Nous entrons par la cuisine qui n’est en rien différente à celle de mes souvenirs. Nous traversons la chambre entre-deux jusqu’à un corridor. H. est devant, moi quelques pas derrière. Sur les côtés, des toilettes, trois peut-être, décorées de peluches et ruban. L’endroit est un peu tendre mais l’œil glauque des animaux empaillés dissone. Plus loin la salle à manger où un faux tipi a été installé, peut-être des années plus tôt. J’explique à H., je lui dis : c’est la salle à manger. Je lui dis : c’est un tipi. Quelques BD sont entassées dans ou sous la cheminée.

Nous montons à l’étage.

Les étagères remplies de livres que je cherche ont disparues. A leur place, de vieux meubles sur lesquels on ne peut plus s’asseoir. Quelques DVDs et films Disney et Charlie Chaplin. J’essaye d’accéder à la petite porte, derrière la télé, qui conduit au grenier caché, inaccessible pour les adultes et hérité d’un rêve précédent qui déjà démantelait l’espace, mais trop de meubles et dictionnaires obstruent le passage. Nous continuons jusqu’aux doubles-chambres. Dans celle du fond on a creusé des fausses, mises à nu, retiré tous les équipements sanitaires et l’ombre d’un cadavre emballé sous housse se dessine. Il me semble, mais peut-être me trompé-je, que la petite pièce côté droit avec salle de bain équipée n’existe plus, ou bien alors les cloisons ont été supprimées. La vue de la housse noire sous forme humaine m’effraie et je demande à H. si nous pouvons faire demi-tour.

De retour dans la pièce principale, à l’étage, coup d’œil depuis porte-fenêtre : les équipements sanitaires manquants dans la chambre (cabine de douche, WC...) ont été déracinés et restent entreposés dehors, sur la terrasse. Nous sortons par la porte-fenêtre pour redescendre. Nous fermons un à un les volets avant de partir. Ma mère nous surprend. Elle se met en tête de préparer un gâteau. Dans son saladier s’accumulent farine, œuf, lait et pilules, en tas de dix ou quinze, pilules bleues qui vont fondre avec la mixture mais dont nous ignorons l’origine et la composition.


mardi 18 août 2009 - dimanche 28 avril 2024




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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)