Isidore Isou



  • 250216

    30 mars 2016

    Quand on n’en considère que l’extérieur, l’encyclopédie Serpentiana se présente comme un assez gros volume relié en peau de serpent. La couverture ne porte que le titre calligraphié, sans nom d’auteur, ni année ni lieu de parution. Pourtant, à l’instant où l’on ouvre ce livre, cette banalité vole en éclats comme explose un gros zeppelin. Bien que la Serpentiana ait apparemment un nombre de pages déterminé, le contenu de ses articles est illimité. L’encyclopédie ne manque jamais de s’ouvrir à la page où figure l’article qui importe au lecteur. C’est alors que, non sans ahurissemment, on le constate : la Serpentiana n’a ni début, ni milieu, ni fin ! Il n’y a là que ce qu’on lit. La succession infinie et insondable des notions s’y déroule dans un ordre conforme au véritable besoin de savoir du lecteur.

    Goran Petrović, Atlas des reflets célestes, Noir sur Blanc, traduction Gojko Lukić, P. 87-88

    Je suis dans une librairie genre Dialogue pour écouter quelqu’un parler de quelque chose (je n’écoute pas réellement, je cherche le livre de Marc Perrin qui s’appelle Spinoza in China et dont je ne sais jamais s’il est bien paru). Ce n’est pas très clair, mais quelqu’un qui m’étrangle, là, c’est une femme. Et après qu’on m’a étranglé, j’entends quelqu’un médire sur les bruits que je fais pendant que je meurs, que ça gêne l’assistance. Ce livre est paru au début des années 90, le livre-serpent est une incarnation antérieure d’un truc appelé Wikipédia. Je n’ai pas de prise sur ce livre. Dans le bon et dans le mauvais sens du terme. Ici chez Bergounioux : Dans un maigre, juste avant que l’eau ne brise sur une crête de galets, nous voyons le sillage d’un poisson qui s’enfuit pour revenir, quelques secondes plus tard, à sa place. Qu’est-ce qu’un maigre ? Pas le poisson. Je le trouve quelque part, c’est la partie d’une rivière où l’eau manque. C’est suivi d’une citation : Faire le rétrécissement du lit de cette rivière aux endroits des maigres et des gués avec des demi-chaussées, et faire quelques creusements de bancs de rochers et nettoyement des graviers. 1 Chez Charybde où BV joue les libraires d’un soir, une phrase : la phrase la poésie dilate les vocables (ou alors dilate les voyelles). C’est d’Isidore Isou. Le livre pèse ses 1500 pages pleines. Je suis tenté mais non. André est là et nous parlons du Mozambique, du Cap vert, de la Pologne. De Gabriel Josipovici. Le concept est sympa : il n’évoque que des livres bizarres, oubliés ou frôlant l’indisponibilité. Noté le nom d’Hubert Antoine. Puis, surprise, au sujet de l’édition Cent pages : Zonzon pépette, un maître livre, un style étincelant. Faut que je le dise à Roxane.


  • ↑ 1 Lett. etc. de Colbert, IV, 548.