Melun. L’un des gamins est en bois, n’a pas de tête ni tronc, juste 2 jambes (mais j’ose trop rien dire).
    8:14 - 13 Mars 12
     
    #rêve des sulfates de sang rouge qui s’écoulent par mes pores. L’autre arrive. S’il me voit dans cet état, m’enfoncera net la tête sous lui.
    8:10 - 14 Mars 12
     
    #rêve un @ivoix bis. Que vais-je bien pouvoir raconter que je n’aurais pas dit la première fois ? Bon ; j’invente alors. On prend des notes.
    8:21 - 14 Mars 12
     
    #rêve atterrir au Brésil, mitrailler l’crash. On nous colle nos numéros de code-barres. Qui sait, pour identifier nos faux futurs cadavres ?
    8:22 - 16 Mars 12
     
    #rêve la ville Venise. voilà comment elle est fichue : par strates (ou tranches). L’Atlantique est à 2 pas. Je crois qu’on se trompe de mer.
    9:45 - 18 Mars 12
     
    #rêve l’ascenseur, il m’avale (os & chair compris), fait le yoyo avec une cage (lui-même) jusqu’à ce que mort (ou presque) enfin s’en suive.
    8:47 - 19 Mars 12
     
    #rêve se trouver dans le sable (terrain vague), à des 7h du mat juste. On trinque au liquide vert. Je ne prends pas de nouvelles du mourant.
    8:50 - 19 Mars 12
     
    #rêve un écran plaqué sur mon adolescence (qui sait ce qui s’y joue figé). On enfile des latex. On happe des épaules & des ballons de rugby.
    7:14 - 20 Mars 12
     
    #rêve une voiture à conduire, blanche & blanche dans un garage. Qu’en faire ? Faut passer les vitesses avec les doigts. Le manche me gonfle.
    7:16 - 21 Mars 12
     
    #rêve un hôtel chicos. On m’appelle pour me dire je t’ai pas oublié (ah mais moi si). Un coiffeur coiffe en servant des pintes à la chaîne.
    7:18 - 21 Mars 12
     
    #rêve passer au kiosque mobile, acheter une feuille spéciale Emaz. La patronne veut savoir ce que je fais au fait. Répondre : je suis poète.
    8:51 - 21 Mars 12
     
    #rêve voter pour tel type T, jour J venu, heure H, instant X, urne U, pupille Z. Pour lui ou n’importe qu’elle autre foutue lettre en toc...
    8:35 - 22 Mars 12
     
    #rêve des marches rouges, un gorille lubrique, et quelques petits nageurs d’eau chlore ayant, avant de plonger, gardé leurs lin chaussettes.
    8:35 - 23 Mars 12
     
    #rêve piétiner sur un sentier alpin posé sur la cime de ces lauzes. Rembobiner aussi pelote d’une avalanche tombée sur nous mais peu avant.
    14:06 - 25 Mars 12
     
    #rêve l’interdiction des Toblerone avant la fin de l’élection présidentielle. Le Pen (lequel ?) nous encourage à battre la droite. La quoi ?
    8:23 - 26 Mars 12
     
    #rêve Merlin. Icelui (re)commande à une princesse (laquelle de princesse ?) de se faire exciser sa boule bleue (qui est en fait une tumeur).
    7:23 - 27 Mars 12

    8ème livraison (du 29 mars au 29 avril)

    #rêve un père en pot de yaourt (même plus petit que celui de la reine). Les passages à niveau sont au rouge, le pont vers ailleurs condamné.
    7:35 - 29 Mars 12
     
    #rêve murmurer la Lettre à Hermione de #Bowie toute lettre dehors pendant que des obèses sans carrosserie me foncent et ne ralentissent pas.
    7:36 - 29 Mars 12
     
    #rêve tomber, par hasard, sur vieux brouillon d’oral d’ @amaisetti, alors étudiant, coincé entre les pages d’un livre sur les hyperboréens.
    8:03 - 29 Mars 12
     
    #rêve l’idole de ma jeunesse pas fraîche reconverti larbin dans le bureau d’à-côté. On dit (on dit) qu’il aurait fait quelques photos osées.
    8:20 - 30 Mars 12
     
    #rêve avoir perdu les derniers mots d’Avec le temps. À 3 & sous la pluie se rassembler pour eux, ces foutus mots qui, encore, s’ensilencent.
    10:42 - 31 Mars 12
     
    #rêve devoir pioncer avec le mort, le vieux, le quasi sac (d’os le sac), son bras squelette autour de moi sans jamais me toucher mais si là.
    8:56 - 2 Avr 12
     
