Certains font la liste des livres qu’ils lisent, ou qu’ils achètent. J’ai commencé à prendre en note ceux que je n’achète pas. Pas ceux que je n’achèterai jamais (une liste pareille ne rentrerait dans aucun carnet), mais ceux que j’ai eu envie, à un moment donné, de me procurer, et dont je réfrène l’acquisition. Ne serait-ce que pour pouvoir, dans quelques jours ou semaines, consulter cette liste à nouveau et me dire (ou non), j’ai toujours envie de (lire) ce livre. Dans bon nombre de cas, cette envie se sera dispersée. On se débarrasse ainsi, par un geste d’écriture compulsif, de nos désir d’achats impulsifs. En réalité, quelles que soient nos réactions, nos envies, nos actions, nos pensées, nos croyances, elles gagneraient à être rangées dans un petit carnet pendant un temps variable avant d’être à nouveau sondées, ou interrogées par nos soins. Or nos soins changent. Bougent. Se métamorphosent, quoi. Il faut se méfier de la spontanéité. Il faut se méfier des décisions prises dans l’urgence. Il faut peut-être s’en remettre à une forme de disparition. Dans la plupart des cas, le dilemme original lui-même s’en ira avec notre propre capacité à savoir y répondre. C’est donc que ça ne nécessitait pas réellement qu’on se prenne la tête avec ça (quel que puisse être ce ça).