David Lang



  • 030515

    24 mai 2015

    Il pleut. J’ai ouvert David Lang. Une quatrième pour L’appel de Londres. Mais je ne peux pas aller au bout des traductions d’I loved you more, comme espéré, et je peine à reprendre le Transoxiane quatre dans le bon sens. Je préfère encore aller courir et le tourner dans ma tête autour du lac 1. C’est de la procrastination du coup.

    L’appel de Londres est à la fois géographique et musical : au prétexte d’une visite de quelques jours, Philippe Castelneau élabore un journal de ses déambulations londoniennes. Mais les villes que l’on arpente sont, comme souvent, nappées de souvenirs, et l’écriture se mélange aux récits de l’enfance, de l’adolescence, au saut dans le vide de l’âge adulte. À l’instar d’un certain Docteur bien connu des amateurs de séries télé britanniques, Philippe Castelneau sonde le temps et l’espace, invoque Dylan Thomas et Sid Vicious, croise Alan Moore et les Beatles, se souvient d’Oscar Wilde et des Smiths. La ville elle-même est une errance : arpenter Londres et c’est Tokyo qu’on revoit, c’est Paris qu’on respire, Manchester qu’on fredonne. Philippe Castelneau s’approprie les codes de Publie.rock et se sert à son tour de la musique et de la culture pop comme d’une langue pour se raconter lui, en creux, avec pudeur et élégance, dans un voyage sincère, vivant.

  • 070515

    28 mai 2015

    Pas souvenir que Shreve soit présent, avant Absalon, Absalon, dans Le bruit et la fureur. Dû le recomposer mentalement, physiquement mentalement, après avoir découvert qu’il n’était non pas skinny ni thin mais a little shapeless, fatly intent. Faudrait le lire en langue, faudrait le lire plusieurs fois. Je disais encore l’autre jour à voix haute que c’était un livre (j’ai oublié l’adjectif que j’ai dit, ça ne fait rien). Le dispositif narratologique est terrible, terrible dans le sens de, enfin dans tous les sens. Peu de textes actuels dont j’ai vu des squelettes bien pensés. Je pense à Farigoule Bastard, qui est fait de chiffons et de bouts de papiers collés les uns dessus les autres. Je pense au fait qu’aujourd’hui des gens illustres mais morts 2 m’ont suivi sur Twitter.

    Couru 5km23, 31’53, sur les Love Fail de David Lang, pour me sortir la tête de la tête en douceur (peut-être que ça fonctionne).

  • 100515

    31 mai 2015

    Il y avait une espèce de grand chien noir, c’était un rêve, j’en sais rien. J’ai repensé au grand chien noir pixelisé dans Stalker. Couru 5km94, 39min05, sous le soleil, matin, sous les Love Fail. En regardant les types s’entraîner à boxer, c’est-à-dire répéter les mêmes gestes encore, encore, encore et encore, au ralenti ou en accéléré, mais les mêmes gestes, toujours, je me dis que pour maîtriser mieux l’audio il faudrait me forcer à en faire régulièrement, une fois par semaine par exemple, trouver un prétexte pour ça, me forcer à le faire, mais c’est typique ce truc : la seule solution que je connaisse tout le temps c’est toujours de systématiser les choses. Le soleil tape l’après-midi boulevard Charonne, visite à F. et A. : nous rencontrons leur fille, qui a dix jours et des yeux noirs. Je me dis un moment que peut-être la solution à un problème dont j’ai oublié la source et l’origine, ce serait de ne coder nos sites qu’en vieil html sans base de données derrière. Oui mais, sans ces bases de données, comment garder la main sur les révisions ? Faut savoir ce qu’on veut. Hier un film plutôt contemplatif, plein de bonnes intentions et d’épaules contre-jour.

