J’adore est l’emblème d’une féminité audacieuse, puissante et assurée, le symbole du féminin absolu. Si je persiste à vouloir écrire Biopic malgré tous les signaux que m’envoie ce texte c’est sans doute 1) pour me prouver que je suis capable d’écrire un roman normé et 2) pour ne pas y avoir passé tant de temps pour rien. Comprendre sans doute les deux pires prétextes qui soient pour écrire quoi que ce soit. Chaque scène me semble être la scène la plus dure à écrire quand je l’écris. Revenant dessus X semaines plus tard, cherchant à repartir en arrière pour retrouver l’élan, oubliant tout des difficultés que j’ai pu rencontrer lors de leur écriture, je me dis : à ce moment-là c’était super facile en fait. Quand je n’écris pas cette scène que je n’arrive pas à écrire, je suis enfermé dans mes pensées. J’essaye de comprendre pourquoi je n’arrive pas à l’écrire. H. me parle et il y a un certain temps de latence. Je marche dans la rue jusqu’au U ou la Poste et je ne suis dans aucune des empreintes de pas que je laisse, ou pas, dans le sol. Le fils des voisins me dit bien civilement bonjour et je ne l’entends pas ni ne le vois. J’aimerais comprendre. Je crois comprendre ça : je n’arrive pas à dire (nous voilà bien). Je veux dire, je n’ai aucun problème à négocier des passages secondaires, des trajectoires, des mouvements, des choses hors champ. Mais dès qu’il s’agit de dévoiler un élément de l’intrigue, que pourtant j’ai fixé, puisque j’ai écrit un plan pour le moins scrupuleux, soit je me défile, soit c’est un fiasco. C’est artificiel à souhait et ça ne prend jamais. Si j’étais face à un manuscrit rencontrant ce problème, j’aurais tendance à recommander à l’autrice ou à l’auteur de faire confiance à son récit, ou à sa vision. Que cette incapacité à dire est liée à des doutes sur la valeur intrinsèque de son fil. Soit tu y crois, et tu y vas à fond, soit tu n’y crois pas et dans ce cas il vaut mieux écrire autre chose, ou aller autre part. Faire semblant ça rend service à personne.


vendredi 10 décembre 2021 - jeudi 16 mai 2024


(c) Atsushi Kaneko, Evol



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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

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