    #rêve une question sur la cuisson des homûres. De quoi ? Peux répondre sur le SAV de la face bionique mais pas la cuisine. Demande à Google.
    8:22 - 3 Avr 12
     
    #rêve une nouvelle fin pour Wonderful Days 8. Ils font collapser les identités numériques de chacun. Un cyclone mord l’Australie. Générique.
    8:10 - 4 Avr 12
     
    #rêve une (autre) start-up. On vend des voitures very small dont le seul but est de contenir des pasta box. On shippe depuis l’ancien monde.
    14:02 - 6 Avr 12
     
    #rêve, sous le sol, une caverne. La caverne est un seuil. Ce seuil nous sépare de la mort. La mort a fait sa mue. Étincellent les écailles !
    21:26 - 7 Avr 12
     
    #rêve avoir harnaché un lit dans un avion booké. Les poignets & les chevilles ligotés pour pas risquer d’être décroché au décollage. Salive.
    21:58 - 9 Avr 12
     
    #rêve toute la nuit durant celui qui attend attendre toute la nuit durant un cœur liquide autre que le mien liquide à l’ombre de la nuit...
    8:21 - 10 Avr 12
     
    #rêve une ville fantôme. Pourquoi ne pas y cultiver des tomates-citrouilles ? Je prends le large : destination l’espace à bord d’un planeur.
    8:22 - 12 Avr 12
     
    #rêve quelqu’un (quiconque) accouchant là d’un cubecarré. Farandole de clodos est guidée hors de chez moi par le joueur de flûte de Hamelin.
    11:19 - 14 Avr 12
     
    #rêve des "bedding for deer". Des moustaches. Des réunions dessous le sol. Des remake dynamiques. Des boules vertes, des boules bleues. Etc.
    8:56 - 16 Avr 12
     
    #rêve un Zola écrit par un autre. Ça raconte l’histoire d’un X qui lit Z et raconte le pendant la lecture ; on fait des sauts dans le temps.
    8:21 - 17 Avr 12
     
    #rêve acculée bouche de chameau et flaque de pisse textile. Un sac Eastpack, des fermetures éclair. De la bouffe. Un autre repas de famille.
    8:35 - 18 Avr 12
     
    #rêve GEnove, s’y perdre. J’appelle @amboilati (qui connaît bien la carte) pour m’orienter. L’hôtel me facture 10 nuits (de luxe) extatique.
    8:58 - 19 Avr 12
     
    #rêve une bouteille vide, glacée, sur tapis tiède, poils longs, et les filets de sueur, fractales, ils avalent le sol sec, qui lui se gorge.
    8:18 - 20 Avr 12
     
    #rêve un Titanic en 3D projeté sur la peau. Dans cette version Jack force Rose à le suivre proue pour un viol en relief. King of the world !
    10:16 - 21 Avr 12
     
    #rêve tel X me chuchotant dernier rang : @joeycomeau est cool, est beau, est canadien, vas-y. Ce à quoi je réponds quelques paroles muettes.
    10:18 - 21 Avr 12
     
    #rêve un bras télescopique de 370km d’envergure nommé NUAGE™. Capable en 12s de ravitailler en vol une ISS de la taille d’un œuf de caille.
    10:22 - 21 Avr 12
     
    #rêve remuer tout Rio pour trouver la décharge. La ville est une métropolis. On se déplace via Google Street. Débouchons dans une boucherie.
    8:56 - 22 Avr 12
     
    #rêve des chimies verglaçantes. Mais si l’on colle sous nos semelles des pneus, des roues & des billes : à force, gardera-t-on l’équilibre ?
    8:08 - 23 Avr 12
     
    #rêve remplacer l’élection présidentielle (la fameuse) par un combat jedi ! L’un des deux cons a deux sabres (de couleurs quasi identiques).
    8:22 - 24 Avr 12
     
    #rêve des corps coincés entre des troncs & tôles. Y a un chien sur le siège arrière qui soupire. Et un singe (quelque part) qui vadrouille.
    7:44 - 25 Avr 12
     
    #rêve visiter un appart arnaque, Paris 3ème (mais donnant sur les Alpes). Le loyer ? Donné. Toutes charges comprises. Moutons sur la coline.
    9:31 - 26 Avr 12
     
    #rêve deux plages côte à côte à côtes, simple trait de la main dans le sable pour tracer la frontière. La nuit les eaux l’effacent et rient.
    8:35 - 27 Avr 12
     
    #rêve dégobiller serpents, écailles, épines & pire et puis, les voyant là sur le sol, les choper sous la tête, tous crocs ouverts, ksssssss.
    13:07 - 28 Avr 12
     
