En réalité, Le Chien du mariage est paru mercredi. Je dis en réalité, car je ne l’annonce qu’aujourd’hui. Je pouvais pas être partout. Ça prendra plusieurs formes : séries de photos sur Instagram, une publication sur le site, des partages de la page via FB et Twitter et un mailing à mes contacts. De quoi, allez, toucher quelques centaines de personnes susceptibles, je l’espère, d’acheter le livre et de le lire (et qui sait de l’aimer). Les premières réactions et les premiers retours sont touchants et c’est très important, aussi, de le signaler ici. Et parce que la vie d’un livre est brève, si frêle, je me suis mis dans l’idée, à chaque fois que je ferai paraître un livre, de prendre l’un de mes exemplaires, d’y écrire un mot à l’intérieur, et de le déposer quelque part (jamais au même endroit). Dans une boîte à lire, sur un banc, dans un parc. N’importe où. Dans ce mot, j’inviterai la personne, après avoir lu le livre, à le transmette à son tour à quelqu’un, ou à l’abandonner quelque part, de cette manière le livre vivrait sa vie propre. Idéalement, on collerait quelque part une puce (balise) pour géolocaliser l’objet et on suivrait le livre dans ses mouvements en temps réel comme on suit le parcours des animaux bagués après qu’ils ont été soignés dans des sanctuaires ou des associations. J’aime bien cette idée : relâcher un livre dans la nature sauvage (into the wild) pour qu’il vive sa vie propre. Un jour peut-être. Et cette histoire de livre errant n’est pas, en soi, très originale. Mais on se bat contre la durée de vie réduite des livres en librairie comme on peut. Voilà pourquoi je me retrouverai à laisser un exemplaire du Chien dans cette boîte à lire du 86, avenue Kleber, dans le XVIe, boîte que l’on retrouve dans cette Pomme de pain (ou pin, je ne sais plus s’il y a un jeu de mot). Peut-être l’est-il encore ? On est ici avec H. pour l’exposition Enfance du Palais de Tokyo. Nombreux sont les artistes exposés là qui ont notre âge. C’est quelque chose que l’on remarque. Dans une cuisine à la plastique un peu fondue, des êtres aux corps viciés. Lui (ou elle) aux mains coupées et le crâne recouvert d’une matière qui ressemble à de la terre labourée. Elle (ou lui), visage, thorax ouverts comme la tranche d’un écorché et des tiges arrondies qui s’échappent de ce qui lui sert de mains, avec à ses pieds un chien tout allongé aux pattes recourbées comme des feuilles. Ou bien, plus tôt dans cette exposition, une pièce plongée dans le noir avec, au fond d’une grotte ou derrière un filet, la queue toute écailleuse d’un monstre qui s’apprête à bouger. Vibrer. Tressauter presque. Alors on est dans l’imminence et c’est littéralement impossible de se sortir de ce moment puisque c’est sur le point d’arriver, même quand ça n’arrive pas. Quelque part, on y est encore.


mardi 25 septembre 2018 - jeudi 2 mai 2024




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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

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