Je garde archivées dans un carnet les différentes anomalies du scénario. La première merde trouvée plantée publique dans le hall d’une administration (mais comment savoir qu’il s’agissait bien de la première, sachant justement que les premiers cas de merde n’ont pas éveillés de soupçons et n’ont pas été dévoilés à la presse ?) a été analysée puis fragmentée fonction des aliments ingérés la veille ou l’avant veille. Les merdes suivantes ont été étudiées de la même façon. Nous avons retranscrit des dizaines de prélèvement qui témoignent d’une évolution anarchique de l’alimentation du poseur : il s’agit bien du même modus operendi, d’accord, mais la teneur en fibres et la texture générale des merdes n’étant jamais identique, nous en venons à douter de la possibilité qu’il puisse s’agir d’un seul et unique poseur. Ma dernière remarque sur la question, inscrite crayon mine en marge du reste, indique qu’il est possible que le poseur organise et manipule son organisme et alimentation de façon à nous laisser croire qu’il ne serait pas seul. La dernière ligne du carnet poursuit cette hypothèse et la développe, stylo plume cette fois ci, mais l’écriture est tellement précipitée, datée d’une semaine après les précédentes, qu’il n’est plus possible d’en saisir ni le sens ni la texture, si longtemps après les faits.

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