8 janvier 2010Ils ont relevé ailleurs, quelque part dans un coin de l’Essonne, une température de -20.6°, record de l’hiver, pas très loin d’ici. À J., ce matin, la ligne C éteinte, les caténaires gelées, ont fait refluer sur les quais des foules compactes de visages séchés par le froid. Le train entre en gare lentement, frôle les anoraks au bord, un pas de trop derrière pourrait cisailler un membre devant, mais non. Les corps basculent à l’intérieur du train : les wagons penchent. Après avoir repris sa course le train gèle, le froid durcit l’intérieur des vitres, il progresse à l’oeil nu. Il cisaille la moitié du paysage (casse automobile à l’arrêt, montagne de voitures prises sous pyramides de neige, autoroutes de brouillard et parkings ensevelis) avant arrivée Gare de Lyon. Croquis #16 pris entre Y. et J. 3 février 2012
Froid glacial. Mes mots pensés vapeur velue sur mes deux verres. Un onc me lâche qu’il y a « lapsus au niveau du comprendre ». On m’extirpe des stats, et à la seconde prêt. Ils maintiennent l’aérien. Sous leurs doublures polioester les corps hachés des trains chlinguent les penne bolo. Je me faufile une place assise.
Et moi, qu’en tire-t-on de ma fréquentation ? On en a vu des ciels palpables qui se sont mis à crépiter. De suite fondus dans l’orbite gauche. Le sang a bien pulsé et les idées bien rouges. Mais si je dois un jour consulter pour mes migraines, j’attendrais, d’abord, d’avoir complété scrupuleusement le fameux journal des activités migraineuses et je ne sais quoi, qui peine à décoller après dès 2009. D’après chaque lettre lue, tout est urgent. Attends, je sors. Je pars m’acheter un pull au Gap d’en face. 10 février 2012Quel âge ai-je ? Dépend de la personne en face la mienne. Je me réserve le droit (pirouette) de malmener très légèrement l’état civil (le mien). Quatre ou cinq ans maxi. C’est quoi, sur une vie, quatre ou cinq ans maxi ? C’est que dalle. C’est que dalle...
Chiffres : tombé -8°, dedans dessous les fatidiques 40% d’humidité, à l’intérieur la tête c’est pire. Je copie quelques 600 lignes Excel pour statistiques minables à rendre avant deadline mardi 14. Explosé, le budget Dubrovnik compte bien 6 chiffres. Besoin de pioncer 12 heures. Demain dirai à V., via l’écran, clavier, quelque chose dans ces eaux là (glacées).
Par dessus Jünger et via Œuvres ouvertes j’ouvre, à mon tour, le Journal de la crise, 2006, de Laurent Grisel et me dis quelque part j’y étais. Quelque part super localisé et vide : à l’intérieur de toute ma propre tête.
Des gars en bleu posent carpette rouge dans le hall, l’escalier du bureau, les étages, pour faire bien. Dans ce même hall, galerie des glaces, chaque matin il attend, chaque soir attend idem. C’est un type qui se laisse enfermer pour fuir, chaque soir, matin, face à son propre reflet, les -8° du dehors. Plus tard, bouffer, une fille au comptoir : vous avez quoi pour moins de 1€ ? Le sol est sec, si sec, que sous nos pompes c’est blanc. 13 février 2012
Le mercure (c’est-à-dire nos pixels embués sous la couche LCD de nos petites météos portatives) remonte. Zéro poudre fumée hors de ma gorge ouverte (dehors patiente). Un mec (ce mec) attend le train comme chaque lundi au même endroit et moi, au même endroit comme chaque lundi devant le train venant, je le prends (paume), fictive photo carrée (Brannan le filtre).
Matriochka (pour déplier cliquer)Je me souviens le voir encore, posé, sur la plage arrière de la voiture (une rouge ?), près de là, proche Fouras, où l’on devait ramasser des babets gigantesques (dont certains sont encore parmi nous). Ma tante l’a offert à mon frère et moi, le voyant, mais alors ne lisant presque rien, je me suis dit « lui le lirai ». Et ensuite, idem, lirai le Seigneur des anneaux (tatatin !). Le Seigneur j’ai fini par le lire, bien des années plus tard, toute une année, 3ème durant. Sauté la case Hobbit. J’y suis. Me souviens de sa tête en papier (probablement encore chez mon frère, en bas).
