Lui à gauche met le doigt sur mon signe astrologique. Je me lève à 3h43 du matin pour étrangler des cadavres mais ne reçois ce lundi aucun mail en provenance de Chongqing pour m’expliquer ce qu’il s’y est vécu en une semaine. Le vent m’arrache des écailles, quelques écailles de moi. Deux étrangères aux accents d’est me demandent leur chemin (et moi en deux mots, en trois mots, ces lieux je les leur jette : le Starbucks, la place Vendôme). La capuche du sweatshirt comme en fac hors la veste. De retour à la nuit, au soir, lâcher à H. et merde, Patrocle est mort. Des fois se dire qu’on est au fond rien que l’auteur de son propre journal, et comme je serais heureux si c’était vraiment le cas. En écoutant, par hasard, filer la chanson It’s no game, deuxième version, en entendre simultanément la première, et quelle idée géniale d’avoir foutu au même endroit les deux versions diamétralement mais diamétralement opposée, et se dire que c’est ce genre d’effet que j’aimerais retrouver, à mon niveau bien sûr, dans ce projet vies //, dont l’écriture hier encore de quelques fausses esquisses m’a enfoncé au fond du gouffre de la mésestime de soi et de l’insatisfaction grave, ouais, big time. En passant noter cette germe 1 de phrase, arrachée à Faulkner, pour ça que je suis venu, pour qu’on puisse, oh la salive, se marier.

L’aube point : la lumière du jour, cet instant gris et solitaire pendant lequel les oiseaux s’essaient doucement au réveil. L’air qu’on respire est comme l’eau d’une source. Il respire profondément, lentement, se sentant lui-même, à chaque respiration, dilué dans la grisaille neutre, assimilé à cette quiétude, à cette solitude qui n’ont jamais connu la rage ni le désespoir. « C’est tout ce que je voulais, pense-t-il avec un étonnement tranquille et lent. C’est tout, depuis trente ans. Ce n’était pas demander beaucoup il me semble, en trente ans. »

William Faulkner, Lumière d’août in Œuvres romanesques II, traduction M.-E. Coindreau revue par André Bleikasten, Bibliothèque de la Pléiade, P.246.


lundi 17 octobre 2011 - samedi 13 janvier 2024




↑ 1 J’écris cette germe, pensant d’abord écrire cette gerbe, lapsus clavier, puis je le laisse, inattention, à la relecture je le trouve, ce coquillage, et je m’en satisfais, alors je laisse l’image, trompe le genre et conserve le mot.

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Article publié Article 131223 GV il y a 16 heures
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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)