J’ai compté : ça fait deux semaines que je n’ai pas mis les pieds dehors, ce qui signifie que je les ai mis, bien sûr, ces pieds, dehors, mais deux semaines que je n’ai vu personne, ça c’est vrai, H. mis à part, deux semaines que je n’ai pas croisé autrui ni ne me suis senti obligé d’entamer avec lui (avec elle) une quelconque autre conversation.

« En société » (et qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ?) je me fais l’effet d’être une chauve-souris prise dans les phares d’une bagnole, regrettant évidemment ma cave, et me demandant aussi si je suis du genre à boire du sang. Ceci expliquant cela voilà aussi pourquoi passé un certain laps de temps (variable en fonction de) ma propre tête de chauve-souris décroche et décrète avoir atteint le seuil maximum de tolérance à autrui, ce qui veut dire que je m’échappe, hors du faisceau, hors des phares, et que bien sûr je démissionne.

Depuis deux semaines (soit grosso modo depuis cette soirée avec N., V. et M.) j’ai trouvé un équilibre d’écriture, une sorte de planning mental capable d’assigner les mêmes heures aux mêmes textes, les mêmes moments aux mêmes langues et j’avance comme je dois avancer. C’est (aussi) l’une des raisons de mon retour en cave. À côté de ça, mon moi parallèle, celui qui parfois traverse des corps autres que le sien, ne vit plus, pas même une seule seconde. (C’est en réalité une bonne chose.)