Hier soir, plusieurs personnes erraient dans notre rue en quête d’une fête quelque part, un bal près de l’ancien terrain de foot, sauf que moi, je ne connais de P. qu’un seul terrain de foot, qui est l’actuel, pas l’ancien et, de fait, c’est de l’actuel qu’a été tiré un feu d’artifice peu après, pas de l’ancien, à moins que l’ancien jouxte l’actuel, ce qui dépasserait de beaucoup mon entendement. D’autant que l’actualité, dans la commune, c’est plutôt la construction d’un nouveau terrain de foot en synthétique, ou la réfection de l’actuel en synthétique, car il pleut trop, rendant la pelouse naturelle impraticable, ce qui à moi me semble incongru car il ne pleut pas tant que ça, même qu’il fait une chaleur dense, minérale, raison pour laquelle on se retrouvait hier (et du reste aujourd’hui) à marcher le soir pour ne pas avoir à se faire irradier la journée. Et ce matin, le vendeur de crêpes du marché nous raconte qu’il n’a pas dormi la nuit dernière, après une soirée finie tard (le bal de l’ancien terrain de foot ? on ne saura pas), et qu’il devait se lever aux aurores pour préparer la marchandise avant de partir la vendre, sur un parking ou par ailleurs se croisent à peine quelques pauvres âmes, car aujourd’hui semble-t-il personne n’est là (sauf nous). Au retour à la maison je me dis : peut-être que dans un récit tout ce qu’il convient de ménager pour que les personnages se débattent ce sont des courants contraires. Le reste, c’est secondaire. Au beau milieu d’un paragraphe de ma traduction de « Cloudland », la nouvelle finale (et la plus longue) de Sing to it, j’ai écrit, sans virgule, il y a plusieurs années les mots vérifier tout c’était incompréhensible. Je n’ai rien vérifié. Cette nouvelle, on pourrait la résumer par ce paragraphe qui suit cet épisode : Je n’ai parlé à personne de l’enfant, et personne ne sait ce que j’ai fait quand elle est née. J’ai failli dire « quand elle a été prise », mais on ne l’a pas prise, on l’a donnée. Je l’ai donnée à l’adoption. Pour son propre bien, pour ma propre tranquillité d’esprit. Dans Le chien du mariage, il y avait déjà des histoires de grossesse, des voyantes, des chiens, des hommes violents. Pour autant, ce recueil est complètement différent. Dans l’après-midi, le Ulule de Jachère atteint puis dépasse le deuxième palier, et il nous reste une semaine pile pour viser le suivant.