  • 200515

    10 juin 2015

    Le mensonge de toute l’apocalyptique occidentale consiste à projeter sur le monde le deuil que nous ne pouvons en faire. Ce n’est pas le monde qui est perdu, c’est nous qui avons perdu le monde et le perdons incessamment ; ce n’est pas lui qui va bientôt finir, c’est nous qui sommes finis, amputés, retranchés, nous qui refusons hallucinatoirement le contact vital avec le réel. La crise n’est pas économique, écologique ou politique, la crise est avant tout celle de la présence. À tel point que le must de la marchandise - l’iPhone et le Hummer, typiquement - consiste dans un appareillage sophistiqué de l’absence. D’un côté, l’iPhone concentre en un seul objet tous les accès possibles au monde et aux autres ; il est la lampe et l’appareil photo, le niveau de maçon et l’enregistreur du musicien, la télé et la boussole, le guide touristique et le moyen de communiquer ; de l’autre, il est la prothèse qui barre toute disponibilité à ce qui est là et m’établit dans un régime de demi-présence constant, commode, retenant en lui à tout moment une partie de mon être-là. On a même lancé récemment une application pour smartphone censée remédier au fait que « notre connexion 24h/24 au monde digital nous déconnecte du monde réel autour de nous ». Elle s’appelle joliment GPS for the Soul. Le Hummer, quant à lui, c’est la possibilité de transporter ma bulle autistique, mon imperméabilité à tout, jusque dans les recoins les plus inaccessibles de « la nature » ; et d’en revenir intact. Que Google affiche la « lutte contre la mort » comme nouvel horizon industriel, dit assez comme on se méprend sur ce qu’est la vie.

    Comité invisible, À nos amis, La fabrique, P. 30-31

    Termine lentement le premier tome du Journal de la crise, de Laurent Grisel. Dans le planning de lecture des jours, curieusement, et sans que je m’en sois rendu compte, ce texte a pris la place de la presse. J’ai remplacé l’actualité par une actualité lue et ressentie à l’heure H dans le temps de l’écriture, mais avec neuf ans de retard. C’est une drôle d’expérience temporelle. C’est une très belle lecture. La mélanger à l’instant T des dépêches et des lectures (Kerviel, le comité invisible...), c’est stimulant.

    Triste aujourd’hui (mossade). Découragé pas mal. Plus d’épaule, rien. Beaucoup d’expiration. Dépassé, marché dessus. Un texto. Je suis au fond de ma bouteille de Coke. Je réalise après plusieurs écoutes que l’Heroin de David Lang, c’est une cover de l’Heroin d’alors. Du coup, ça me dérange. Ecoute des trucs qui s’appellent Les yeux de mes yeux, Atom Dance, With me now. Longtemps j’ai porté des chemises trop grandes (ce n’était pas un fashion statement). Paquet de Marlboro plein sur mon bureau maintenant.

  • 290515

    23 juin 2015

    C’est 2010 all over again. Je l’écris quelque part (c’est vrai). Des douleurs, des aliens dans le ventre 3, les symptômes d’une hernie oui mais sans la hernie : aujourd’hui à nouveau échographie infructueuse. Tout va bien, c’est fictif. C’est fictif, je laisse passer l’expo Bowie à la Philharmonie. Comme j’ai laissé passer, il y a quelques semaines, la ressortie de L’homme qui venait d’ailleurs et puis mille autres choses, films, expos, rencontres, instants, avant cela.

    Un premier jet de quatrième pour La mécanique du texte :

    L’écriture est en mutation perpétuelle : nous nous trouvons désormais après le livre et la question de nos outils à l’heure du numérique n’a jamais semblé aussi centrale. Écrivons-nous autrement ? La technique au sens large influence-t-elle la littérature ? De nouveaux outils impliquent-ils des œuvres nouvelles ? Ces œuvres nécessitent-elles à leur tour de nouvelles méthodes de médiation ? Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses, il n’y a pas de lutte à mort entre papier et numérique comme on a pu le croire un temps, il n’y a pas de futur inéluctable imposé par les grandes majors de l’édition. Le futur est maintenant, il s’écoule sous nos doigts et il ne tient qu’à nous de comprendre l’origine de son flux et la forme qu’il prend. La réflexion proposée par Thierry Crouzet est double. Une étude à l’angle inhabituel : l’importance de l’outil, de la technique et de la technologie dans nos habitudes d’écriture. Et, en creux, une plongée dans son propre parcours, sa démarche d’auteur expert de rien, comme il aime à se présenter lui-même, pour mieux s’inscrire dans une voix personnelle, parfois intime.