    #rêve faire demi-tour & remonter dans l’avion, aller où se posera le train d’atterrissage, première destination irréfléchie, fuir est une...
    10:16 - 29 Avr 12

    9ème livraison (du 30 avril au 30 mai)

    #rêve des fonds marins marchables : on a posé au sol des lauzes pour indiquer la voie. Rencontre avec un requin nain autour duquel flancher.
    Réduire
    8:00 - 30 Avr 12
     
    #rêve un perdu de vue, perdu jadis. Je compte 1 ou 2cm de barbe, et sur son dos des fringues noires (mais vivantes) qui me jactent des mots.
    Réduire
    8:54 - 2 Mai 12
     
    #rêve des langues de corbeaux enfoncées dans nos gorges. Sans déconner elles enflent avec l’âge. Des tumeurs molles. Coincent quand j’ouvre.
    Réduire
    9:00 - 4 Mai 12
     
    #rêve un serpent caché sous la doublure (un qui fait ksssss). Il jute en l’air, a la forme d’une flèche signalétique (une qui fait kssssss).
    10:46 - 6 Mai 12
     
    #rêve écrire la novélisation d’un film où l’un des types de la pègre débarque, tire (takatakatakata) & nomme un sbire à la place d’un autre.
    10:48 - 6 Mai 12
     
    #rêve un film. Dans la case genre est écrit : FUSION NUCLÉAIRE. Un clowntumeur dit You’re terminated & un autre YOU’re terminated. Ambiance.
    7:55 - 7 Mai 12
     
    #rêve un autre film. C’est un Tintin 3D mais bis. J’dis aux ombres : j’ai détesté. Du genre Dada mais pire. Plus Dada que Tintin d’ailleurs.
    8:04 - 7 Mai 12
     
    #rêve des cimes non enneigées. Dégainer l’Instagram. Là-bas un quadrupède attaque Soupir. La pharmacie me dit c’est le contrecoup mon p’tit.
    7:58 - 9 Mai 12
     
    #rêve courir sur un tapis roulant courir. Courir en face à face avec l’écran (lequel ? Qu’en sais-je ?) courir. Courir sans jambes courir...
    8:20 - 10 Mai 12
     
    #rêve un score 2-1 (Arsenal - Barca) remonté 2-8 à la fin ! Je m’enduis le corps d’une crème cadavre pour passer pour mort. Comment l’ôter ?
    8:21 - 11 Mai 12
     
    #rêve une visite d’appart (le nôtre), de nuit, toutes portes closes. La voix de l’agence vend vite nos m². Où est l’hublot caché ? Ailleurs.
    8:54 - 11 Mai 12
     
    #rêve danser au bar avec quiconque sur un inconnu Guesch Patti. Les paroles disent que des bonshommes poireautent et que ce sont des pandas.
    8:35 - 13 Mai 12
     
    #rêve un nouveau genre de sport très con. Surfer le Pacifique & enfouir dans les plages meubles des balles de base-ball pour marquer. Super.
    7:04 - 14 Mai 12
     
    #rêve fréquenter un labo clandestin de drogues dures. Il jouxte un vieux manoir (hanté). On y vend des pilules de décapitation ; des vraies.
    7:05 - 14 Mai 12
     
    #rêve étudier l’invention des armes. Prototype entre mes doigts : fusil à pompe canon scié pour une seule main qui crache de la mie de pain.
    8:19 - 15 Mai 12
     
    #rêve inventer, voir & mettre au point des knee caps, peu importe à quoi ça sert & quelle gueule ça a. Toujours est-il : c’est en plastique.
    8:21 - 15 Mai 12
     
    #rêve poser réclamation auprès de l’arbitre. Le fichier s’automutile, je réécris. L’arrière droit m’a traité d’enculé, j’écris, sans excuse.
    8:53 - 15 Mai 12
     
    #rêve celle qu’est con, plus con que con, escaladant l’ardoise, le toit des immeubles. Elle s’enferme, cantatrice, chante la messe en latin.
    8:46 - 16 Mai 12
     
    #rêve le plus cher d’entre tous, tous os offerts, pour une X raison. Mais le refuse, pour une X raison, et lui parle en anglais sans accent.
    8:46 - 16 Mai 12
     
    #rêve un nouveau genre de 17h34 génétiquement modifié. Tactile suffit d’un doigt pour foutre des formes 3D pires que vraies. Ici une méduse.
    8:48 - 18 Mai 12
     
