![]() 1er mai 2011![]() Tape dans Google l’expression voyage, et le blanc de la page te sort voyage sncf.
et j’aimerais bien lui emprunter son cran d’arrêt à lame qui se bloque et le passer moi-même à travers la fenêtre pour y couper les cordes, les mousquetons, les baudriers, et puis ensuite voir apparaître les deux bonhommes qui viennent m’en coller une après avoir littéralement remonté le temps pour que je ne les assassine pas, oui mais dans ce cas qui sont ces deux cadavres démembrés qui se répandent quelques étages plus bas ?
À une époque, derrière mon bureau littéralement, je comptabilisais tous les textes arpentés, par hasard ou par goût, et qui avait rapport au voyage dans le temps. C’était involontaire, c’était inattendu, c’était coïncidence. Cette semaine j’ai appris que la dernière usine à produire des machines à écrire avait cessé l’activité, et que la machine à écrire (une arme d’après Kofler) était par conséquent devenu officiellement un objet du passé. Mais nulle trace dans ces articles qui font références à ce non-événement de la fameuse machine à écrire à voyager dans le temps à laquelle j’ai pourtant rêvé et dont Google ne me donne aucune résurgence, où que ce soit, à n’importe quelle époque, futur, passé, présent. ![]() ![]() 13 mai 2011
« Ecrire, c’est marcher en montagne dans sa tête. »
Werner Kofler, Derrière mon bureau Nombreux sont ceux qui, comme moi, ont fait de l’excellent blog d’Eric Bonnargent Bartleby les yeux ouverts une étape indispensable de ce qu’on appelle l’Internet littéraire. À présent que ce blog est fermé (Eric Bonnargent co-animant depuis quelques mois un autre site, L’anagnoste, que l’on recommande également au passage) il débouche sur un livre, dont le titre décalé interpelle. Atopia, petit observatoire de littérature décalée n’est pas une adaptation copié/collé du blog en livre mais bien la synthèse d’un travail effectué sur le net durant trois ans et demi. Ce texte, plutôt élégant et très bien organisé, se propose d’explorer en particulier la notion d’atopia (sur laquelle nous allons revenir), le tout à travers la littérature contemporaine sans restriction de langue ou de frontière. Atopia est édité par les éditions du Vampire Actif, à qui l’on devait déjà l’excellent La vieille au buisson de roses (dont j’ai déjà parlé il y a plusieurs mois ici-même).
Voilà la première définition lancée par Eric Bonnargent en préambule de son traité. Ce paragraphe apparaît dans une introduction intitulée « I would prefer not to », clin d’oeil au Bartleby originel, sans doute l’un des atopos en chef des personnages de littérature (et, à travers lui, on pense bien sûr aux livres de Jean-Yves Jouannais et d’Enrique Vila-Matas qui ont contribué chacun à sa manière à explorer la question). L’autre définition de ce terme avec lequel on n’est pas, a priori, spécialement familier, se construira au gré de l’écoulement du livre, à travers les quelques trente œuvres présentées au sommaire. Le voyage s’effectue via les livres des autres, à travers la fiction, voguant sur « le fleuve de fond de la littérature qui ose explorer l’envers du décor », comme l’écrit Antoni Casas Ros dans sa préface.
Atopia est découpé en dix grands axes (que l’on peut consulter en accédant au sommaire sur cette page). Entre chacun de ces grands axes, Eric Bonnargent y intercale de courtes citations d’auteurs qui auraient pu figurer parmi ces pages mais qui n’y sont pas. Ils participent au livre sans y être. Ils sont eux-mêmes atopos en cela. Comme toujours, les citations sont parfaitement choisies et découpées, elles ne sont pas là pour la forme : elles aèrent, elles appuient le tracé mis en place dans le livre. « Il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer », écrit Beckett dans L’innommable. Il s’agit d’une de ces citations d’entre-deux, flottant entre les pages, aiguillant discrètement la lecture.
