Dimanche, en rentrant, j’ai passé une main dans la toile d’araignée qu’il y avait entre la cloche et la porte (la sonnette ne marche plus, il y a une cloche à la place). Si je l’y avais laissée, on aurait pu prendre ça pour une décoration d’Halloween. Pour une fois, on avait pensé à acheter des bonbons en prévision de la soirée d’hier, mais dans les faits peu d’enfants sont venus pour en faire la rapture, et H. m’apprend que chez ses parents, en plus des enfants, des cavaliers sont passés dans la journée pour demander, plutôt que des bonbons pour eux-mêmes, des carottes pour leurs chevaux. C’est une belle histoire d’Halloween.

Je crois que, sans doute, il se disait en chemin : "Il y a encore loin, encore trois rues à vivre ; je passe celle-là, il restera encore celle-là, et puis encore celle-là, avec le boulanger à droite... tout ce temps qui reste d’ici au boulanger !" Autour de lui, les gens, les cris, le bruit, dix mille visages, dix mille regards, tout ça, il faut le supporter, et surtout, cette pensée : "Eux, là, tous ces dix mille, on ne les exécute pas, et moi, on m’exécute !"

Dostoïevski, L’idiot, Vol 1, Babel, traduction André Markowicz P. 117