    #rêve sire big boss tenant nos jambes à tous pour qu’on daigne enfin mater sa pub. Il cause marketing et voitures de sport. Il cause encore.
    8:51 - 18 Mai 12
     
    #rêve jouer avec @amaisetti Accident de personne http://bit.ly/eb2XcF à la pétanque. On y gagne (ou on y perd) des mânes de mes accidentés.
    13:20 - 19 Mai 12
     
    #rêve un échange de personnes en Allemagne. Mais si moi je rejoins ici des corps bis, qui derrière moi prendra ma place osseuse ? Suspens...
    11:49 - 20 Mai 12
     
    #rêve le temps de la vengeance post-mortem : tenons en joue un hélico qui nous a buté dans l’épisode précédent : allier ou pas faudra tirer.
    8:55 - 21 Mai 12
     
    #rêve un soupir, non, un hérisson, non, un écureuil malade pendant que l’eau des pâtes avale les pâtes dedans. Quelqu’un mâche un mâletéton.
    8:46 - 23 Mai 12
     
    #rêve une veuve noire. Elle veut tuer Woody. Lequel l’attend devant la porte de chez lui, avec un couteau. Elle le lui plante au front. Fin.
    8:21 - 24 Mai 12
     
    #rêve le retour en sélection d’un des 2 frères De Boer. Scrutons depuis le cap Tuilerie venir le monde. Pour dépanner les orange (dit-il).
    8:21 - 25 Mai 12
     
    #rêve des compte-rendus mot à mot, colorés au Stabylo. Chaque couleur correspond à un jour ou bien pair ou impair. Les remettre à quiconque.
    11:58 - 27 Mai 12
     
    #rêve remonter le temps pour te prévenir & t’encourager à le finir quand tu l’étrangleras avec ta ceinture (car c’est ton futur meurtrier).
    8:54 - 30 Mai 12
     
    #rêve perdre encore la vis de l’oeil. Alors l’enfouir dans une boite en plastoc sous tableau de bord et demander ton scotch pour la sceller.
    8:58 - 30 Mai 12
  • 190612

    19 juin 2012

    Je croise les types, c’est rare d’en voir un qui soit prêt à être sauvé.

    Arnaud Maïsetti, où que je sois encore..., Publie.net

    Il est revenu le type, celui du 11, le marmoneur de trucs indélébiles. Aujourd’hui le comprends. Ce qu’il demande, avec la main, les yeux, c’est juste du crédit.

    La tête, comme un nuage de Nyctalus leisleri, plane encore sur la tête et l’oeil droit tout le matin. L’assomme via la chimie.

    Terminé bis où que je sois encore... Et je relis rarement un livre. Ai repensé et tout du long à Mes deux mondes de Sergio Chejfec, d’autres ombres seules parmi les ombres et deux saules émaciés jetés sous d’autres pas que les leurs. Ai repensé, aussi, avec celui qui compte les éclairs, à 79 Carrés Nuit Blancs de Jean Gilbert, une autre insomnie mais carrée (l’image ci-dessus en est extraite). Ces trois, y revenir.

  • 060712

    6 juillet 2012

    Cette portion de route est dangereuse. Signalée comme
    telle : série de silhouettes noires en rappel des tués. On
    vient d’en dépasser trois, trois figures groupées. Deux
    grandes, une petite.
    Bien sûr c’est affreux de penser à ces gens, morts là,
    brutalement. Affreux de penser au scandale de leur
    vie arrêtée, à l’injure faite à leur corps par la tôle. Ces
    gens sont morts, et c’est bien triste. Mais surtout ce qui
    méduse : voir ainsi matérialisé le lieu de la mort. Savoir
    qu’ils sont morts à cet endroit, précisément où est fichée
    leur effigie de carton. On a tellement l’habitude que les
    morts soient signalés à l’endroit où ils reposent, qu’il
    est terrible de les voir rappelés à l’endroit où ils sont
    devenus. Voilà, devant soi (alors qu’on est en pleine vie,
    en pleine vitesse), la mort traitée comme un événement,
    et non plus seulement comme une absence. La mort
    qui rencontre. Et l’horreur que ce serait si l’idée était
    généralisée, si partout où quelqu’un meurt, quelle
    qu’en soit la raison, il était signalé. Rapidement l’espace
    serait saturé, invivable, envahi de spectres.

    Cécile Portier, Contact, Publie.net

    La version papier de Contact, Déplacements Seuil, achetée par H. il y a X ans au salon, on a déjà dû la mettre en carton quelque part, et ce carton sous un autre carton silencieux en attendant de quitter définitivement nos quelques mètres cubes. La date n’est pas encore fixée. Quant à l’image des spectres, l’appliquer à quelques horizons SF, chacun des spectres un hologramme que quiconque pourrait choisir, ou pas, d’afficher, via filtre on / off foutu dans notre humeur vitrée. La question est : pourrait-on aussi pirater ces spectres comme nous pourrions, par exemple, pirater d’autres versions humaines (et vivantes) de nos contemporains ?