Atopia défend de toutes ses forces une littérature exigeante, une littérature qui a du corps. Une littérature, quelque part, assez désespérée aussi, comme on le lit au sujet de L’écrivain et l’autre de Carlos Liscano :
Le désespoir, l’impression permanente d’être résolument étranger à ce monde en mouvement qu’on ne fait que traverser, c’est un des points récurrents dans les œuvres choisies. « Les choses sont pareilles aux choses » d’après Antonio Caballero (P.209). D’ailleurs, l’atopia est un symptôme dépourvu de traitement : on ne s’en défait pas. Les dix grands axes présentés par Eric Bonnargent sont autant de pistes pour évacuer ou accepter cette condition mais « rien n’a d’importance » pour reprendre ma citation de tout à l’heure, ou plutôt : rien n’est suffisant. Probablement car le lecteur est de mèche. Celui qui lit est lui-même en pleine atopia, en train « d’échapper au réel et de le nier ». Avec ce Petit observatoire de littérature décalée on se décale encore : voici trente œuvres ou trente auteurs à découvrir ou à approfondir à la lumière d’une analyse personnelle et vivante. « On vit ou on lit », écrit Eric Bonnargent un peu avant la fin du livre. Lecteurs, nous sommes à notre tour condamnés à l’atopia, cet exil immobile dont l’atmosphère nous est si familière. Voilà aussi l’objet de cette lecture car, oui, nous avons nous aussi choisi de lire, autrement nous ne serions pas là. ![]() 16 septembre 2011![]() Les jours raccourcissent. J’en suis au stade de la fiction mentale : ces idées que je disperse, sur le papier dans ma tête, puisque jamais écrites ne sont jamais gâchées. Je me retiens de tout écrire, de commencer le sacrifice. Et tout est beau, tout est vrai, tout est brillant tant que rien n’est posé, encore moins dit. Mon odyssée cosmique, « vies // », n’a toujours pas de titre. Pour ces mêmes raisons ça me soulage, mais, fatalement, du coup, je ne peux pas le taguer dans ce journal. Je crains pour la traçabilité de l’ébauche dans le temps. T majuscule plutôt.
![]() 22 septembre 2011![]() On me prend pour un autre. Une station de radio inconnue me réveille à heure fausse : « ravalez les cartables », qu’ils disaient. Une vitrine du Printemps, boulevard Haussmann, m’adresse automate la parole, d’outre tombe sans doute : la voix se signe Alexander McQueen. Suicide-moi, pourrais-je te dire. Je n’ai pas trouvé Werner Kofler. J’en suis réduit, ici Fnac, à le chercher. Je bute sur les K. L’ambiante médiocrité bute sur moi, Matriochka (cliquer)Elle aime lire, il lui dit, elle aime assez lire. Perplexe la vendeuse au gilet. Mais encore ? Elle aime les auteurs russes. Ok, dit le gilet, allons voir côté Tolstoï. Oui, dit-il, oui mais pas trop récent. toute la journée elle bute, Matriochka (cliquer)Grand Corps Malade c’est super. Vraiment super. Profond. Ça te tripote le cœur. Parfois le rap c’est violent. C’est la violence le rap. Sauf lui. Et comment qu’il s’appelle… Zola ? Non… Si… Voilà… Emi Zola. Lui c’est plus vieux mais c’était bien aussi. et tout d’un bloc Matriochka (cliquer)Les chinois faut qu’on arrête un peu ils sont pas pauvres ça non. Si tu voyais tout ce qu’ils dépensent en trucs de luxe. Vuitton tu sais. Mais c’est une autre culture là-bas. Et puis z’ont pas besoin de manger grand-chose, un bol de riz ça coûte pas cher. je suis buté. Sur les rayons je vois le Providence papier, bien plus épais que celui commencé cette semaine sur ma Sony et qui me déçoit, je crois, assez. J’arrache des pages à même la poche de certains livres vus. À l’aide de l’œil, avec l’iPhone, je vole, ne serait-ce qu’une image, la leur, qui sait peut-être un peu de leur âme aussi. Ce que je lis sur les premières pages de Chiens féraux me désespère. « Apporteur d’ouvrage » et pas co-édition ? 2 Première édition ? Pré-édition ? Le numérique voilà ce qu’il vaut. Ça ne m’empêche pas de payer, papier, Le Centaure dans le Jardin de Moacyr Scliar, et tant pis pour le stock, ici, Y., de ces tonnes de papier qui font masse. Il faudrait vivre à la place pour découvrir de l’intérieur la vie des autres. Désespérante. Bien sûr que je les juge, je dis à H., la nuit tombée, veille d’aujourd’hui, au coin de la rue qui mène chez nous. Bien sûr que oui. Je dors dessus.
