Combien de temps faut-il pour assimiler le fait que nous ne sommes plus hier et pas encore demain ? Là, H. me dit : je ne t’ai jamais entendu dire autant Fonzy en une seule journée puis, au sujet de quelqu’un qui est mort et bien mort : peut-on être mal mort ?. Google sait lire en moi comme dans un livre ouvert : Nouveau film avec Thimothée Chalamet ! À quoi passer le premier jour de 2020 ? Faut-il déboucher le siphon de l’évier ? Ou relancer un éditeur pour du fric d’une autre décennie ? (...)

On dirait que le givre s’immisce entre la ville et nous mais non, c’est une illusion d’optique. Le sol est blanc, blanchi. Le froid est doux et les regards des autres. Tous les autres. Marchaient comme des fantômes, un peu. Au fond, les gens s’habituent très vite à une situation donnée : que cette situation implique de ne pouvoir utiliser les transports en commun qu’aux heures de pointe sur les grandes lignes ou d’ingérer 250g de plastique par an, et d’en faire son beurre. Je pensais à ça (...)

Pourquoi avoir noté ce que j’ai ensuite effacé ? Pourquoi noter quoi que ce soit ? J’ai envie de dire : pourquoi lire Batman en noir et blanc ? Pourquoi le saumon fumé plafonne-t-il à D au nutriscore ? Pourquoi manger des trucs fumés ? Pourquoi mentir sciemment à quelqu’un, par écrit qui plus est ? Pourquoi faire quoi que ce soit ? Où enfin trouver une sauce soja sans gluten ni GMS ? Entière, elle coûte deux balles à Monoprix, soit le prix qu’on peux te la facturer pour quelques (...)

Le monde de Numenéra est complexe. C’est un empilement de strates civisationnelles parfois incohérentes, puisque déconnectées les unes des autres. C’est un monde à l’orée de nos mondes, et de tous ceux qui viendront après nous. Des sociétés ont prospéré, puis se sont effondrées (selon le mot à la mode du moment) avant de laisser place à d’autres, et ainsi de suite. On trouve donc dans cet univers des objets, des reliques perdues dans le temps, qu’on ne sait pas toujours comprendre, ni (...)

À Monoprix, le raisin blanc est sans pépins et il vient du Pérou. Il ne me reste que 7 Go de libre sur le Mac. Combien dans mon esprit ? Combien coûtent les panais ? Pas affichés. À l’échelle d’une vie, combien de temps passons-nous à attendre qu’un écran de chargement charge ? Si l’écran en question était un animal, quel autre sentiment pourrait naître à la lecture de cette phrase ? Qui est ou a été Henri Chopin ? Quand me vient l’envie d’écouter à fond Roland Kayn, c’est ce que je fais. (...)

Que penses-tu du prénom Renardine ? C’est pour une fille. Je note dans un carnet ledit prénom, pour un personnage à venir qui sait. Peut-être LS ? Sans doute pas LS. T. et H. me font leurs retours quasiment en même temps sur le premier chapitre test que je leur ai envoyé et, parce que c’est de ça dont j’ai besoin, je regarde surtout le négatif en eux. Souvent, je suis d’accord. Moi aussi, je trouve que le texte est trop bavard, et qu’il y a trop de choses. Il faudrait resserrer un peu. (...)

En terme de luminosité pure, entre 7h30 et 8h30 du matin, il y a un gouffre. Ce gouffre sait passer à travers les stores. Entre M le maudit et Andreï Roublev aussi, il y a un gouffre. Un gouffre de technicité (travelings, représentations de la végétation, reflets dans l’eau, animation du second plan au loin, ellipses). Et quand on commence à s’ennuyer dans un recueil de nouvelles, ça vaut toujours le coup de sauter à la dernière. Dans Black Light de Kimberly King Parsons, on arrive à ce (...)

Quand j’écris quelque part l’expression notre époque tourmentée, qu’est-ce que ça signifie exactement ? Ce n’est pas de la littérature. C’est une espèce de discours proto-marketing qui ne sert à rien d’autre qu’à meubler. Il n’y a pas de message, il n’y a pas de contenu. C’est de la graphie pure. Des formes imprimées sur une feuille, des pixels répandus de façon ordonnée sur un écran. Presqu’une parole, pas de l’écrit, bien que ce soit écrit pourtant. On est tous confrontés à ce type de (...)

Chaque jour à la même heure, les queues rousses se retrouvent à l’arrière de la maison dans le jardin, dit ma mère, qui lit Nietzsche (mais uniquement quand elle cuisine), puis discutent. C’est plus leur jardin que le nôtre. Je ne vois pas les queues rousses. Je vois les génisses dans le pré proche, ainsi que la pancarte carpodromme de Boisset et une coulée de lave préhistorique datant d’il y a six millions d’années. J’ai écrit l’an dernier sur cette activité volcanique pour Chiasma, je (...)

Bonne gueule : la mode masculine en toute transparence. Je ne comprends ni les NFT ni la danse sur glace. Ni pourquoi on a renommé les favoris en marque-pages. Snoop Dog, à présent, il ressemble à Stan Lee. Je suis peut-être prêt, deux ans et demi plus tard, à relire les rushs de Chiasma. J’en viens à me dire : ça ne fait rien si rien ne tend à être un livre. Du moment que moi je m’amuse à écrire. Lucie Désaubliaux 1 : C’est un acte engagé que de décider de ne pas écrire un livre. Cocteau (...)