Je dors mal quand je dors loin. Je rêve de fouines. Les fouines n’étaient pas une bonne chose. Je petit-déjeune avec Lou. J’ai oublié de prendre un chargeur alors je suis en mode avion tout du long. Mon téléphone, je veux dire. Ce téléphone est donc tout comme éteint, oui mais je me dis si je le souhaite, je peux le rallumer. Je le fais pas. Mais je peux (ça n’a pas de fin). J’ai du mal à concevoir le visage des gens sous les masques et hier, une annonce, votre masque doit couvrir l’ensemble du visage. Si seulement. Mais même pas. Yeux demeurent. Nous sommes ces yeux. Hier c’était via Le Mans, Tours, je me disais : profitons-en pour voir combien Le Mans a changé (ou pas). Je ne suis pas allé au-delà du parvis. De fait, il a changé. J’ai ma réponse. Là, via Angers sans sortir de la gare. Je m’estime déjà heureux de ne pas passer par Paris, ce qui aurait été lunaire. Il fait une ambiance ça : lunaire. La chaleur est tombée, une brume a pris sa place. Blancheur. J’achète un chargeur au Relay : bien sûr, ce n’est pas le bon chargeur. J’ai besoin d’un USB-C. C’est un Intercité. Je me dis une phrase, peut-être vraie, peut-être fausse. Je note cette phrase. Nous traversons des paysages de western enbués. Grands espaces. Wilderness bordant la départementale et, donc, les voies de nous, du train. Les voitures ont leurs phares. Que manger quand on a faim ? Si j’étais au Japon, un Onigiri dans un Kombini ou quoi, voire à la gare (ça nous est arrivé). Là non. Pas au Japon. Je dépassais Saumur. Un wagon passe dans l’allée centrale pour des mets et des rafraichissements. Des champs de blé humectés d’eau défilent de part et d’autre des vitres du train. Métaphores de partout. Des Onigiris ça peut se faire soi-même ? Quid de leur conversation, non, conservation à température ambiante ? Assis dans son fauteuil, on voit le sommet de la tête des gens. Les gens sont eux dessous. Tout ou partie d’eux, du moins. Ça tangue. Mais enfin qui n’a jamais tangué dans un train ? Je voudrais voir la mer Caspienne. Qu’est-ce que j’irai faire là-bas ? J’ai envie de dire, tant qu’on n’y est pas, comment savoir ? Au fond peut-être qu’une fois de retour à P., je réaliserai avoir eu mon chargeur avec moi tout du long, comme toujours. Mais, comme toujours, ça n’arrive pas, preuve donc que j’avais raison d’avoir tort. Quelqu’un sur le quai quelque part attend vêtu d’une chemise blanche col Mao, d’un sac banane orange porté en bandoulière, le tout sur un bas de survêtement bleu marine et je me dis : le bon goût devenant cycliquement le mauvais (et inversement), on ne peut pas savoir si c’est l’un si c’est l’autre ; c’est l’intranquillité. Par la (grande) fenêtre du Bombardier qui me ramène à Rennes : l’envol d’un vol d’oiseaux tout blancs par dessus quelques vaches. Le mouvement peut venir de partout.