![]() 8 octobre 2011![]() Je finis par trouver la Baleine de Paul Gadenne et c’est 38 pages, 7€. Je pourrais poursuivre, dans ma tête donc ici, le projet fictif de cartographie de la misère ambiante. Je retrouve H. quelque part dans l’Octobre ou bien lui me retrouve. Il y a d’abord ce type croisé tous les matins, même tunnel, même figure, qui me demande cinquante centimes, depuis peu un euro, tout augmente, mais que moi tous les matins j’ignore. Celui qui avec soin choisit le bon carton sous l’oeil des banques et du boulevard en fin de journée. Celui avec le vieux chien sage qui monte la garde. Ceux-là trois allongés devant les ascenseurs et derrière eux l’affiche pour le film Le monstre de Paris ; j’aimerais les prendre en photo (l’affiche le titre), envoyer la photo à Christine Jeanney pour une de ses listes mais les portes se ferment. Ces autres trois sous la tente, bleue la tente, derrière maison abandonnée, pêchent à la Seine, bien haute la Seine, feu sous la tente. Et pour rebondir sur le texte de François Bon ce matin ce bidon-ville tous les matins, à gauche après la page, derrière la vitre, jamais les soirs car du mauvais côté du train pour voir, entre le bras autoroute, le RER et le nouvel hosto de la ville de C. Celle sous terre à genoux devant les tapis roulants. Celle et son gosse, dans les wagons, à l’envers du sens de la marche, et des centimes en paume, et la paume vers la poche. Je perds, ou crois perdre, un billet de 20€. Je ne trouve chez Shakespeare & Co ni le Black Herald 2 ni le bouquin de Kathy Acker que j’aimerais y voir. Quant au Werner Kofler, que j’ai cherché ailleurs, il n’y est pas, n’est pas sorti et paraîtra plus tard. 7€, 38 pages, ça fait 18 centimes la page. J’achète, avec ce presque livre, quelques piles rechargeables.
![]() 9 décembre 2011
Il fallait que je me trouve, pour moi-même, des objectifs, gratuits, pour 2012, que mon N+1 pourrait inscrire noir sur blanc sur une feuille, papier, censée contractualiser nos accords, informels, pour l’année à venir. STAT m’a confirmé vouloir me prolonger en CDI, ma bouche a dit super. Je n’ai encore rien signé, ce qui me laisse une porte de sortie, car mon corps de lui-même fuit tout CDI, et si je pouvais tout juste vivre de CDD tous les six mois renouvelables, je serais moins amer fondu. Une de mes collègues, migraine, me croisant là sur le couloir du retour vers mon cube, me demande si c’est bon, et derrière mon oui tête, me dit : c’est quand même un beau cadeau d’noël que la boite elle te fait. Plus tôt dans la journée, elle m’a aussi lâché : un livre, une fois que tu l’as lu, à quoi ça te sert ?
![]() 17 décembre 2011![]() J’avais dit à H. : on a rendez-vous à 15h, j’y serai à moins le quart, eux à l’a-demi (et c’est le cas). Je le répète indemne à V., pris dans l’Escalator qui nous arrache au ventre. N. est derrière qui feuillette une pub de lingerie. J’ai eu le temps, les attendant, de filer dans le cinquième, librairie Compagnie, n’y pas trouver Hôtel clair de crime de Werner Kofler, en choisir un autre à la place, les Leçons sur la langue française de Guyotat, me prendre sur la gueule de la flotte, revenir, me poster sur mon X, attendre encore un peu, avant de pouvoir leur en faire le récit exhaustif, par pur soucis de culpabilisation. On se pose au Molière. Y parle.
Je n’avais jamais mis les pieds à la BNF, pas plus que je n’avais ouvert, jusque-là, de Boris Vian devant mes yeux. Un fantôme de moi se rappelle d’une époque où il n’y avait pas, autour, tous ces bâtiments neufs de beaux quartiers d’affaire. Je passe un peu à l’ouest de l’expo elle-même (je mens, me rajeunis pour passer sous la barre du tarif réduction), prends en photo cette phrase, trouvée con. V. elle me dit : comment tu peux la trouver con cette phrase ? Mais moi : la vraie question c’est comment toi tu peux ne pas. On y rejoint C., avec qui j’ai traversé une partie de mon cursus scolaire, avant de la retrouver par hasard à la fac ; depuis la fac, justement, nous ne nous étions pas revus. En quittant la BNF, pas de Kofler non plus. Je mate la maquette dans le couloir, et les petits piétons fictifs collés dessus (car j’en suis un).
