Comme convenu, la température a chuté d’une dizaine de degrés. Mais à quel moment s’est opéré ce glissement du langage qui consiste à ne plus dire mon truc mais le truc qui est le mien ? Dans quelle mesure l’expression qui est le mien est-elle plus efficace, ou plus précise, ou plus nuancée que mon ? Et si elle n’est aucune de ces choses (plus efficace, plus précise ou plus nuancée), quel est le sens profond de ce retournement ? C’est quand même une formulation (qui est le mien, qui est la mienne) qui n’est pas du tout naturelle, et qui tend à déplacer l’accent sur un phénomène de propriété pure (mien, mienne) plutôt que sur le nom qui l’accompagne, censé être le thème de la phrase. L’Académie française s’en est d’ailleurs émue il y a quelques années 1, et nous voilà fin à suivre les recommandations de l’Académie française... Si bien que la phrase l’engagement qui est le mien n’équivaut pas à dire mon engagement mais engagement < moi. Mais ce n’est pas la seule bizarrerie de la journée : au-delà du simple fait que je me référais aujourd’hui à un passé vicié, un passé erroné du fait d’une erreur de versioning de fichiers (appelons ça comme ça), j’ai aussi eu la surprise de voir mon téléphone fixe, qui ne fonctionne plus depuis des mois et des mois, renaître de ses cendres à l’occasion d’un spam téléphonique à l’attention de Miguel Sancho. Ça faisait longtemps. Ça a presque pu m’émouvoir (non). Et il faut que je passe un peu de temps à préparer le premier envoi du journal mensuel, sous forme d’une newsletter. Au cours de la soirée, JS me proposera de reprendre Transoxiane au sein de l’application de lecture pour laquelle il travaille à présent, et qui se spécialise dans les fictions courtes par épisode. Je ne sais pas encore quoi en penser parce que, dans mon esprit, c’est une série qui mériterait que je m’y replonge, et éventuellement que je la réécrive en partie. Il va de soi que ce n’est pas du tout d’actualité maintenant. Alors je fais précisément ce que je lui dis que je fais, par message interposé. Je réfléchis.


dimanche 5 mai 2019 - jeudi 25 avril 2024




↑ 1 « Il serait sans doute possible d’éviter la prolifération, en particulier dans le discours politique, de formules dont le caractère emphatique masque mal la vacuité, comme l’engagement qui est le mien, les responsabilités qui sont les miennes, les valeurs qui sont les miennes. »

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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)