Où l’on recense (sans autre motivation que l’amour des listes inutiles) les extraits de ces textes, rencontrés par hasard, des instants brefs de fuites (chroniques) adolescentes. Règle unique : les recenser au fil de mes lectures (ou découvertes sur les rayons des librairies) présentes et à venir.
Première publication le 10 juillet 2011
4321, Paul Auster (2017)
He turned seventeen on March third. Several days after that, he went to the local branch of the DMV and took the road test for his New (...)
Changement d’heure. La lumière change elle aussi. Rêvé d’un mort énorme et se réveiller chaque jour à Los Angeles, pas nécessairement au même endroit mais toujours le long d’une immense langue d’asphalte ou de bitume. Marcher le long de la route car il n’y a que ça ici. La route. Dans Le Terrier de Kafka, ici fragmenté par Laurent Margantin, ce passage qui pourrait, d’une certaine façon, résumer tout Mueller :
Ce pourrait donc être des bêtes inconnues, un troupeau en transhumance qui ne fait que passer, qui (...)
... si, tout de même, un peu : émotion chaque fois renouvelée lorsque après de longues heures dans l’avion qui semble immobile au-dessus de l’océan sans repères le voyageur relevant les yeux de sur le livre ou le magazine qu’il était en train de feuilleter s’aperçoit soudain que vers l’avant tout l’horizon est obstrué par une côte — ou plutôt un continent — comme tout à coup matérialisé à partir du néant, et ceci non pas sous l’aspect habituel que découvre un voyageur regardant s’approcher une terre mais, au (...)
Dans le train pour Sainté à gribouiller sur un carnet le déroulement du soir à la bibliothèque de l’ENISE. Invitation du club littérature des étudiants là-bas, parler de création littéraire hybdride et comment dire multisupport. Ai construit une carte pour ça, via uMap, c’était l’étape marrante, après je me suis dit je vais broder sur ça. C’est ce que je fais dans le train pendant qu’une femme à droite dort, pète sa tablette, m’emprunte une prise pour charger ce qui tient d’ordinaire dans la paume de sa main. (...)
Je suis là quelque part à donner des cours de fractions poétiques à des profs. Je ne sais pas ce que ça recouvre exactement mais je parle, je sais que nous fractionnons. Je sais aussi qu’à un moment donné la chanson Kooks vient sur nous, s’instaure dans nos débats, dans la parole (tristesse). Sur mon Power Point il est écrit que Ziggy played guitar. C’est vrai. Il fait -1 feels -3 et je sens plus mes doigts à cause d’R. J’ai envie de mettre un accent circonflexe sur le o. Les jours passent vite, je perds (...)
Ce texte fait suite à l’invitation de Laurent Margantin d’écrire sur l’état de sécurité, et notamment l’assignation à résidence, dans le cadre de la web-association des auteurs et de sa proposition du mois de janvier. Il s’agit d’un extrait de la fiction Bajir à lire habituellement sur Wattpad, dont il constitue le douzième épisode. S’agissant d’un récit pour le moins aléatoire et éparpillé, la lecture des précédents épisodes est tout sauf indispensable.
Bajir est à la nuit offert. Il marche dans une rue (...)
Les bouts d’Ulysse, il y a un ou deux ans, faisaient une centaine de lectures chacun, là on tourne à trente. Avant, la mise en ligne s’effectuait à minuit pour livraison chaque matin dans l’écran, aujourd’hui on est sur une mise en ligne à l’heure exacte des faits (9h47 actuellement), on perd du monde comme ça. Faut-il revenir aux minuits ? Pas convaincu. Ici, c’est un truc qui me parle : modifier tout un passage pas transposable en l’état dans notre monde actuel, le passage du bétail en pleine rue à (...)
Soupir souffre, il ne peut plus manger, il doit se faire limer les dents, je suis seul cette semaine, H. est parti plus à l’ouest samedi à l’aube, j’ai besoin de me libérer du taf alimentaire quelques heures, je ne vais pas travailler ce matin, je verrai avec eux comment régler ça plus tard car ça n’est pas très important, je le laisse à la clinique des lapins (Soupir), je repasserai ce soir pour le récupérer, je me trouve à devoir grignoter quelque chose, midi, avant de partir travailler à treize (...)
Au rayon des chaussettes, des casquettes et des shorts quand soudain je découvre d’un oeil une série de tweets pour l’article de Laurent Margantin intitulé "En finir avec l’édition numérique et passer à autre chose". Une partie du texte a priori me concerne, c’est un exemple, pourquoi pas, mais tout d’abord je m’étonne : comment savent-ils que le Transoxiane un va paraître à partir de la fin de l’année chez un (sic) petit éditeur qui en fera dix ventes ? bien sûr ensuite je me souviens (le journal), je l’ai (...)
Retour à la vie grise et suffocante. J’attends treize heures pour lire mon oxygène, le web parabolique réverbé autre part. Trakl traduit par Laurent Margantin.