    De la tablette à la tablette, du codex à Wattpad, de l’écriture manuscrite à l’écriture en ligne adossée à nos bases de données ou au cloud, Thierry Crouzet traverse le temps et se penche sur l’épaule de ceux qui pratiquent l’écriture (des auteurs aux parcours divers tels que Flaubert, Mark Twain, Katherine Pancol, Perec, François Bon ou George R.R. Martin). Essai au spectre large, réflexion sur les mutations fortes qui continuent aujourd’hui encore à recomposer nos horizons littéraires, La mécanique du texte épluche nos usages et nos façons d’appréhender le lirécrire. Sa grande clarté, sa rigueur et sa souplesse en font un outil important pour nous aider à traverser nos questionnements contemporains.

    Le Transoxiane quatre, pourrais-je enfin m’y mettre tous les jours ? C’est vital il le faut. La phrase que je me dis c’est donc ok maintenant il faut que je valide. Le chapitre 1 par exemple, ok. Le 2, qui est en réalité une fusion du 2 et du 4, réécrit. Et puisque je n’ai rien dans le ventre, que mes douleurs sont sans substance et sans origine, je cours 4km32, 29min06, sur les Love Fail. Le long de l’avenue montante quelqu’un dit faut que j’aille m’acheter des collants et un Red Bull maintenant.

  • 310515

    28 juin 2015

    Le Transoxiane quatre. Plus avancé en trois jours que ces trois derniers mois. Pourtant pas l’impression d’avoir été contre le premier jet (si c’est encore un premier jet ce que je foule). À part la suppression d’un chapitre, je reste dans le même mouvement. Rectifie simplement la colonne pour qu’elle torde (ou qu’elle ne torde pas). Les chapitres 5, 6 et 7 ici, même si l’un nécessiterait encore quelques ajustements 4. Relecture, également, après avoir griffonné des signes cabalistiques qui disent 0602./+++/12h/2r1l/C/D/J, deux ans après je crois, d’un fichier nommé mondeling5. C’est donc mondeling6. Parution prévue fin d’année. Couru 4km60, 28min44, sur les Love Fail. Pleut. Gris. Sur une pub pour Subway sous la terre quelqu’un a barré le mot poulet et l’a remplacé par cadavre.

  • 261015

    1er décembre 2015

    L’histoire d’un homme qui change de nom chaque semaine mais dont le nom réel figure sur la couverture d’un Librio adapté du web. Ça veut rien dire sans doute. C’est dans un bar, en soirée, je sais pas trop quoi faire de ça. Une merde avec les mails : tout ce qui est venu entre le 27 juillet et le 22 octobre a disparu. S’il en allait ainsi des jours, que faire ? J’ai ce truc dans la tête comme quoi ce qui nous fait écrire, c’est la maldire, c’est-à-dire tordre les temps de langue pour sciemment l’obscurcir. Je ne sais pas si nous faisons tous ça mais c’est comme ça qu’on pense écrire avec une singularité. Le soir, il y a beaucoup d’écoute. Beaucoup d’écoute. Je n’ai pas envie de bosser sur Mueller, tout est prétexte à ouvrir autre chose. Cette lecture de Kerouac.

    David Lang. Ad Astra Per Aspera.

    The Attachment.

    D’autres choses encore mais j’ai tout oublié. J’en reviens au Mueller en rouleau.