    Retrouvé H. au Lacoste pendant la pluie biblique. Suffit d’appuyer sur une touche pour que l’appareillage du parapluie déploie le polyester. Les rues, boulevards, vite gorgées. Après la rue Saint-Honoré partagerons, nouée, une grosse mozzarella burrata au Presto Fresco. Plus loin, en gare de C., quelqu’un a déversé quelques soupes de poisson entre les rails poisseux.

  • #Ulysse 1%

    8 juillet 2012

    Moment venu de jeter dans le rétro (au moins) un oeil. Me suis lancé il y a cinq mois (déjà cinq mois) dans ce projet de traduction par jour de l’Ulysse de James Joyce. Évidemment, on y est dedans pour des années maintenant. Et j’y suis jusqu’aux coudes, une fois juste par semaine, le dimanche, Joyce et Stephen et Bloom mes compagnons d’écriture pour un temps (même super long), c’est exaltant. Jeter dans le rétro un oeil pour deux choses. D’abord, avons franchi le cap fatidique du pourcent récemment (en réalité, dans l’écriture, le passage du pourcent, c’est le 6 mai dernier, je parle ici de la mise en ligne, décalée forcément) ce qui, en métaphore automobile, correspondrait au premier tour de course d’un grand prix de F1. Pour ça que je compile, ci-joint, le passage correspondant aux Ulysse cent-vingt-deux à cent-cinquante trois (soit un mois de publications jour par jour) : depuis l’air de la Fergus Song chantonné par Buck Mulligan jusqu’au terme de la rêverie funeste de Stephen (à la suite de cet air, il traverse le fantôme de sa mère, morte, jusqu’au fatidique et capital « laisse-moi tranquille » à la fin du passage). Redistribuer le texte en paragraphe me permet également de tester la lisibilité du truc en version, disons, dense. Pour l’occasion, toutes les notes ont sauté. Voilà pour la première chose. La seconde, c’est que je réfléchis de plus en plus à l’idée d’exporter l’Ulysse sur un Spip dédié (actuellement cantonné à la rubrique 29 de Fuir). Me permettrait notamment de mieux utiliser des tags dédiés (or actuellement les tags sont communs au site principal), par exemple en indiquant chaque personnage, lieu géographique, grande thématique traversé. Je creuse.

    Ne te détourne plus pour méditer
    L’amer mystère de l’amour
    Car Fergus commande aux chars d’airain.

    L’ombre des branches plane en silence sur l’aube, s’élève depuis les escaliers jusqu’au loin large où Dedalus se perd. Contre rivage & au-delà : l’écume de l’eau miroir maculée par le pas vif de quelques plantes pressées. Sein blanc de la mer vague. Les clones accents, deux par deux. Deux doigts s’accrochent aux corps de harpe, fusion des clones accords. Vaguécume & mots mêlés scintillent sous la marée amère.

    Un cumulus commence à boire, doucement, totalement, l’oeil solaire & zèbre toute la baie de vert bouteille. Elle est là, contre lui : un bol plein d’H2O amère. La Fergus song : je la chantais tout seul à la maison & dans les graves tenais tous les moroses accords. Sa porte ouverte : elle voulait ouïr ma voix. En silence & stupeur, pitié, j’ai marché jusqu’au lit. Sur ce lit de misère, elle pleurait. À cause, Stephen, de ces mots là : l’amer mystère de l’amour.

    Où désormais ? Ses secrets : vieux éventails à plumes, carnets de bal parés, gorgés de musc, un collier d’ambres billes dans son tiroir fermé. Une volière pendue à la fenêtre sud de la maison quand elle était gamine. Jadis, elle allait voir le vieux Royce chanter Turko le terrible & elle riait avec les autres lorsqu’il chantait :

    I’m the boy
    le garçon qui a le don
    d’invisibilité.

    Bonheur fantôme, fané sous l’étoffe, parfumémusc.

    Ne te détourne plus pour méditer.

    Fanés sous l’étoffe de la mémoire avec ses jeux, ses souvenirs mitraillent son crâne parlant. Un verre d’eau tiré au robinet juste avant l’heure des sacrements. Une pomme creuse farcie de sucre roux mise à rôtir au micro-ondes, dans les bas fonds d’un soir d’automne. Dix ongles teints en rouge, celui du sang des lentes broyées à même le 100% coton des gosses.