6 décembre 2012On va tomber sous le celsius zéro dans la journée, le ciel le dit. C’est l’époque des douleurs cervicales car on rentre nos épaules dans un col pour se soustraire au froid. D’ailleurs : du parmesan râpé sur les marches du métro. J’apprends les difficultés que traverse le très bon site Owni et je regrette, par anticipation, déjà un web sans lui. Reconnais quelqu’un tout proche, fais semblant de pas l’avoir vu, lui aussi. Quelqu’un tue un dragon. Relever la tête c’est vertiges et frissons. 22h10 sur Spip : réussi en dix minutes sans y penser ce que suis pas parvenu à faire durant deux jours week-end dernier : l’affichage optimal du plugin révisions. 14 janvier 2013
Le ciel gorgé de neige. Couleur taupe dans les gris. Bientôt faudra couvrir la peau là où la peau dépasse et redire les degrés. C’est triste comme voir un gosse seize ans en costume pompes en cuir. J-1 pour renouveler le domaine omega-blue.net, vois pas de raison de le prolonger, prolonge. À quoi ça peut me servir hors archives mémorielles antérieures au site Fuir ? Lecture : Magma (Lionel-Edouard Martin) chez Publie. Plaisir comme avec un auteur dont on sait qu’on peut sentir ses textes les yeux fermés. Et (important) cloisonner ses lectures : celle du métro la principale mais pas la même que celle du soir, que celle de l’entre-jour (s’il faut lire quelque part lentement pas prévu mais ailleurs qu’au métro, sur l’iPhone très souvent) ou, surprise, que face l’écran noir d’une salle de ciné juste avant la séance (ça c’est Lotus Seven). 20h : le ciel crève (les essaims de la neige). Mueller (27 mots) : La nuit : le ciel crève (des essaims de neige ou 17 janvier 2013Celsius : moins deux moins trois. Les gorges condensées la bouche. Le sec. Tout le jour dans la tête la Nocturne N°2 de Chopin, le soir venu le premier air sorti par Spotify c’est ça : la version Dick Hyman. J’arrive pas à répondre à mes mails. J’ouvre les mails j’y cris deux mots trois mots et je laisse en brouillon, je ferme. Y a pas les mots qui sortent. Tolkien, Contes et légendes inachevés (Le Premier Age) : « je suis un esclave en rupture de ban (...), un hors-la-loi, seul dans un pays désert ». Plus loin L’empire des steppes de René Grousset et cette phrase : « La route de la soie, partie d’Antioche, capitale de la Syrie romaine, passait l’Euphrate à Hierapolis (Menbidj), entrait dans l’empire parthe, traversait chez les Parthes Écbatane... » et ce mot Écbatane. Lève quelques uns des fantômes de la langue Guyotat (Tombeau pour cinq cent mille soldats : « En ce temps-là, la guerre couvrait Ecbatane » (Ecbatane sans accent)). Quand l’histoire de Mueller sera sèche, à son tour, pourquoi ne pas clore le texte par ces mots : Fin du premier chant de l’histoire de Mueller racontée par un âne triste ? Mueller (386 mots) : Nous sommes devant la porte rouge, nous avons un 24 janvier 2013Daily Forecast il dit : -1°C, feels like 5°C. Avec la chute celsius la chute des mots. Ce qu’on dit à autrui, ce qu’on dit à soi-même. Pourrais me servir de la tête et en faire un herbier, l’inclure au journal des activités migraineuses, échantillonnages de la douleur & tentatives de géolocalisation des crises. Celle de telle heure la classifier pointue : soudaine, quasiment aussitôt repartie, durée de vie moyenne une vingtaine de minutes. Cartographier les autres selon symptômes, l’espèce. Canto Ostinato : l’écoute en linéaire. De longues minutes rythmiques avant déboucher sur les premières vraies mélodismes (grosso modo aux alentours de Part I : Section 78). Pense à quelle gueule ç’aurait un texte bâti comme ça : discours confus pendant des pages avant progressivement comprendre la langue qu’on dit. Sais pas combien durera le truc Mueller, le chant pourrait aller jusqu’à la mer. Une grande partie du truc concernera la villofixoa. Pourrait se retrouver disséminé dans tout /// via d’autres sources et d’autres manuscrits, d’autres copistes, voire différentes versions, noter ça, c’est pas mal. Mueller (395 mots) : Nichée sur les remparts, au nord, une coupole en Mueller ouvre les yeux : la relève de la garde : Mais Mueller ouvre les yeux : il n’est pas dupe, |
31 janvier 2014
