En rentrant, je sors du métro par automatisme sans rien regarder, et je me retrouve à la seule station à cet endroit qui ne croise pas avec la 6, c’est-à-dire Vavin, c’est une erreur. Ou, je sais pas moi, une réminiscence ? C’est là qu’H. vivait pendant ses études, il y a une quinzaine d’années. Mais moi, ici, j’y vois surtout une belle illustration de cette journée de chien : être seul sur un quai à attendre que quelque chose se passe, or rien ne se passe jamais dans ces journées de chien. C’est faux : d’abord parce que les chiens sont de doux animaux, mais aussi parce que cette journée-là, toute frustrante et usante qu’elle a pu se révéler au Marché (le froid, le vent, la pluie, les non-ventes), je l’ai partagée avec d’autres, alors je me retrouve aussi à me dire, sur ce quai, que c’était bien de n’être pas totalement seul, ici. L’autre truc que je me dirai ce soir-là, c’est-à-dire maintenant, quand j’en viens à écrire sur mes genoux cette phrase après avoir ingéré machinalement de la junkfood en regardant n’importe quoi (sauf que ce n’est pas n’importe quoi : c’est Terminator 1), c’est qu’une réplique de ce film, « personne ne revient », ferait un bon titre de livre. Puis, comme tout le monde, je l’oublie.