    Sous un rêve, sans un mot, elle s’était faufilée jusqu’à lui, son corps moisi, moulé dans brune sa robe de morte, odeurs de cire de bois de rose & son haleine, tout contre lui, avait mué en secrets sons, odeur mais vague de cendres moites.

    Ses deux yeux fixes défiguraient la mort pour tordre & convulser mon âme. Contre moi seul. Le ciergespectre balaye son râle, lumière fantôme sous sa tête torturée. Rauque sa gorge (horrible tas de ferraille) pendant que tous priaient sur les rotules. Ses yeux sur moi pour m’achever. Liliata rutilantium te confessorum turma circumdet : iubilantium te virginum chorus excipiat.

    Sale goule ! Masticatrice de corps !

    Non, Mère ! Laisse-moi tranquille & vivre.

  • 040812

    4 août 2012

    Et maintenant ?
    Maintenant, il se sentait comme un héros damné et frappé d’hubris, qui avait tenté de voyager dans le temps et l’espace afin de pouvoir contempler son propre futur. Il s’était lancé dans une entreprise pareille, mettant au défi le destin et les dieux. Le prix de cette arrogance avait été élevé. Son vaisseau avait heurté de plein fouet son futur et, dans l’explosion qui en avait résulté, ce dernier fut détruit et tout le monde à bord périt – sauf lui. Lui seul fut sauvé et renvoyé sur Terre où il allait devoir vivre les jours qui lui restaient en sachant qu’il n’avait plus aucun avenir.

    Steve Tesich, Karoo, Monsieur Toussaint-Louverture, traduction Anne Wicke

    Parler de Karoo sans adjectif. Surtout n’en faire aucune chronique, ni au sortir du texte, c’est-à-dire maintenant, ni plus tard. Aucune chronique m’a jamais fait comprendre, au juste, pourquoi j’ai jamais eu envie de relire Les détectives sauvages, Mantra et pourquoi ces lectures ont pesé. Pas important de savoir pourquoi je l’ai lu et d’où il vient, qui l’a écrit, publié. Traduit. L’Ulysse de Saul est Saul (et ce Saul est un Faust). Mais cette phrase est chronique. Me permet pas de me mettre au seuil de l’épiderme. Et chaque bouquin avec lequel je joue (le jeu), une fois terminé ou bien sur le point de presque l’être, oui, ça m’attriste d’en envisager, subir ou retranscrire l’image du point final (ce n’est donc pas crucial). Je m’en fous du nombre de pages (de quoi ?) ou de l’année de publication originale. Tout le contraire des bribes de phrases, celles restées là, celles comme « entre son dentier » ou les X occurrences du mot « baiser », ce en et hors contexte qu’importe. Sais plus au juste où j’ai écrit ces mots : « tout s’exhausse ». Un simple contrôle F du crâne me permettrait de retrouver mais m’abstiendrai. Et une « initiation à l’envers » c’est rien de moins qu’une initiation à l’endroit, mais ratée. Voilà Karoo. Et le fait est que, oui, tout s’exhausse : dans cet extrait ci-joint comme dans cette scène, partie 1, New York, où Saul va suivre le fantôme de son père, qui est aussi un calque de son fantôme futur, qui est aussi tortue. Ou à genoux devant celle (sa mère) dont il nous dit qu’elle l’est, mais quatre-vingt-dix fois (au moins) et entre parenthèses. C’est des détails. Saurai pas dire où est, quelle est la moelle. Au sortir du texte, c’est-à-dire maintenant, suis même incapable, sans reprendre lecture au hasard des chapitres, de dire juste si Karoo est écrit à la première, à la troisième personne ou quoi. M’en remettre aux mots ne m’aide pas : je sais dire ni pourquoi ni comment ni surtout j’ai aimé, trop pauvre, ni ce qui pèse ni quand. J’admets ma plus complète et sèche incapacité à dire et (soulagement) toute mon incompétence.

  • 160912

    16 septembre 2012

    Yvonne and the Consul were alone on the flying balcony.
    From where they stood the house seemed situated half-way up a cliff rising steeply from the valley stretched out below them. Leaning round they saw the town itself, built as on top of this cliff, overhanging them. The clubs of flying machines waved silently over the roofs, their motions like gesticulations of pain. But the cries and music of the fair reached them at this moment clearly. Far away the Consul made out a green corner, the golf course, with little figures working their way round the side of the cliff, crawling... Golfing scorpions. The Consul remembered the card in his pocket, and apparently he had made a movement towards Yvonne, desiring to tell her about it, to say something tender to her concerning it, to turn her towards him, to kiss her. Then he realized that without another drink shame for this morning would prevent his looking in her eyes. "What do you think, Yvonne," he said, "with your astronomical mind—" Could it be he, talking to her like this, on an occasion like this ! Surely not, it was a dream. He was pointing up at the town.
    "—With your astronomical mind," he repeated, but no, he had not said it : "doesn’t all that revolving and plunging up there somehow suggest to you the voyaging of unseen planets, of unknown moons hurtling backwards ?" He had said nothing.

