Tyrannie des heures, du temps : tout viré des horloges, ou de ce qu’il en restait, ou bien passé à l’incarnation analogique, que je puisse passer l’œil dessus sans retenir mécaniquement où l’on se trouve par rapport à la course du jour. J’ai fait ça souvent arrivant au bureau jadis, mettre des post-it sur de l’heure, cacher les pixels où c’est dit. On doit même pouvoir en retrouver trace dans le journal. Et lorsque H. me demande je lui dis je ne sais que te dire, tout est anguille aiguille à présent de partout (et c’est bien). Je veux plus savoir ça quand je suis et si c’est dur à concilier avec des trucs ponctuels et bien soit : serai très en avance alors. Par messagerie instantannée on se dit ok pas mal. Il fait gris là, dehors. Une femme hurle des trucs : elle est normale ! elle vote à la place de ceux qui ne sont pas normaux ! J’ai un doute pour le ne. Après des heures à pas la regarder, l’heure, je suis perdu dans le temps et l’irruption soudaine du chiffre ça me fait mal, retour brutal à la réalité des faut. Derrière ça : de la morosité. Fin de La grande eau. Ces dernières pages sont bouleversantes, mot que je m’autorise à écrire pour ne l’avoir déjà placé qu’à quatre reprises ¹ par le passé dans le journal. La nuit, dans Les diplomates :

Le travail de Paul Shepard sur l’histoire de l’œil humain montre que les structures de sa sensibilité, ses puissances et impuissances, doivent être comprises comme la combinaison des ancestralités héritées de notre passé sédimenté de pseudo-lémurien nocturne, de singe frugivore, de grimpeur arboricole, de coureur debout de savane, de pisteur de traces qui sont des hiéroglyphes, jusqu’au lecteur de ces lignes.

Baptiste Morizot, Les diplomates, Wildproject, P.59