Par la 4 atterrissons à Alésia, puis chez F., une fille avec qui paraît-il nous aurions partagé une année de fac, avant que je m’en aille. Elle est aujourd’hui journaliste politique et moi je fais comme si je me souvenais d’elle (c’est-à-dire rien). Mais préviens : je reste pas. Rentre très tôt par le dernier direct. Je file à V. un sac qu’un de ces concours de circonstance m’a collé entre les mains la veille. Poreux je fais encore le robinet, me barre. Avant cela prononcé quelques mots, pas plus, quasi aucun réel, comme souvent.
![]() 23 décembre 2011![]() Un type s’est jeté d’un pont, gare de V., en fait j’ignore si c’est un type, et j’ignore s’il est, déjà, encore, mort. Hier, retour taf pour mon dernier jour de l’année, retard X minutes en arrivant à C., j’ai poussé avec mon crâne le train, tiré par des chameaux, pour qu’il arrive en gare d’Y. avant que H. n’en parte. Je l’ai attrapé, cinq minutes avant départ, nœud pap, étreinte comme avant des absences de six mois, et non six jours. J’ai écrit quelques fragments d’Accident de personne sur les suicidés des hauteurs ; peut-être est-ce l’un d’eux ?
J’arrive Gare de Lyon sept minutes avant départ du train, n’ai pas la temps, à la borne, de retirer, papier, ma saleté de billet et monte dans la machine à l’instant pile où la machine des rails s’arrache. Quand je raconte mon problème au contrôleur, le contrôleur me dit : plus tard (mais ce plus tard, fictif, n’a pas de présent). Y a un mec à ma place numérotée : montrez-moi votre billet, il me dit. Mais j’ai pas mon billet. J’ai traversé toute cette foutue rame en sens inverse et je repars. J’demande à un type de première classe si, là, le siège voisin est libre, il me dit que non, je sais que c’est faux, il sait que je sais et je sais qu’il sait idem. Nos yeux s’échangent des doigts. Je retraverse la rame dans l’autre sens. Me suis posé dans l’escalier, précisément où, pendant combien de mois, j’ai collé le narrateur de Coup de tête, dans son aller vers les Deux Alpes. J’ai calé Soupir entre mes pompes. Un abruti m’a dit : on peut l’manger ce lapin ? Un autre abruti s’est planté devant la porte des chiottes pendant vingt-cinq minutes sans que jamais l’idée lui vienne d’aller tenter sa chance juste à l’étage du dessus. Je me suis quand même dit, barre blanche plantée travers les reins, Vian dans la main, musique de Moon, que c’était quand même magique, le train. Arrivé à Lyon j’ai trouvé un vrai siège où m’asseoir, j’y ai terminé Vian, Soupir s’est allongé dessous mes doigts et s’y résigne.
V. m’écrit (défilent des paysages aveugles et matés par les parois du train, tout contre suraigu l’angle des marches) : « Un jour je téléphonerai ». Dominique Fagnot me demande, via Twitter, si j’ai enfin trouvé le fameux Kofler et me recommande lecture d’un article passionnant intitulé « Fétichisme de la marchandise digitale et exploitation cachée : les cas Amazon et Apple ». Je lui réponds, dans l’ordre, que non, et que c’est bien pour ça qu’il faut impérativement, chacun, à notre foutu niveau, s’approprier le web. Mon attachement à Publie.net, comme au(lec)teur, vient, sans doute, aussi, de là. Ce soir, crevé par les jambes, les kilos de la valise, les vibrations des rails répercutées sur ma colonne, je me poserai devant l’écran, dirai à J., aussi vide et absent et muet que moi-même, que toujours de retour chez mes parents je ressens le besoin, l’envie de me poser ici et d’ouvrir MSN comme des années plus tôt. Je feins d’ignorer que mon adolescence a eu lieu un peu avant l’arrivée d’MSN. On se parlait, avant, sur des chans IRC.
Demain je me verrai dans le grand miroir et ne pèserai pas plus, pas moins, que ce que mon corps pesait, quand il était mon double, et qu’il avait seize ans, dix-sept, avant-hier soir, je crois, à peine. |
![]() 1er février 2012![]()
Crois-moi j’en ai les doigts caillés. A cause du froid les téléphones sont pas livrés. Appelez SFR m’a dit le type, indésirable, du point relais colis, et je le fais, un certain J. du service client nuit m’informe que tout va rentrer dans l’ordre, et par tout j’aimerais comprendre tout ; je crois à son hypnose.