A côté du moulin, des garçons allument un feu. Le frère du plus blême est flamme et il rit enfoui dans sa chevelure rousse ; ou bien c’est le lieu du crime, à côté duquel passe un chemin pierreux. Les épine-vinettes ont disparu, à longueur d’année ça rêve dans l’air de plomb sous les pins sylvestre ; peur, obscurité verte, le gargouillement d’un (...)
Suite à la mise en place de ce que Laurent Margantin appelle la web-association des auteurs et suite aux diverses réactions ici & là je préfère mettre en ligne directement le journal du 020613 sans attendre les habituels quatre jours de décalage.
Ulysse : effacé la case traitement de texte de mon processus d’écriture, ça change tout. Tout est entré directement dans Spip qui monitore l’AàZ de l’écrire. Rendu ce processus possible en créant une page rubrique qui reprend tous les fragments en français (...)
Tellement couru dans l’un de mes rêves que j’en sors avec un clou réel planté dans le genou gauche et qui tape éveillé. Ensuite, comme un virus, la douleur se transmet d’un rêve à l’autre, suivant, c’est le fil rouge de quelque chose (mais quoi ?).
Ma mère a bien reçu mon livre et il la rend malade.
Tenté crire la carcasse. De zéro. Rien. Trois bribes :
« j’ai jamais bu un gramme de speed de toute ma vie je suis incapable de dire je on m’a jeté un sort »
Sors un peu, marché même malgré le genou jusqu’à (...)
D’autres yeux gauches vivent captifs dans le mien et ils tentent de s’extraire. Parfois de longues périodes d’épuisement où le globe ne bouge pas (longues à l’échelle du jour).
Des feuilletons web à lire il y en a (en ce moment Planche d’Antoine Emaz sur Poezibao, incontournable, la route de Seb Ménard aussi), on rajoute également ce voyage aux îles Kerguelen de (?) Laurent Margantin, et la série M.E.R.E de Julien Boutonnier. Demain découvrirai ce truc, ça s’appele Mettre au secret. Egalement aujourd’hui (...)
Je vous salue, trains lourds de métal hurlant, caténaires dépeçant la nuit. Je vous salue, mignons animaux juteux sur le pare-brise gluant des camions. Je vous salue, terrines de porc cuit. Je vous salue, terriens patibulaires.
Lucien Suel, Théorie des orages, Publie.net
Comment vider la tête, et avec quoi et quand ? Pas un jour cette semaine sans qu’elle cogne. Levé matin 5h pour avaler ma drogue (un D, un F) puis recouché. Ensuite mieux. Je m’occuperai de ça en même temps que tout le reste : (...)
Je vais d’abord vous décrire l’appareil, je vous montrerai son fonctionnement seulement ensuite, pour qu’il vous apparaisse plus clairement. Une roue dentée du traceur est trop usée : elle grince pendant que l’appareil fonctionne, et on peut à peine s’entendre ; il est hélas difficile de se procurer des pièces de rechange ici. – Donc ici c’est le lit, comme je vous le disais. Il est entièrement recouvert d’une couche de coton ; vous saurez pourquoi par la suite. Le condamné est couché à plat ventre sur ce (...)
Tetsuo (Akira)
Les brins de pisse des clebs, gelés, scintillent au sol. Joachim souffle. Un arbre est tombé sur la voie. Une tête patiente, pénible au quai, depuis 7h14. Je fais un mail au pouce pour prévenir de mon retard. Je croise un crabe en survet rose. Ses gants sont des tongs.
J’ai vu hier, sans voir, car zappé, le Ce soir ou jamais daté du 13, dont le débat autour des liseuses numériques avait si peu d’intérêt. Mais je m’amuse d’encore entendre cet argument selon lequel on ne pourrait pas (...)
Tape dans Google l’expression voyage, et le blanc de la page te sort voyage sncf. Tape dans Google l’expression voyage d, et le blanc de la page te sort voyage dernière minute. Tape dans Google l’expression voyage da, et le blanc de la page te sort voyage dans le temps, suivi de près (mais devançant toujours) les expressions voyage dans l’espace, voyage dans les îles, voyage dans l’anthropocène et voyage danemark. Je n’invente pas : Google me le raconte.
Par la fenêtre se balancent deux corps qui (...)
De l’autre côté, tout était clair. De l’autre côté, je voyais tout, j’observais tout. Jamais on ne s’adressait à moi qui étais de l’autre côté, dans un univers totalement séparé du leur. Dans la rue, ils passaient à côté de moi comme si j’avais été invisible ou comme si je n’avais pas existé, certains me traversaient même. Pour eux je n’étais rien, pas même une étrangère, tout juste une ombre qui passait, et surtout pas leur ombre. De l’autre côté, j’aimais les voir sans qu’ils me voient, j’aimais passer au milieu (...)