Le froid nous a rongé pendant la nuit. Je peine sortir ma tête d’où il fait tiède encore. Envie de profiter du week-end pour travailler sur Fuir : sur l’ossature du site puis en faire une védeux. D’ordinaire gribouillerais quelque chose, un schéma, un croquis, comme le faisais déjà du temps où j’étais quoi, étudiant, élève, jeune quelque part. Là non. J’ai dans la tête l’image, elle vit depuis des mois : faire sauter la colonne à droite, ne plus jouer du vertical mais de la strate horizontale, brouiller les lignes du code-barre, changer la police et la taille pour les textes, utiliser toute la largeur de l’écran blanc ; voilà de quoi il s’agit. Par la même occasion, supprimer les brèves, ne garder qu’un espace de cent signes prévu pour les annonces (s’il y en a) ou le calendrier. En profiter pour mettre à jour la bio. Mais n’aurais jamais le temps, n’est-ce pas ? Sur le site Relire, cartographiant les oloés à travers le monde, Joachim met en ligne un extrait du journal sur l’oloé habituel de la semaine. On m’apprend que j’écris dans les rêves d’autrui directement (mais c’est bien quelque chose que j’aurais pu songer moi-même).
Dans V., ce qu’il est important de savoir (de découvrir littéralement) c’est que la figure même de V., l’énigme que Stencil recherche à la suite de son père, est simplement connectée (sans objet, connectée seulement, la phrase pourrait s’arrêter là). 18 décembre 2014
On s’enfonce dans les plus bas celsius. Ça pique. Encore un autre jour dont on pourra dire, s’étant finalement retourné sur nos propres épaules et regardant vers l’arrière, je suis sauf. Reporting de mes couilles à refaire, chaque mois, ici c’est l’avant-dernier mois, à cause de la masse monstre de retard cumulé. Lire Baise-moi, je dis à voix haute à un moment quelconque de la journée, c’est très intéressant. Ici, l’une des deux héroïnes dit, Quand j’étais gamine, je m’imaginais volontiers solidement ligotée sur une table de bar, mon cul bien ouvert, et de nombreux messieurs dont je ne pouvais pas voir le visage me faisaient des choses déroutantes. Et très dégradantes. Et très agréables. Et l’autre qui répond, on a toutes des rêves d’enfant, je respecte ça. Lire ça, c’est à la fois très drôle, très froid, émouvant. OR Books fête ses cinq ans avec une offre à 1$ l’ebook. Quatre bouquins, 3.37€. J’achète plus que je sais lire. Poursuit Morphine, l’interlude #2. Content d’avoir choisi l’épisode, la série, ça se prête bien à l’exercice de style : peu ou pas de dialogue, une description mécanique simple, froide. À cause des vers, j’écris un clope, pas une. À cause des vers et à cause de Mìssios. Me souviens d’avoir lu Volkovitch écrire, dans ses carnets, comment il était allé voir quand précisément le mot clope avait changé de genre : en quelle année. Il faudrait que je le recommande à V. ce livre (peut-être je l’ai déjà fait ?), et, au-delà, sur l’écriture pénitentiaire encore, oui, bien sûr, Alicia Kozameh 1. 23 janvier 2015
Quelqu’un dit il fait moins froid que ce matin. Ce matin il faisait dans les un. J’ai oublié qui a écrit cette phrase qui dit en substance qu’il faisait si froid qu’à chaque expire c’était comme assister à la fin du conclave. 2 Une fois dehors, croiser Mark Greene devant des montres à dix mille balles. Il marche seul sous un anorak noir à capuche et il clope de l’e-clope avec sa bouche : c’est Mark Greene même s’il est mort il y a plus de dix ans, même si Mark Greene est le nom d’un personnage de fiction, même si quinze milles personnes réelles s’appellent peut-être réellement Mark Greene. Plus tôt dans la journée : Marguerite Duras assise en terrasse d’une brasserie au nom de singe, deux yeux des grosses lunettes éberluées. Croise souvent Nate Fisher il est mort lui aussi. C’est comme ça. Parlé une bonne partie de la nuit de Grisélidis Réal avec Lou Sarabadzic. Un jour, il faudrait raconter où et comment j’ai rencontré Lou Sarabadzic. En marchant j’ai des livres partout sur et autour de moi. Dans celui qui dit la phrase Plus on connaît les hommes, plus on apprécie les appareils électro-ménagers, je plonge dans la page une étiquette cartonnée qui dit AU PRODUIT et quand je boucle la boucle du jour et que j’arme la serrure d’une porte qui n’est plus tout à fait ma porte, c’est pour entendre brinquebaler le feu, criqueticher les mâchoires et les yeux. Je respire.
