Il se sera écoulé presque un an entre le moment où j’ai commencé à travailler sur la version web de Féroce et celui où j’entre une à une les dernières corrections. Pendant que je fais ça, H. parle au téléphone pour contracter un truc qui, en cas de décès, me désignera de fait comme le suspect numéro un dans une affaire de meurtre. Je n’ai pas besoin de contracter moi aussi le même arrangement puisque mon employeur y pourvoit à ma place, et on m’a dit que c’était particulièrement avantageux en cas de mort jeune pour le conjoint survivant, ce truc, ce qui est bon à savoir. Est-ce plus avantageux que de ne pas mourir ? L’après-midi, je reprends deux nouvelles d’Amy Hempel dont je n’ai plus relu la traduction depuis plus de trois ans et c’est du grand art (le texte originel ; ma traduction bien moins), le tout pendant que deux gars remplacent le pare-brise de la C4 devant la maison, suite à la prise en charge d’un bris par l’assurance, moyennant tout de même une franchise de cinquante euros (et le monde n’est-il pas bien fait ? il reste précisément un billet de cinquante euros dans le portefeuille commun dévolu au budget courses), de sorte qu’aujourd’hui tout semble une affaire d’assurance, alors qu’en vérité même pas : c’est surtout une affaire de chaleur lourde, grise, humide, torpeuse.