Pour retrouver le fil chronologique évoquant le projet Accident de personne suffit de remonter les archives et voir qu’en gros l’idée vient en mai 2009, note datée de ce jour-là disant « Création Fichier Accident de personne & écriture premier fragment » et se rendre compte, en remontant les archives encore, que trois jours plus tôt un accident de personne, justement, frappait matin entre gare de V. et V., ça ne s’invente pas, et ce jour-là arriver au bureau avec quasi deux heures de retard (c’est noté ça aussi). Ensuite un an et demi quasiment de notes clandestines, c’est à dire de tous les instants, prises directement sur le vif, c’est à dire sur les quais. J’ai réservé le mois de novembre pour faire la promo du truc et mettre en place, organiser et éparpiller tous ces fragments. Au bout du processus c’est plus de 160 fragments qui ont été conservés, prêts à être lâchés à heure fixe (7h, 9h, 12h, 18h et 20h chaque jour) du 1er décembre (aujourd’hui) au 31 minuit.

Ce projet est pour moi terminé : je l’ai rentré dans la machine qu’est TweetDeck et c’est la machine elle-même qui balancera les twitts pré-enregistrés aux heures prévues. S’agissant de la progression du virus qu’est l’accident de personne, le projet et l’incident lui-même, se sera aux suivreurs d’en décider, c’est à dire les followers Twitter et Facebook : les lecteurs eux-mêmes pris directement dans le flux. Le projet commence donc ce jour, et voici les cinq premiers fragments qui ont été, sont actuellement ou seront propulsés aujourd’hui, tels qu’ils apparaissent sur mon fichier dit « Calendrier », c’est à dire avec l’heure prévue d’affichage et leur numéro chronologique d’écriture :

7h - 1
combien d’empreintes digitales avant les miennes sur le bouton d’ouverture des portes ? & combien dont les corps sont déjà morts depuis ?

9h - 180
il collectionne les rognures d’ongles trouvées dans le métro : il en aurait des raisons de se jeter sous les rails, plus que moi toujours

12h - 134
se noyer : mourir volontairement ou non par immersion / se fondre, disparaître dans un tout / perdre pied, se laisser submerger

18h - 135
quand la nuit tombe, quand les trains fusent, mes tripes s’enroulent : je suis malade de vouloir l’être

20h - 97
on a tagué au sol des flèches pour savoir où : pour savoir où sauter

Je rappelle que pour suivre ce projet délimité dans le temps, pas besoin spécifiquement d’avoir un compte Twitter : suffit pour ça de se fier au flux RSS du compte ou tout simplement de se rendre sur la page consacrée au projet. De la même façon, une fan page Facebook a été ouverte, directement synchronisée sur le compte Twitter, les accidents de personnes peuvent donc aussi déferler sur Facebook. Reste maintenant à voir comment l’accident de personne va se comporter dans le flux, savoir s’il va voyager d’un compte à l’autre et se diffuser à travers ceux qui suivent. Ce sera mon rôle maintenant que tout est déjà écrit : spectateur.