5 mars 2015
Malade. Pris froid à force de me tenir dans les halls de gare droit, courants d’air. Rentré hier six. Par terre par la douleur, puis ensuite la médoc. Dormi 17 heures. Tête qui tourne. Au début de la saison 7 de Mad Men, Pete Campbell dit : Sometimes I think maybe I died, and I’m in some kind of – I don’t know if it’s heaven or hell or limbo ? But I don’t seem to exist. No one feels my existence ! 13 novembre 2015J’écris j’arrive dans 5km. C’est une histoire de truc temporel. On est assis là où 27 ans plus tôt ils ont déjà présenté une fois la sortie d’un livre, Le dictionnaire Khazar, et nous sommes là aujourd’hui pour sa réédition au Nouvel Attila. Bel objet. Croisé @pascal201169 au centre culturel serbe. C’est en face de Beaubourg c’est ici. C’est à 5km. Me suis mis là car après c’est tout droit, et après sur la droite c’est tout droit. C’est donc tout droit si on oublie qu’on tourne. J’ai tourné. J’ai écrit j’arrive dans 5km c’était plus ou moins vrai. Il y a une histoire de douleur, je ne sais plus. C’est autre chose. Ça pince. Quelqu’un dirait ça pince. Il fait dix ou cinq, je ne sais pas. Donc, oui, le verbe pincer. Je me suis encore coupé le pouce l’autre jour à coup de céramique, du coup ça se prend dans le gant (la douleur, elle se prend dans le gant). Il me faudrait ça : de vrais gants, une polaire. Il est question de pluralité là-bas. D’écritures dites plurielles. Je cherche encore comment écrire ce truc qui s’appellerait (aussi) l’effervescence. Je cherche. 18 février 2016Quelqu’un a écrit sur son mur quelque part, en substance : à présent se poser la question à chaque fois qu’on hésite, qu’on a envie de renoncer, qu’on would prefer not to, qu’aurait fait Bowie à ma place ? Beau l’avoir trouvé absurde cette idée m’a contaminée, oui. Que ferait-il pour résoudre un problème d’impression con, Bowie ? Que ferait-il s’il prenait du retard sur ses notes de Mueller (70, cinq hier, cinq aujourd’hui seulement, moitié moins que prévu) ? Que ferait-il pour promouvoir des bouquins en librairie toute une après-midi durant ? Une dizaine environ. Montrer les livres et présenter publie, l’actualité, les dernières parutions, les livres à venir. Heurter le mur de la réalité (la poésie, le contemporain, le livre-photo ça ne vend pas). Que dirait-il de ça à ma place, lui ? On a jamais eu besoin que de le désirer lui pour consommer ses trucs. À un moment de la grêle. Sous un abri de banque et elle tombe. Je sais pas si ça, par exemple, c’est de l’écriture normée ou anormée. Quelqu’un dit j’ai vu Julian à l’ambassade. On fait les trucs en marchant moi je tente rester droit. À un moment donné / des gamins d’une école devant nous / chargent au cul d’une camionnette / des dizaines de bagages. J’ai imprimé tout le matin. Pleuvait. J’ai écouté Blackstar, religieusement comme chaque jour. Il s’est fait incinéré sans personne, j’ai appris. 