    (...)

    "Haven’t you got any tenderness or love left for me at all ?" Yvonne asked suddenly, almost piteously, turning round on him, and he thought : Yes, I do love you, I have all the love in the world left for you, only that love seems so far away from me and so strange too, for it is as though I could almost hear it, a droning or a weeping, but far, far away, and a sad lost sound, it might be either approaching or receding, I can’t tell which.

    Malcolm Lowry, Under the Volcano

    La dernière fois que je vois Y. Là-bas attendre pendant une heure deux gusses qui viennent pour emporter un meuble, le dernier. Assis par terre dans des murs vides en lisant UtV, et tout résonne dans ces pièces blanches. Le parquet craque. Hier avons frôlé combien de gigantesques blocs de verre avec dessus, en lettres fières, la trademark Natixis, craque, et c’est ces trucs qu’il faudrait plastiquer, je te jure, ou bien vider pour que les sans murs s’y foutent, vivent. Mais je préfère le plastique. Comme je préfère vérifier, avant le début du truc, jeudi soir à la soirée DFW, que la traduction de ce micro-chapitre est bien conforme à la mienne, gratuite, amateure, donnée quelques mois plus tôt, sauf qu’en lisant la vraie, l’officielle, celle de Charles Recoursé, bien sûr, je me souviens juste que je m’en souviens plus, de mon texte, et que je peux pas comparer, sauf bien sûr pour les tits, que j’ai sortis tétés, non, nichons, pour lui des seins, mais à part ça, non, peux pas voir if it fits, ce qui m’amène à me souvenir de l’expression drums on his own ribcage, de DFW encore, très certainement Infinite Jest, j’ai oublié le nom du héros, enfin du tennisman, ado, drums on his own ribcage, ribcage, la cage, la thoracique, un mot empli, je sais pas trop, d’une certaine profondeur, qui réveille des échos, mais pas le nom du tennisman, celui qui drums on his own ribcage, tout comme moi, ça reviendra, ça reviendra, ça résonne.

  • 021012

    2 octobre 2012

    Seymour Mayne, Quinze sonnets d’un mot par vers, Retors.net, traduction Sabine Huynh

    L’impression d’être catapulté dans mon propre corps (pas agréable). Quelqu’un, quelque part, me plante des aiguilles vaudou dans les doigts, bout de chaque. Tétanisé devant chaque jour identique à la veille. Comment faut faire pour que rien soit identique ? Mais lecture des sonnets en un mot de Seymour Mayne : qu’est-ce que c’est beau. Veux conserver l’élan de pouvoir dire, à voix haute, derrière mes propres têtes et nuques, pour H., qui me regarde, ou pas, par-dessus mon épaule, cette phrase, qu’est-ce que c’est beau. Après on ferme l’iPad avec la lumière éteinte et puis des doigts qui brûlent qu’on coupe avec les dents jusqu’à ce que les yeux tombent. J’essaye de mettre, même mentalement, toutes ces douleurs, impressions, quotidiennes, dans ///, les reverser là-dedans, tout mettre, tout dire, tout retranscrire dedans, comme un sismographe, que ça y vive et que ça serve à ça, serve à quelque chose, m’obsède, m’obsède, c’est tout.

  • 031012

    3 octobre 2012

    Démasqué par le déblaiement, surgi des décombres, immobile et debout, un être fantomal, qui n’était pas Stéphen, fixait sur elle ses yeux cadavériques. Son costume était d’une blancheur aveuglante. Ses cheveux roux le coiffaient d’ardentes frisures. Ses prunelles vertes, voilées par la mort enchâssaient dans le marbre blanc de sa face deux émeraudes éteintes. Sa petite barbiche bifide, ses moustaches et ses sourcils relevés singulièrement lui donnaient un air méphistophélique. Il était droit comme un I. Des améthystes brillaient aux bagues de ses mains. Et il écartait les bras, comme pour défendre que l’on touchât au compagnon qu’il recouvrait.