  • 130216

    22 mars 2016

    Première fois que je mets en ligne un article du journal qui passe la barre des trente révisions. Un peu de fébrilité à le faire : depuis le 11 janvier je reviens régulièrement sur ce jour et je vais perdre ça. D’abord plusieurs fois par jour, puis chaque jour, puis recraché dans plus d’espace, plus de laps de temps (suffit de voir ça dans les révisions : la liste des jours), signe que je m’en détache. C’était réconfortant d’avoir ça et aussi : comme si le temps se fige. Sur Twitter on me dit n’avoir pas pu écouter Blackstar, trop dur, moi j’ai tenu à l’écouter chaque jour pour me gorger de ça. En revanche, de film, pas pu. L’homme qui venait d’ailleurs, Furyo. Un jour cet autre jour : Le prestige, je m’étais dit. Puis non. Savoir qu’il allait apparaître mais pas savoir quand c’était trop, et ça foutait la trouille. Travaille sur une traduction qui joue sur la formulation on drugs / on Facebook. En français, ça ne peut être que sur Facebook et pas sous. C’est quelque chose qui va devoir tomber sans doute. Pour ça je cherche quelles sont les spécialités culinaires des Appalaches. C’est quoi les Appalaches ? C’est par là. Une heure de Mueller lu c’est environ 700 vers 5. Ça tient toujours. Là jusqu’à ainsi que tous / les grains de sable de ce désert, dit de l’ocre. Deux trois mots pris en note parmi quoi vérifier que taon comme adjectif soit bien écrit petit t.

  • 080916

    9 octobre 2016

    La nuit est plus féconde ici. La journée, point final aux tableurs et aux chiffres. Droits d’auteur. Une tierce personne me dit qui je suis. Une autre : notre programmation est bouclée jusqu’en mars 2017. C’est plus fort de donner tous les silences. Les frères Karamazov. Pas d’autres traductions à quoi la comparer mais celle d’André Markowicz est haletante. Littéralement. Les phrases sont essoufflées, truffées de, de virgules. Le souffle est très prégnant. David Lang, The Difficulty of Crossing a Field. J’écris sur ça 6.

  • 200517

    22 juin 2017

    Dans les contrées du rêve ici : un personnage de RPG à l’ancienne, au tour par tour, il s’appellerait TheFace, avec un jean, un t-shirt, une cape et une citrouille d’Halloween sur la tête. Il se bat avec une épée mais aussi des cartes perforées diplomatiques pour ses incantations. Baptiste Morizot : dans une relation, même le dominant souffre des effets de la domination. Plus la domination est hégémonique et toxique pour le dominé, plus le dominant en souffre. La diminution de la domination améliore la qualité de vie effective des dominants et des dominés. Et plus loin dans GEnove 7 :

    La mémoire est une pièce qui s’ouvre, une odeur, un geste, une lumière, un objet qui sert de passage, de traducteur.

    On rencontre un bord de soi qu’on avait plié dans le revers de son pardessus. Qu’on avait laissé dans une poche. On mesure l’épreuve de toutes les terres traversées.

    Parce qu’elle est fragmentée en mille réalités, la ville te porte de souvenir en souvenir, et il y en a bien un qui colle à ce que tu étais, ou à ce que tu es.

    Eff : une trentaine de pages manuscrites à reporter dans l’écran. C’est que je n’ai rien écrit dans Ulysses depuis presque une dizaine de jours, pas capable. Ou bien des fois c’était de la prudence. Je commence fastidieusement avec ça, un chapitre que j’ignore même où situer encore intitulé son vrai visage (735 mots). Ça va bouger bien sûr. Je ne peux rien faire d’autre ou presque, sinon remettre de l’ordre dans l’appartement en écoutant en fond sonore le déroulement de l’étape Castellania - Oropa. J’ai acheté l’autre jour Sur le Giro 1949 qui rassemble les chroniques de Dino Buzzati, donc, du Giro 49. À un moment une pub : ils ont utilisé ce magnifique morceau de David Lang, Just (After Song of Songs), pour vendre des télévisions à écran plat 8. 798 mots à moi pour aujourd’hui. Ma seule sortie du jour (deux en réalité) consistera à descendre au Simply Market, devenu un Auchan il y a peu 9, acheter des sacs poubelles, des éponges, une boîte de petits pois, une boîte de thon à l’huile d’olive et du miel d’amandier 10 d’Espagne. Avant d’y retourner une ou deux heures plus tard, donc, ayant oublié les nectarines pour H. (et fallait-il qu’elles soient blanches ou jaunes, je ne sais plus). Pour le reste, j’ai nettoyé un frigo, rangé un placard, et Tom Dumoulin remportera l’étape dans un final très Ullrichien.