6° feels like -2°. Vélo quand même. Ça pique les doigts à cause d’R. Ça, sans doute que ça c’est pas normé. À un moment je voulais écrire quelque chose de normé pour Fayard. Pourquoi Fayard ? Bon. La grêle s’arrête vite et on tourne en orbite autour du Père Lachaise (on est deux). La tombe de Jim Morrison est indiquée au même niveau que nos trucs dans Google Maps, ce qu’on cherche. Elle est là, de l’autre côté de ce mur, cette tombe. Pas de tombe pour Bowie, sa tombe c’est sa musique. Ou l’image de son corps. C’est plutôt positif cette expérience. Se confronter à la réalité. Du temps, oui. La journée. Et c’est que Paris Est. Nous sommes pleins de possibles. Pour République remonter le boulevard Voltaire et dans un café un texto pour quelqu’un. Derrière c’est Let’s dance. Un verre et des mots sur un truc. Des notes sur ces trucs. Enfers pétrochimiques. Je sais plus trop pourquoi j’en suis venu à parler du versioning dans l’écriture et du livre de verre : celui qui porte en lui son propre manuscrit. De retour dans la nuit cervicale : le froid de la selle et des doigts. KMS poste ça sur FB : deux heures de playlist diffusée par Bowie sur la BBC en 1979. A bit grey outside... 25 février 2016Je suis là quelque part à donner des cours de fractions poétiques à des profs. Je ne sais pas ce que ça recouvre exactement mais je parle, je sais que nous fractionnons. Je sais aussi qu’à un moment donné la chanson Kooks vient sur nous, s’instaure dans nos débats, dans la parole (tristesse). Sur mon Power Point il est écrit que Ziggy played guitar. C’est vrai. Il fait -1 feels -3 et je sens plus mes doigts à cause d’R. J’ai envie de mettre un accent circonflexe sur le o. Les jours passent vite, je perds ça, la notion de jours. Échanges mail avec Seb sur un truc. Je veux dire un vrai échange, un truc sur quoi s’appuyer fort créativement. L’impression d’avancer et de construire quelque chose d’essentiel. Lu dans le Kafka d’il y a trois jours : Dans le Talmud aussi on peut lire : Un homme sans femme n’est pas un être humain. J’ai toujours l’illusion, même quand on reçoit un manuscrit venu dans un mail vide qui n’a même pas de titre, que c’est un truc qui va révolutionner ma vie. 4 juillet 2016
Termine La Douleur porte un costume de plumes. C’est un D majuscule. Classé le fichier dans L’Olivier mais c’est paru au Seuil. Vraiment beau, juste, simple. À l’économie, plus fin que Comment élever votre Volkswagen, beaucoup plus doux, plus fort. C’est éclaté en permanence et ça n’a aucune incidence sur la narration, sur l’attachement qu’on porte à la langue ou aux voix. La figure du corbeau est en pointillés. C’est un truc très émouvant. Très émouvant. Par exemple dans la phrase Surpris bouche bée par la lenteur infinie, infinie, infinie de la diffusion de la tristesse. Ou bien ces quelques pages qui commencent par Il était une fois où notre Papa alla en bus à Oxford pour écouter son héros Ted Hughes qui forment une nouvelle minimaliste à elles toutes seules. Quant aux voix de l’enfance réinventée : les plus belles que j’ai pu lire depuis Enig marcheur. Et traduites, aussi. De bout en bout la traduction est top. Je ne sais pas ce que ça veut dire, en quoi ça se traduit littéralement à la lecture 3, je sais juste que c’est ça que l’on sent. Quant au reste ? Froid. 14 novembre 2016Un froid acariâtre a pris possession des murs et de la ville. Mercredi j’étais en t-shirt place Jean Jaurès. Rien prévu d’autre aujourd’hui que rattraper le retard accumulé cette semaine dans les mails, me faire prêter Fernando comme sentinelle devant la défense pour la deuxième partie de saison, recruter un ailier capable auss bien de jouer à gauche qu’à droite. C’est déjà bien.
