T’as déjà vendu tous ces Féroce ?, me demande H. me voyant préparer mes colis mais non. Ce ne sont pas des vendus. Il y a des envois gratuits pour de la presse venante (du moins, l’espoir est là), et des dépôts libraires, soit un peu le livre de Schrödinger : tant qu’ils ne sont pas vendus, et surtout tant qu’on ne sait pas s’ils le sont, ils peuvent être en même temps potentiellement vendus et invendus. Après avoir posté mes colis, me voilà à faire ma petite tournée rennaise des librairies indés que j’aimerais pouvoir dire amies. Et, contre toute attente, me voilà avec deux dépôts à la Nuit des temps et chez Comment dire. Pour ça (envoi des colis postaux et tournée citadine), j’ai dû m’en remettre à l’énergie carnée, je veux dire carbonée. Je trouve à mon retour un mail de mon éditrice m’informant que les droits des livres d’Amy Hempel arrivant à échéance, il n’est pas dit que la maison souhaite les conserver, compte tenu de la faiblesse de ses ventes. Je ne peux pas dire que je ne m’attendais pas à ce genre de nouvelle et je n’accuse pas le coup. Ne devrais-je pas accuser le coup ? Si ma matinée féroce s’était mal passée, ç’aurait été le cas, et même la goutte d’eau, mais là non. Nulle goutte. L’une des rares choses que j’ai apprises en écrivant : quels que soient les couacs et les aléas de la vie d’un texte une fois passé dans les rouages de la machine éditoriale, on n’écrit jamais pour rien. On peut travailler pour rien (parce que le livre ne se fait pas pour X raisons, parce que personne ne consent à te verser, sinon un salaire, du moins une rétribution, etc.) mais écrire c’est avant tout pour soi. Et en.