Je me suis replongé dans les données brutes de la douleur et puis, en définitive, j’ai fait ce que je sais faire de mieux. Tableaux. Graphiques. Tentatives de s’en remettre aux chiffres pour en tirer du sens. Spéculer froidement sur soi. Étudier des cas.

Depuis le nouveau le régime, mi-septembre : une seule migraine. Faux pas alimentaire. Comme les bruits de fond parasites ont disparu, c’est devenu beaucoup plus simple de tracer la douleur (l’origine d’elle et ses extrémités, les points d’entrée et ceux de sortie). Ordinairement, j’aurais dit, il y a trois moments où la douleur a percé (ou était proche de le faire) et j’ai pris trois médicaments pour la combattre, il s’agissait donc de trois migraines, avec ou sans rebond. En réalité, il faut distinguer être mal et avoir mal. La douleur elle-même est assez rare car diffuse (le plus souvent, être mal, donc). Quand elle perce cette espèce de plafond de verre qu’il y a ici, c’est rapidement circonscrit (d’abord parce que les antidouleurs, triptans et anti-inflammatoires, marchent mieux sans aucun carburant pour nourrir l’inflammation, le gluten, le sucre, ensuite parce qu’elle est à la base plus diffuse, et enfin que c’est pris assez tôt, ça n’a pas le temps de s’installer). Le plus dur, c’est d’éteindre le mal être : 19 jours entre les premiers symptômes et les derniers. Ce serait beaucoup plus rapide sans facteurs extérieurs, en l’occurrence la luminosité et des rythmes de sommeil réguliers. Malgré toutes mes précautions (limiter les écrans le week-end et le soir), il faut quand même bien travailler la journée. La luminosité est-elle un problème en soi, ou un symptôme de l’état général ? D’autres enseignements :

1) la caféine joue un rôle (elle aide à circonscrire la douleur mais elle t’expose, derrière, à des irrégularités et peut provoquer des douleurs de manque : si on prend du maté fort en cas de crise, derrière, les jours suivants, continuer en faisant décroître progressivement les doses jusqu’à reprendre un café ordinaire),

2) le rythme de sommeil idéal, qui est huit heures (ne pas dormir plus le week-end),

3) manger des trucs nutritifs, même sans gluten, et si écart écart il y a, diminuer autant que faire se peut toutes les sources de lumière pour qu’aucun déclencheur non-alimentaire n’irrigue le cycle,

4) le schéma est ici : A. Fébrilité, démangeaisons poignet gauche, sueurs nocturnes (est-ce un symptôme ?) (1 ou 2 jours), B. Fatigue (plusieurs jours), C. Migraine qui suit les mouvements du crâne (1 jour), D. Douleurs oculaires, photosensibilité, douleurs aux nerfs d’arnold (un côté à la fois) (3 ou 4 jours), E. D’une seconde à l’autre, ça se lève, on se sent mieux, c’est l’euphorie (une heure ou deux), F. Vigilance orange : le moins d’écrans (et de facteurs délencheurs autres possibles) (trois jours entiers après la dernière douleur, retrouver un comportement normal).

Le côté positif, c’est que le degré de douleur dans le corps reste bas (une seule fois a dépassé un seuil de tolérance). Le côté négatif, c’est que (et c’est sans doute aussi dû à l’arrêt progressif du (ou de la) Nocertone, ainsi qu’une incapacité à totalement couper les écrans pendant plusieurs jours de suite) ça se prolonge dans la durée : presque trois semaines. Le plus étrange, c’est encore que la courbe de la douleur ressemble à s’y méprendre à celle qui est tracée par le personnage de Boulgakov dans Morphine :

Puis le personnage du récit précise 1 : Ce serait très bien que les médecins puissent expérimenter de nombreux médicaments sur leur propre personne. Ils comprendraient bien mieux leur effet.


samedi 30 novembre 2019 - mercredi 15 mai 2024




↑ 1 Dans l’édition Babel des Écrits autobiographiques, ici traduit par Michèle Kahn, cela se trouve P. 40.

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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)