Avant de préparer en secret mon bagage, j’ai entendu pleurer au jardin. Je quittais mon bureau à la recherche d’un animal, chaton perdu dans les ronces et les prêles, aussitôt le cri disparaissait. Alors qu’une bête grinçait de façon intermittente dans la nuit qui venait sans surprise, alors que Virginia assise sur un coin de la table de la cuisine rattrapait du courrier en retard sans attention pour les pleurs de la bête et me regardait de temps à autre (je pensai avec mauvaise conscience mais je m’en voulus si bien que je lui souris, intérieurement effrayé de savoir que le monde entier, Virginia en premier lieu, était feuilleté, fait de feuillets, de plans diaboliques dont l’un est couché sous l’autre et l’autre encore sous le second et cela sans fin), je pris ma décision. Je souris à Virginia et l’appelai au secours en cachette (j’appelais d’elle le premier visage et le second, tous les autres, afin qu’ils me camouflent et me disent quelque chose de leur belle cohérence, unicité, non, de leur répétition). Nous ignorons tout des passés, des Hermine, des montagnes et des lieux où nous ne sommes pas, n’est-ce pas, disais-je silencieusement, Virginia. Je souhaitai être seul, seul pour de bon et dans un train, je ­souhaitai que des hôtels de passage m’accueillissent.

Marie Cosnay, L’allée du bout du monde, Publie.net

Couru 4km71, 34min25. Toujours du shuffle. Il fait beau, il y a de la peau sur de l’air, c’est bien. Parti à cause de l’agacement et des coupures : Audacity qui me bouffe des secondes, puis c’est la fibre qui flanche. Tout l’immeuble est coupé. Réduit à siphonner la 4G ou bien du FreeWifi.

Le soir, Charybe, présentation de Charøgnards de Stéphane Vanderhaeghe. Je ne sais pas bien le prononcer ça ne fait rien : je n’ai pas besoin de le faire. Quelqu’un dit qu’à l’OTAN, pour certaines opérations bien précises, ils utilisent encore des machines à cartes perforées. Il faut que j’apprenne à pas acheter un livre chaque fois que j’entre en librairie pour les nôtres. Faut que j’apprenne à répondre un truc cool quand on me dit qu’on m’a reconnu. Faut que j’apprenne tout le reste également. Le mot que j’utilise de temps à autre c’est exaltant.


samedi 17 octobre 2015 - vendredi 26 avril 2024




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Article publié Article 260324 GV il y a 16 heures
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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)