Si je demandais son avis à un psychanalyste (ce que je ne ferai pas) il ou elle me dirait sans doute que mon incapacité à lire quoi que ce soit est peut-être liée au sentiment de culpabilité que j’éprouve à l’endroit du dernier texte long écrit par Philippe avant de mourir, en l’occurrence son journal de quarantaine publié sur son blog le 7 juillet. Ordinairement, je l’aurais lu le jour même ou le lendemain, dans la foulée de ma veille quotidienne ; là non. C’était un trop gros morceau pour de la lecture papillonnaire, j’avais beaucoup de choses à régler avant de finir ma semaine et partir (du moins je le pensais) en vacances une semaine le samedi. Je me suis dit simplement je lirai plus tard, comme ça arrive à tout le monde assez souvent. Puis il y a deux semaines jour pour jour j’ai reçu ce coup de téléphone et je n’ai plus été capable de lire ce journal. Je l’ai ouvert puis refermé un certain nombre de fois. Là ce matin je l’ai lu. Les derniers mots de son épilogue sont les suivants, à entendre je l’imagine comme une sorte de dernière recommandation (venant de quelqu’un qui était si soucieux de s’assurer que celles et ceux qui l’entouraient se trouvaient bien, c’est plus que précieux, comme il aurait dit lui-même) : si l’on cherche à prévenir les catastrophes qui frappent à nos portes, il faut faire attention à des signaux qui ne sont plus faibles.