  • 240917

    27 octobre 2017

    Si l’on m’avait dit qu’un jour je tuerais ! Je suis une douce. Quand je trouve une araignée, je la prends délicatement avec un papier et je la pose doucement sur la pelouse. Mais le meurtre, n’est-ce pas l’achèvement d’une sensualité désaxée ?

    Hélène Bessette, Vingt minutes de silence, Othello / Attila, P. 162

    Plein soleil, 22° dehors. Couru 7km72 dans ça, 42min55, sur David Lang. Il faut que je me reprenne sur Morphine. Que je me focalise sur son essence : un texte sur le fait d’être hanté par plein de trucs, à commencer par tous ces piratages littéraires, russes pour la plupart. C’est ça, le nœud. Oublier tout le reste et trouver une langue un tout petit peu plus acide, moins policée (Sur la route ?). Peu de chiens près du lac. Amicale des pêcheurs de Vincennes (petits chapiteaux blancs). Où sont les deux mecs du dimanche matin ? Nulle part. 566 mots pour Eff sur Nocturnal animals. ASSE - Rennes (2-2). J’ai repris un moment le Morphine 1, réécrivant par dessus. Peut-être est-ce tout ce qu’il y a à faire, réécrire par dessus aussi longtemps qu’il faudra pour lui confier un minimum d’épaisseur. Voilà de quoi j’ai besoin, d’épaisseur. Parti marcher au jardin un moment pour profiter de la dernière lueur de septembre.

  • 261117

    26 décembre 2017

    J’étais dans une tour, loin dans les étages, et je perdrai trois doigts et trois orteils pour pouvoir continuer à suivre H. où qu’il aille. Cette page recense des œuvres littéraires en lien avec la médecine. Pas tant que ça hein. J’ai l’énergie et j’ai l’éveil pour me remettre au Morphines 03. Il ne faudrait pas que je gâche ça. Je passerai une partie de l’après-midi là-dessus. Ça avance. Quelques signes de progrès. J’injecte (j’intègre ? j’inocule ?) une phrase de Simenon. C’est bien. C’est hanté. 547 mots pour Eff. Et 1233 mots recopiés dans le chapitre 105, retouches. Il reste encore des pages et des pages à faire. Parti courir avec H. sur le Repeating Piano History et David Lang. Un chiot littéralement gros comme Soupir. D’autres chiens. Des mecs pieds nus à faire de la slackline à 7°. Cette photo de Thomas Klemmer : Mercure face au soleil. Monaco - PSG (1-2).

  • 150518

    16 juin 2018

    C’est ce morceau de David Lang, Gravity, mon corps tout entier sera tourné vers ça. Toute une journée durant, cette journée. D’où ça sort ? J’en sais rien. Il y a un After gravity, un Before gravity. Et c’est passé dans mes gestes. Le rythme, tout. Ça m’accompagne. Ça me précède. Ça me précède chaque fois que je dois écrire, là, Le Bruit et la fureur et que j’écris, à chaque fois presque, Le Bruit est la fureur. L’est-il ? Je suis aimanté, je crois. J’ai plein d’électricité statique mais à l’intérieur de la tête. Pas pris de décision concernant le Nocertone. Je veux dire la. Il y aura 741 mots pour Eff, non pas sur cet air-là mais, mieux encore, sur le souvenir de cet air que j’écouterai, le long de la journée, quelque chose comme mille fois.

