Nous devons aller vraiment très mal pour nous fourvoyer pareillement et penser que tous les autres, du simple fait d’être « autres », sont invulnérables.

Sylvia Plath, Journaux, Janvier 1956, Gallimard Quarto, traduction Christine Savinel et Audrey van de Sandt, P.944

Au bureau mon bureau il déborde de papelards : j’ai pas classé mes merdes depuis le zéro six août. Faudrait : que j’arrête de me bouffer le pouce et même les autres doigts sans trop voir jusqu’au sang (Bétadine ter). H. me croit pas mais gamin on disait gaffe aux mantes religieuses, z’ont un couteau elles peuvent te couper le pouce. Mais je respire. J’éponge avec un kleen. Trouve qu’on manque tous, au fond de nous-mêmes, de mots d’une seule syllabe rien qu’une. J’aimerais être plus calme. Limpide. Compréhensible ouais. Naïf croyais que déménager me ferait devenir quelque autre. Quelqu’un d’autre. Mais j’ai le même visage qu’hier, les yeux, l’en.

Je pense à un truc, un 17h34 audio. Chaque jour, même heure, à 17h34, enregistrer pendant soixante secondes le bruit aux alentours de moi-même et puis le poster. J’arrêterai jamais le 17h34. Je vais pas en plus le doubler d’autre chose. Qu’un autre mec s’y mette, cette fois.

M’efforce encore, hors journal, de surtout pas écrire avec ma voix, la mienne. D’où, par ex, ce truc /// dit en vers justifiés. D’où tout le reste. Et si ça tenait qu’à moi, y aurait plus que ça, ce truc ///, et puis point barre. Ulysse.