Mon train de 6h35 est annoncé avec un retard de 25 minutes pour cause de heurt avec un animal, ce qui suscite une certaine hilarité sur le quai. Moi, ça ne me fait pas rire. Déjà, parce que l’ironie de la situation veut que mon train était initialement à 7h, et que je l’ai changé vu mon heure matinale de réveil (4h20), pour que finalement ça revienne au même. Ensuite parce que techniquement, l’être humain est un animal. Enfin car j’ai de la tendresse pour les sangliers (puisque c’en était un). Ce que je peux dire en revanche, c’est que les gens ont l’air aussi équitablement grotesque en se la jouant sérieux et concentré en costume sur un quai de gare à l’aube qu’ils le sont quand ils se mettent à ne plus porter du 15 juin au 31 août que des shorts de bain. Au bout de l’autre quai, à Montparnasse, nous serons plusieurs à nous retourner sur le museau du train. Mais nul stigmate témoignant de la violence du heurt. Autre violence du matin : la politique budgétaire n’est autre qu’une quantification des priorités politiques. Régulièrement moqué pour les piètres capacités linguistiques de ses concitoyens, la France est le seul pays de l’UE qui a inscrit dans sa loi dans le domaine de la lutte contre les discriminations la capacité de s’exprimer dans une langue autre que le français. Impossible de garder les yeux ouverts. Je confonds cigognes et écureuils. En temps cumulé, je dois dormir une demi-heure à mon poste, seconde après seconde. C’est une journée tout ce qu’il y a de plus animalière, alors même que je n’ai pas vu le moindre animal (si : un : Dune). Vingt-deux ans après la destruction des trois monumentales statues de Bouddha par les talibans, Bamiyan ouvre ses portes aux touristes. Cette semaine, pour une fois, je ne vois personne, et personne ne me voit. Je n’ai donc que deux ambitions. 1) Aller faire deux trois courses au Naturalia que j’ai découvert l’autre jour, coincé entre deux sexeushops, et 2) aller à la bibliothèque au coin de la rue B. Il fait si chaud que si fins qu’ils soient la seule chose qu’on aimerait faire des vêtements qu’on porte sur soi c’est de les enlever.

GV
mercredi 19 juillet 2023 - jeudi 2 mai 2024


Tatsuki Fujimoto, Chainsawman



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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)