Informations d’importance aujourd’hui : mort de Napoléon il y a deux siècles. Melinda Gates et Bill se séparent. Claude Chirac se présente aux départementales en Corrèze : sera-t-elle sous la bannière LR ou sans étiquette ? Si l’on en croit les réseaux, voilà ce qui intéresse les gens. Moi, je me demande juste dans quelle mesure les préposé-es aux écritures des résumés secs d’Electre sont orientés dans leur propos sur le livre. Réduire un texte à une ou deux phrases, c’est tout sauf simple, et le plus souvent c’est réussi. C’est tellement réussi qu’on réalise très bien combien la plupart de ces livres sont, sinon ratés (il ne m’appartient pas de le dire sans les avoir lus, je peux dire simplement que le désir n’y est pas), du moins déjà artificiels. Ce qui est étonnant (ou pas, finalement), c’est de se dire qu’à force d’user de noms de personnages tous plus clairs et blancs les uns que les autres (au sens de transparence voire d’atonie mais aussi, bien sûr, d’entre soi et de couleur de peau), comme par exemple Paul et Cléo, ces livres paraissent plus artificiels que si leurs personnages s’étaient appelés Oukaze Onagre et Verjolaine Caskapointe, ce qui est une performance en soi. On trouve parfois des choses amusantes, par exemple tel livre de Leïla Slimani, moquée sur les réseaux et dépeinte comme bourgeoise autocentrée (le plus étrange étant que les autres écrivains bourgeois autocentrés, qui dénoncent parfois l’autocentrisme bourgeois de leurs concurents dans les médias, mais c’est encore une autre histoire, ne soient eux pas moqués de la même manière mais enfin il en faudrait beaucoup pour nous surprendre à présent), que l’on retrouve sous la forme À l’occasion d’une nuit blanche à la pointe de la Douane, à Venise, l’auteure réfléchit à sa personne. Idem ce livre récent d’Emmanuel Carrère : Un auteur commence à écrire un livre faisant l’apologie du yoga. Mais son désir de sérénité est mis à mal par les mensonges et les trahisons ainsi que par la misère du monde. Y a-t-il de l’ironie dans ce résumé, une forme de distance ? C’est quand même préoccupant : on ne sait plus distinguer la parodie du premier degré. Car s’il avait fallu écrire un résumé de Yoga moquant Yoga, même sans le lire ou l’avoir lu, c’est probablement ce que tout un chacun aurait écrit. Ceci étant : quand on branche des écouteurs dans un téléphone en charge et qu’on les met sans rien écouter, on entend le ronronnement de la charge, donc quelque part le vide en train de se remplir.