Quand j’écris quelque part l’expression notre époque tourmentée, qu’est-ce que ça signifie exactement ? Ce n’est pas de la littérature. C’est une espèce de discours proto-marketing qui ne sert à rien d’autre qu’à meubler. Il n’y a pas de message, il n’y a pas de contenu. C’est de la graphie pure. Des formes imprimées sur une feuille, des pixels répandus de façon ordonnée sur un écran. Presqu’une parole, pas de l’écrit, bien que ce soit écrit pourtant. On est tous confrontés à ce type de (...)

Toujours plus rapide et plus précis, Colissimo vous simplifie la vie. C’était dans un email. Je me demande comment on ressent les choses au quotidien quand son job c’est d’inventer des slogans. La pensée elle-même doit s’en retrouver altérée. Condensée. Tout doit être source d’inspiration. Combien de temps passe-t-on pour trouver un slogan a priori parfaitement insipide et ringard, comme celui-ci ? Heures ? Jours ? J’ai besoin, moi aussi, de me simplifier la vie. Ça commence dans (...)

Je me réveille avec des phrases. Souvent, les mêmes pendant des jours. Des semaines. Mois. Années. Des trucs comme, enfin peu importe. Là, ce n’était pas des phrases habituelles, ni même connues, c’était juste : les miracles, ça n’existe pas. Même pas une phrase en fait. Une pensée. J’ai commandé un truc l’autre jour sur le web qui fait un bruit de céréales fines qu’on verse depuis un sachet en plastique, ou un sac en papier, et ce truc m’a valu 1€ de récompense sur le site dudit truc, un (...)

On n’est pas censé lire quand on rêve. C’est, du moins, l’idée communément admise : soit les mots sont dans le désordre, soit ils ne veulent rien dire du tout. En réalité, c’est compliqué disent celles et ceux qui font du rêve lucide un mode de vie (loin de l’éveil, donc). Rodrigo Fresán l’écrit dans La part rêvée : La vitesse des rêves est supérieure à celle de la vue. Mais là oui, j’arrivais à lire. C’était un spam. Envoyer son spam dans les rêves d’autrui, ça a du sens. Un nouveau (...)

H. a beau me poser la question, je ne sais pas ce qui me gave le plus dans cette image : qu’un mec soit allé pisser sous un porche en pleine rue ou qu’il le fasse avec son parapluie ouvert. La ville est jonchée de preuves qu’elle a un jour été foulée par d’autres : gant mapa sur un passage piétons, paire de chaussures de marque Maupassant dans un tunnel qui a beau être qualifié officiellement de tunnel, il n’est en réalité que la partie inférieure d’un pont sur lequel glissent les trains (...)

Sur le site, je n’appelle pas la noirceur de la noirceur. Hors ligne non plus je n’appelle pas la noirceur la noirceur (j’appelle ça des maelstroms). Et d’après mes archives elle n’est jamais allée au-delà de 194h. Plus de huit jours. Ça fait précisément huit jours aujourd’hui que j’y suis, et je n’ai pas la sensation qu’il me sera prochainement possible d’en sortir. Quoi faire alors ? Attendre. Compter. Décliner tout. S’occuper de choses très très concrètes. Par exemple, quelles polices (...)

En parlant le moins possible, peut-être parviendrais-je à ressentir le moins possible. C’est une théorie qui revient souvent. C’est donc que c’est important. Sensible. Écrire, c’est parler ? Penser, c’est parler ? Est-ce que revenir en arrière dans ce qu’on a pu écrire précédemment et supprimer des mots, des phrases, c’est parler ? Déparler peut-être. Mais je ne suis pas sûr que ça puisse résoudre quoi que ce soit. S’en tenir à des mots clés par exemple. Oui, non, peut-être, je vais (...)

Et si nos sites nous lâchent ? Je veux dire, bien sûr nous avons des sauvegardes. Le module de sauvegarde automatisée, via Automator et Transmit, couplé aux plugins de sauvegardes automatiques de Spip, en archivent une par jour (à la fois en local et sur le serveur de mon hébergeur à Grenoble). Mais ce n’était pas ça l’angoisse. L’angoisse, c’était de se dire et si tous les sites lâchent. Que faire de notre travail en ligne en cas d’effondrement, puisque c’est comme ça qu’on dit (...)

C’est la fin du Nocertone. En trois ans de traitement (pour un truc qui n’est pas censé être pris pendant plus de six mois, on en apprend tous les jours), je ne sais toujours pas si c’est un nom masculin ou féminin. Fort heureusement, je n’ai plus à m’en soucier, et n’ai pas besoin non plus de chercher la réponse à cette question dans une flaque de 210ml de sauce soja après que j’ai échappé la bouteille (pleine, bien sûr). Cette flaque noire et fermentée, qui avance lentement vers moi (...)

Si je sais que contrôle i agrandit tout, j’ignore comment réduire. Je poivre mes pommes de terre coupées en deux dans le sens de la longueur après les avoir mises au four : des grains tombent sur la barre incandescente et rouge qui forment des éclats, des lueurs. Derrière, l’odeur de ça montant sur soi. J’apprends beaucoup à composer mentalement des formes pour le web simplement en visitant les sites de Louis-Olivier Brassard. Plus je pense à la nouvelle version de Fuir et plus je me dis (...)