  • 190518

    19 juin 2018

    Hier, c’était le 18. La seule chose que j’ai prévu aujourd’hui c’est regarder l’étape reine du Giro : San Vito al Tagliamento - Monte Zoncolan. C’est tout. Le reste est complètement laissé à l’appréciation des courants du hasard. Par exemple, il y a cette phrase dans l’Ulysse 3230 que je décrypte ce matin : His lids came down on the lower rims of his irides. C’est très beau. Mais comment rendre ça ? Sur quelles sonorités jouer (lids — rims — irides) ? Ses paupières s’abaissent jusqu’au bout de ses iris. Non. Ses paupières s’abaissent et recouvrent entièrement ses iris. Non. Ses paupières s’abaissent jusqu’à prendre le pas sur ses iris. C’est une piste, ça. Mieux : Ses paupières s’abaissent presque suffisamment pour prendre le pas sur ses iris. On est bien dans les p mais il nous manque des i. Puis c’est trop long. Morel avait écrit Ses paupières s’abaissèrent jusqu’à presque cacher ses prunelles. Et en 2004, Ses paupières se plissèrent au point de dissimuler pratiquement ses iris. 534 mots pour Eff 11, sur Gravity (c’est la nuit, c’est l’écume, c’est le repos des corps après une forme de tension). Je m’intéresse de près aux énergies narratives. J’aimerai dompter ça. Piger ça.

  • 091118

    9 décembre 2018

    Quand je passe comme aujourd’hui plusieurs heures dans le cambouis d’un truc comme L’Énéide, je m’estime très chanceux de pouvoir faire ça pour gagner ma vie. Plus généralement, j’ai beaucoup de chance ces temps-ci. Ce fut une année merveilleuse. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas, par endroits, par moments, comme figés dans le temps sinueux de nos vies, de la noirceur. Je ne sais que ça. Je pourrais avoir un tag noirceur ici (j’en ai un autre qui veut dire grosso modo la même chose). Mais quand même. Je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter ça. Et j’étais bien incapable d’imaginer, impréparé même à, recevoir autant de bonheur d’un coup. Et ça aussi il faut l’écrire. Même si c’est plus dur de tendre en soi la langue qui s’y prêterait le mieux, contrairement à celle de nos obscurités qui, elle, est une langue que l’on parle couramment quelque part. Voilà, ça dit beaucoup de nous, ça, quelque part. Dans mes grandes découvertes de 2018, pas de littérature, c’est curieux. Qu’est-ce qu’il y a ? Ce morceau, Gravity, de David Lang. Le maté. XXXTentacion. N’ai-je donc rien découvert susceptible de changer ma vie, littérairement parlant, cette année ? J’ai mis du temps avant d’en revenir à Go tell it on the mountain. Mais me voilà déjà à parler comme si l’année se terminait alors que non. Il reste encore mais tant de jours. Je suis tourné vers des lendemains autres, profite plutôt du temps qui est présent. Passage éclair pour voir de mes yeux voir l’Accident de personne dans sa nouvelle incarnation, une autre de ses métamorphoses le conduisant à devenir ce livre à paraître chez Atilla / Othello en décembre. C’est un format ticket de métro géant et c’est très émouvant de le voir, pour une fois. Entre deux chaises, parler des sons, des vidéos. Peut-être réduire la durée de ces choses à une trentaine de secondes. Ça doit être jouable. D’autres contributions me sont venues, d’autres viendront encore. J’ai donc de la matière. C’est bien. C’est vert. Le livre, je veux dire, c’est un doux vert. Une texture de couverture agréable. De belles choses m’arrivent encore et je les tiens serrées contre mon cœur pour qu’elles sachent y rester (vont-elles ?).


  • ↑ 1 5km19, 32min14, le Repeating History.

    ↑ 2 Tolstoï, Hemingway, Sylvia Plath, Kafka.

    ↑ 3 Je me souviens des peurs primaires écrites fin 2010, c’était ça, des aliens dans le ventre.

    ↑ 4 Ce que j’écris : %%manque encore un peu de sel.

    ↑ 5 Idées de trucs à écouter pendant : Jerusalem in my heart, l’I lie de David Lang, les voix bulgares.

    ↑ 6 Et puis je viens ici écrire j’écris sur ça.

    ↑ 7 P. 132.

    ↑ 8 LG.

    ↑ 9 File d’attente de plein de gens venus changer ou convertir leur carte fidélité de l’un en carte fidélité de l’autre.

    ↑ 10 Meilleur que le miel de mandarinier, moins bon que le miel d’eucalyptus.

    ↑ 11 Et 514 autres recopiés de je sais même plus quand.