    Maurice Renard, Les mains d’Orlac, Publie.net

    Presque plus de gélules blanches mais assez de gélules rouges pour simuler des blanches (pour faire une blanche gober deux rouges), et, à un autre niveau, assez de gélules vertes pour tenir, à ce rythme, trois ou quatre ans, peut-être plus (H. me dit qu’il se rase, un peu, et, l’entendant, je repense systématiquement à la phrase « Je n’ai jamais compris comment un homme taille sa barbe » d’Amy Hempel dans, je crois, The Uninvited, car je revois souvent plusieurs phrases d’Amy Hempel, des que j’ai traduites, et qui reviennent, comme ça, prennent possession de quelque chose et s’immiscent, ouais, s’immiscent, je saurais pas mieux dire, et surtout cette phrase là, c’est vrai, « Je n’ai jamais compris comment un homme taille sa barbe », ainsi qu’une autre sur les chiens guides, je la revois généralement dans l’ascenseur d’Auber, plus maintenant, je sais plus exactement laquelle c’est, là maintenant ça marche pas, faudrait reprendre l’ascenseur d’Auber, celui dont les portes disent, tag en noir, marqueur mat, « Afrika go home », ou quelque chose comme ça, sauf que je prends plus cet ascenseur depuis des semaines), puis je jette, non-ouvert, le retour de manuscrit Coup de tête de POL, emballé dans une enveloppe plastique comme le sont, dans les films, les séries, les romans policiers, les pièces à conviction. Le fous dans la jaune pour qu’au moins ça resserve.

    Paris, ville où on se cogne (note pour moi-même : le changer en Dubrov, ville où on se cogne, dans le cadre de la grande fictionnalisation des choses pour ///). Dans le wagon, contre mes omoplates des omoplates turquoises. Quelqu’un, les mains de quelqu’un (les mains d’Orlac ?), en double peau latex, les attrapent à pleines paumes, y tirent. Pose l’Odyssey sur l’épaule de quelqu’un. Support. Marcher, ici, sur Paris, sous la pluie d’octobre, dans les tempes le Morning passages, soir, et avancer les semelles fondues aux mêmes semelles du sol ; dessous, le reflet envers des flaques, identiques à moi-même, calcule personne, avance, le Morning passages tatoué de partout sur chaque chose. Les yeux raclant le parterre, incapables de rien voir, et quand traversent quelque chose de filamenteux, c’est pas une toile d’araignée comme dans les souterrains de nos onze-douze ans c’est juste des cheveux d’autrui, on y entre et on y sort comme les rideaux tue-mouches, entre les pièces, dans une bien vieille maison en pierre. Et le soir, n’avoir rien d’autre à dire à quiconque que l’ascenseur il pue le vieux et aussi dire un rêve dans lequel des visages sans visages vomissent leur propre gueule faute d’avoir et goûté et léché la sève de pin qui suinte blanche du sommier. Garder aussi, en tête, l’image d’une pile gorgée mercure, entrailles bardées de barbelées, pour ce truc BNF qu’il faudra bien que j’écrive.


  • ↑ 1 

    L’épisode est fondé sur une expérience personnelle de Joyce, dit le professeur Jones. Peu après avoir fait la connaissance de Nora, Joyce aborda au parc de St. Stephen (« Ceci est mon parc ») une fille accompagnée, il ne l’avait pas vu, d’un jeune qui, ainsi qu’il adviendra à Stephen, le mit par terre d’un coup de poing. Et un Juif présumé qui passait par là nommé Alfred H. Hunter, que sa femme cocufiait, d’après la vox populi, joua les bons samaritains et vint au secours du jeune Joyce. Pendant des années l’embryon d’Ulysse demeura à l’état de nouvelle jamais écrite qui aurait eu Hunter comme protagoniste.

    Julián Ríos, Chez Ulysse, Tristram, traduction par Albert Bensoussan et Geneviève Duchêne, P.202.

    ↑ 2 Note du 27/08/11 : en réalité ces statistiques valent pour l’ensemble du texte, et non simplement le monologue de Molly.

    ↑ 3 Lapsus clavier : H. s’en dort.

    ↑ 4 Faute d’y avoir pensé sur le moment, c’est le compte du jour suivant, soit le 11, qui a servi de chiffre de référence pour l’écriture du 10.

    ↑ 5 Une fois la nuit venue, et ce que je deux points ne dit pas ni suggère, j’avais le pouls si dense et les yeux si grands ouverts que j’ai bien mis des heures (non pas des heures mais presque) à pouvoir m’endormir. Dans cet état, blanc sur noir, ouvert à tout et shooté à rien d’autre qu’à moi, je me suis dit c’est grand.