BV me confirme qu’il publiera Mueller, quel que soit le titre que nous choisirons de lui donner, ce qui devrait m’alléger le cœur et l’esprit quelques jours 4. Je dis ici ou là que je vais fêter ça, c’est faux, n’en fête rien, au mieux regarderai-je par la fenêtre y voir. 15 novembre 2016Qui donc a le pouvoir d’enclencher le chauffage dans l’immeuble ? Il faut faire une couette de son corps. D’autres mails en retard. De la vidéo de pixels pour Bajir. Pour la première fois de la saison dans la première partie du classement. Ça va mieux depuis le prêt de Fernando et le glissement en 4-2-3-1. Fernando, donc, épaule désormais le jeune Kevin Stewart à la récupération. Lallana devant en milieu offensif slash relayeur. Une autre arrivée : H. Toledo pour apporter quelque chose sur les côtés. 20M€. Berardi coûte un bras. Tant pis. Bonne série après avoir vaincu le leader City (1-0) puis Tottenham (4-2 à White Heart Lane). Et l’autre jour mon père : un truc surnaturel qui lui est arrivé deux heures avant. Il reçoit un CD de la Discothèque idéale Classica : David Oïstrakh joue Beethoven, des concertos pour violon, c’est écrit sur la pochette. Sur le CD, pas de Beethoven mais un live de Bowie. Ça n’a pas de sens en réalité : ce sont plusieurs interprétations éloignées dans le temps, plus ou moins rares, jamais dans l’ordre, sans lien thématique ou temporel. Voici donc. Un, China girl, sans doute à la fin des années quatre-vingt. Deux, Under pressure avec Annie Lennox à Wembley en 1992 lors du concert contre le Sida. Trois, All the young dudes avec Ian Hunter, lors du même concert. Quatre, Heroes, probablement toujours au même moment, même endroit. Cinq, un notre père inattendu, toujours à l’occasion du concert de Wembley. Six, Suffragette city (???). Sept, Tonight avec Tina Turner en 1988. Huit, Let’s dance, toujours avec Tina Turner, même concert. Neuf, autre version de Heroes, date et concert inconnus. Dix, Bowie parle de Marc Bolan (avec imitation). Onze, instru de trente secondes (j"ignore quoi). Douze, Can you hear me dans une version duo, peut-être avec Cher. Treize, un medley bizarre qui commence par Young americans et se poursuit, notamment, avec Only you avec Cher (ce live-là ?). Quatorze, une espèce de Rock’n Roll Soul. Quinze, un autre Young americans, peut-être avec Cher. Seize, une anecdote évoquant la fois où il s’est rasé un sourcil après que Mott the Hoople a décidé de ne pas chanter l’une de ses chansons et d’écrire leurs propres singles. Dix-sept, Drive-in Saturday (???). Dix-huit, le fameux I got you babe en duo avec Marianne Faithfull enregistré pour la NBC en 1973. Dix-neuf, Starman, probablement celui de Top of the pops de 1972 5. Vingt et un Queen Bitch mal encodé, peut-être celui du The Old Grey Whistle Test de 1970. Vingt-deux, une version très atmosphérique de The Man Who Sold the World qui ressemble un peu à celle-ci (mais qui n’est pas celle-ci). Un film, Black coal. Ou non Black coal, thin ice. C’est comment ? Noir. Contemplatif. Chinois. Belles lueurs au néon. Drôle parfois. Plein de neige et d’haleine condensée. L’eau verte dans quoi des haricots ont cuit. Hormis ça, rien écrit du week-end et peu lu. Peu sorti non plus. Pas fait grand chose d’autre que rien en réalité mais. Oui besoin. 19 novembre 2016Toujours froid. Gris comme c’est pas possible. J’en tire, de ce gris, froid, une certaine forme de lenteur. D’ensevelissement même. Et puis la course du jour prend le dessus. Travaille sous une couette grosse comme ça. J’écoute, par hasard, Oko Ekombo. Black Bowie. Dans cette chanson, ce sont les percussions qui sont les siennes. Mais j’ai pas écouté les paroles je. Je suis dans une forme de renoncement, mais de renoncement positif. Le froid nous a comme engourdis. Des mots s’en viennent. Étique. Chambres anéchoïques. D’autres mots irretenus. C’est à Gabriel que je dois ça. N. et moi on s’échange des emails mais d’adulte. Des mails où on se dit cher. Défendre et protéger les ours. On me parlait l’autre jour du travail de Jean-François Devillers. Tchernobyl. Génial. Est-on en noir et blanc ? Il faut que j’enlève Nocturne pour vérifier qu’en réalité non. C’est léger mais il y a de la couleur. Très très froid. Des cadres et des calques dessus. On pourrait faire ça, mettons, avec de la vidéo ? J’aurais besoin de ça pour Bajir, mais en vidéo. De quoi