Rentrant, H. m’apprend que les lapins ont mangé la télé, la PS3, la Wii et mes deux trains de retour. Je me demande si, karmiquement si, cette belle idée Ulysse vaut bien sacrifice de quelques biens matériels périssables. Le détecteur d’humidité indique (faich’) 48. ![]() 29 février 2012
On existe, puisque c’est bissextile. Idem hier. Idem la veille d’hier. J’ai pas eu le temps reprendre aux doigts le clavier blanc pour rendre compte.
![]() La rencontre c’est pas moi qui rend compte mais c’est eux, via Twitter, hashtag #vissac. Suis arrivé 13h37. Un quart d’heure après c’en était 16.
Après l’échange je signe, via stylos bleus, verts, roses, et des fois noirs du papier. Aurais pu, tout aussi bien, dédicacer sur téléphones de poche, au cutter sur l’écran, des charabias indélébiles. Juste avant retrouver H., plus tard, place de la Liberté, je remonte, au pouce, le fil twitter #vissac pour vérifier, peu sûr, que j’ai pas dit de conneries, ou pas trop.
Dans le sable compter : six donjons, une douve, un message en grandes lettres bâtons, quatre pattes et deux paires de pompes nôtres, un crabe (mort), un babet (vivant), un bâton à jeter pour Nesko qui rapporte, quelques autres grains de vie et des algues en extase. Le soleil se pointe. Demain repartir, c’est-à-dire aujourd’hui 29, puisque nous existons, puisque c’est bissextile. ![]() 3 mars 2012![]() Emmenons mes parents où Paris se détruit (un tour) avant (Fresco presto) de boire quelques mozzarellas crémeuses (et burrata). Sur les quais de Seine le tome deux de la correspondance d’Ulysse, pardon, de Joyce. Puis Le marasme chaussé (finalement), Hôtel clair de crime (enfin), Beaucoup de jours (sur Joyce). Dans Notre-Dame un X nous lâche qu’il est déçu et une bonne soeur (la paume) à la fin sort la manche. ![]() 6 mai 2012![]()
La troisième et dernière et quasi incompréhensible partie d’Hôtel clair de crime (qui ne correspond pas au passage recopié ci-contre) campe un écrivain, qui est peut-être le narrateur, observé depuis une fenêtresurcour par un détective, qui est sûrement la narrateur, de sorte que chacun s’observe quasi schizophréniquement. Bien sûr, je me suis souvenu de ce récit de Paul Auster, Ghosts (Revenants), le deuxième texte de la Trilogie New-Yorkaise, dans lequel un détective poursuit une ombre issue sans doute de lui. Je n’ai pas eu de mal à trouver, pirate, une copie Epub de ce texte. La Trilogie New-Yorkaise, c’est le premier livre d’Auster que j’ai lu, assis par terre, à seize ans, pioché dans la bibliothèque familiale. À dix-sept, le premier lu en anglais. Alors je m’en souviens. Pour le reste, bien sûr que j’ai voté, oui mais voté la tête ailleurs, alors être incapable d’aucune certitude quant à la gueule du fatidique bulletin plié dans l’enveloppe. |
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Quand j’écris, je travaille par séries : j’ai plusieurs chemises où je glisse les pages qu’il m’arrive d’écrire, selon les idées qui me passent par la tête, ou même de simples notes pour des choses que je voudrais écrire. J’ai une chemise pour les objets, une chemise pour les animaux, une pour les hommes, une pour les personnages historiques et une autre encore pour les héros de la mythologie ; j’ai une chemise sur les quatre saisons et une sur les cinq sens ; dans une autre, je rassemble des pages sur les villes et les paysages de ma vie et dans une autre encore celles sur des villes imaginaires, hors de l’espace et du temps. Quand une chemise commence à se remplir, je me mets à penser au livre que je peux en tirer.
Italo Calvino, Les villes invisibles, Préface, Points Seuil, traduit par Martine Van Geertruyden, P.1-2.
↑ 2 Chiens féraux, publié il y a plusieurs mois en numérique chez LC Editions, a été repris en version papier par les éditions Anne Carrière.
↑ 3 Que je termine trois jours plus tôt, heureux d’avoir connu, outre la première moitié fictive de Vies de saints, le premier livre plein de défauts mais si jeune d’un auteur qu’on a, bien des années plus tard, adoré dès Mantra.