J’expérimente la faim, non pas dans ce but précis, mais au hasard des circonstances récentes : je n’ai pas avalé de repas réel depuis samedi soir, repas à la Méloine de Morlaix. La douleur est presque musculaire, filaire, qui s’étend étoilée depuis mon nombril (autour, dessous), jusqu’aux côtes et thorax. La douleur siffle sous respiration, progresse interne à moi-même, dizaines d’aiguilles avalées qu’elle peut être, met du temps à se résorber, même la malbouffe n’y change rien ou bien si peu. Je note au vol ces sensations, qu’elles servent au moins à Coup de tête, que je puisse les porter jusqu’au texte sans encombre, sans faire d’histoire. Ces douleurs éparpillées portent pourtant le même nœud commun : nombril, sensible et pointilleux depuis mon opération d’appendicite en 2000 : fibroscopie par trois points d’entrée, dont le nombril. Peut-être que chez lui (le narrateur), le point d’ancrage est différent, fonction de son histoire personnelle. Je le vois bien se tordre sous les rayons aigus qui le tourmentent, droit comme un i, vertical dans son ascension à Val d’Isère, tenant tous ses organes à bout de bras, poignets, paumes, doigts. A bout de lui-même. Ce sera le point de rupture avant reprise du crescendo, selon la structure 505 empruntée à la chanson du même nom. 

.