faire de l’écume. Je teste un truc avec Final Cut Pro. Oui. Peut-être aller dans ce sens-là. 19 novembre 2016Quatrième jour de froid. Lait de noisette. Fiabilité de l’œil tôt le matin : transformez vos impôts en patinoire. Spam. Pourquoi pas. Il existe une version de The Raven : expanded edition. Plus de morceaux lus, plus de poésie, des voix et des duos célèbres 6. Finalement ce sont les chansons rock les moins intéressantes. Garde le reste. Froid, donc. Velouté de courgettes au parmesan. Thé noir je sais plus quoi. Chauffage de l’âme. Une phrase de Gabriel 7, un bout de phrase que dis-je, ses lèvres promenaient leur rouge à travers la pièce comme un phare s’adressant aux naufragés. Je suis de retour dans l’envers de la page et le code. Je cherchais des vieux films dont je pourrais décortiquer les scènes, le sel, les images. Un très beau film, tiens, mais actuel : Les chansons que mes frères m’ont apprises. Un montage super fin. Personnage errant, on pourrait tout entier le mettre (ou ne pas le mettre) dans le listing adolescent. Scènes fragmentées. Le moment où tu réalises que non, le personnage central n’est pas le héros du film (ou l’inverse). 20 novembre 2016Je suis dans un train, le vent tape. Dans les virages, me dis-je, il n’est pas impossible, eh bien, que la rame se renverse et que nous mourrions tous. Cinquième jour de froid. Il serait peut-être temps de contacter quelqu’un (mais qui) pour dire (mais quoi). Une voisine dans l’escalier à leur endroit : ce sont des monstres. Marcher dehors, une polaire pour happer la chaleur, il y a du soleil pourtant, et marcher débloque là-haut une impasse dans le code. On me dit, je vais me jeter dans le barrage (mais lequel ?). Ressors de Charybde avec plus de livres qu’en y entrant, c’est certainement plaisant mais pas très très rentable cette histoire. 20 novembre 2016Je suis censé animer une rencontre avec un auteur sur le toit d’un wagon en mouvement et le matin même (disons plutôt le jour) je me rends compte mais que je ne l’ai pas lu. C’est tout. Sixième jour de froid. La date la plus communément admise pour mettre en route le chauffage collectif c’est le 15 octobre. S’il fait moins de 19° plusieurs jours d’affilée tu peux demander à ce qu’il parte en avance. Là il fait 17.5°. 17.3°. Pic de chaleur à 17.6°. L. m’écrit : non mais t’as pas de bouillotte ? Or, non. Relis un LEM pour le printemps. L’impression que tout est à sa place, qu’il ne faut rien toucher, pas même un signe de ponctuation, sous peine d’ébranler la pyramide. Rien ne dérangeait ton sommeil ordonné par la lune et la fatigue d’avoir sucé les mots diurnes. C’est super, super beau. Il n’y a pas que le froid, il y aussi les matières, les surfaces, toutes conductrices. Par exemple le lino. Par exemple le carrelage. Par exemple le métal noir en quoi le bureau pèse. Froid partout. Bob Dylan prix Nobel. Surpris par les réactions. Concrétion siliceuse dans les terrains jurassiques 8. Problèmes de class. D’applyclass même. True story : sur l’écran de gauche, Alien, le retour. Et sur celui de droite : les primaires de la droite. 21 novembre 2016Septième (et dernier ?) jour de froid. Fait 17.3°. Écrasement de la lumière. Bien peu de choses. Beaucoup de tableaux excel et de commandes et de listing fichiers. Un coup de griffe. De l’eau crachée dehors. Le chiffre 21, c’est interdit. C’est comme ça, c’est un prix interdit. 20.99 oui, mais 21 non. À 19h, surprise, ils allument les radiateurs. 18 février 2017Il fait genre 1° et le vent pour te le faire sentir. Allers-retours ici — la Poste, la Poste — ici. De la glace dans une nervure du sol sur des dizaines de mètres et quoi ? On met du gorgonzola dans la purée ?
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↑ 1 Pas besoin de le faire formellement, c’est fait ici déjà.
↑ 2 Du conclave ou d’un conclave.
↑ 3 La justesse tout du long, la cohérence, l’absence d’envie d’aller voir dans le texte en anglais en lui-même ? Des rythmes propres au français également, du moins à une certaine forme du français, qui trouvent leur propre durée, leurs propres tensions, leurs propres articulations.
↑ 4 Une semaine, ndlr.
↑ 5 Voir là-dessus ce qu’en a écrit Simon Critchley dans son livre Bowie.
↑ 6 Willem Dafoe, Steve Buscemi, Antony Hegarty, Laurie Anderson, Ornette Coleman, David Bowie...
↑ 8 Je ne sais plus d’où ça vient.