Si Pastore à lui tout seul vaut 42 millions, combien coûterait son oeil ? Je l’arrache à l’écran sale et basse def qui diffuse, illicite, la fin du match pirate. H. lui me dit : le terrain est trop vert, on dirait du plastique. Solide ce Paris là. Bouffé toute la première mi-temps mais plie le match en quatre minutes, tout juste avant la pause. Ensuite peut se contenter de gérer et s’en remettre à Sirigu, très bon sur sa ligne. Montée en puissance de Matuidi partout ce soir à la récupération. Entre deux arrêts de jeu sur cet écran je lis la vie des autres (et d’autres encore) sur les sites de Robinsonenville et, depuis ses liens, de Céline Saby. Peut-on découvrir quelqu’un en remontant à rebours de lui-même ? Je lis leurs textes des plus récents aux plus anciens. Dans le dernier numéro de Tracks, consacré au Transhumanisme, petit sujet sur cet ingénieur qui copie la moindre donnée issue de lui-même (photo, souvenir, déplacement, pensée). Après sa mort on construira, à partir de ce stock numérique, un avatar virtuel censé prendre sa suite. Le troisième but de Pastore, anecdotique, survient sur un contre, suite à une erreur du goal montpelliérain, mal engagé dans sa sortie. Il porte autour du cou un appareil photo qui se déclenche automatiquement, via capteurs, pour immortaliser l’environnement du type toutes les X secondes. Je rêverais d’avoir autour du mien un équipement pareil. À côté 17h34 ferait figure de parenthèse. Le match se termine. J’attrape l’oeil du totem avec la cam. Je me remets à l’écriture, brouillonne, de certains trucs pour kiss bye boy. Je parle de sperme sec mais je sens bien que ce n’est pas ça. Si seulement si, une fois ce truc fini, je pouvais conserver à peine une phrase par paragraphe, à peine un mot par phrase, ce serait déjà, quasi, une réussite. Je vérifie le taux d’humidité dans l’air avant de boire la nuit, d’aller dormir.