Innovation technologique : Facebook proposerait à présent des automates cybernétiques uniquement composés de bras (le reste du corps est à imaginer comme des sortes de pattes d’araignée en métal, ou quelque chose d’approchant). Le matin, ces bras sont paramétrés pour venir te réveiller doucement, en te faisant un calin par exemple, et en te disant des mots doux, en faisant lever sur toi un contact, ce genre de choses. Ces mots doux sont conçus comme messages pré-enregistrés par la personne, ou alors aléatoirement redispatchés par la machine. La voix n’est pas issue de n’importe quelle synthèse vocale, mais correspond à celle de tes amis Facebook, du moins de celles et/ou ceux à s’être prêté à l’exercice de la synthétisation. On devrait voir arriver ça dans quelques années tout au plus. Et mon enquête visant à déterminer quels aliments je peux, ou pas, manger, risque fort de durer elle aussi des années, à moins que je ne l’interrompe de suite. L’impression, à tester un aliment à la fois, de faire le tour de toutes les plaques de cuisson chez tous les cuisinistes sur terre pour tester si, oui ou non, lorsque je les allume, ces plaques brûlent.

Il y a un soleil qui bouge au ciel. Une lueur rouge plutôt qui fait semblant d’être le soleil. Simule le déroulement régulier des jours et des nuits. Dans un autre monde, une autre vie existe, mouvante et boulevarsante.

Anne Hébert, Kamouraska, Le Seuil