Où que je sois, je passe mon temps à partir. Cette fois un jour plus tôt que d’habitude. À midi je retrouve V. au Marché de la poésie (c’est le dernier jour). Un peu avant, puis un peu après, j’échange avec J., qui se retrouve à tenir le stand en face du stand où nous étions ces dernières années. Je m’en vais. Comme la douze est coupée, je rentre à pied rue B. Ce n’est qu’à trois quarts d’heure, et c’est toujours tout droit, vu qu’on ne se rend jamais compte, quand on tourne en marchant, qu’on tourne. Or donc remonter (ou descendre, je ne sais jamais) le boulevard Raspail, puis la rue du Bac, puis les Tuileries, puis la ou les Pyramides, puis l’avenue de l’Opéra, puis la rue de la Chaussée d’Antin, etc. Sur le chemin, je longe un nombre étonnant de showrooms privés, de magasins d’aménagement ou de déco, d’antiquaires. C’est une bien belle bonne métaphore de la ville : il n’y a que des lieux vides, où l’on prétend que tout le monde vit alors que dans les faits, personne n’y vit. Autour, ce ne sont que des fantômes, et moi j’en fais partie. Cela non plus n’aide pas : quantité de bâtiments plus ou moins historiques sont en réfection derrière de gigantesques panneaux trompe l’œil sponsorisés par des marques de luxe. Voilà comment un Timothée Chalamet de 32m de haut se retrouve affiché à la place de l’opéra Garnier, lugubre et bleu, pour vanter les mérites d’une marque de parfum. Quant aux lieux dans Paris où les gens font la queue, parfois déraisonnablement longtemps, ils sont de deux ordres : d’un côté la pâtisserie Cédric Grolet et les glaces Pierre Hermé ; de l’autre la détection de rue du covid et les coiffeurs sauvages dans les zones avoisinant les stations de métro à l’air libre, près des tentes de SDF. Bientôt, des gouttes grosses exploseront au contact du macadam, grosses après l’éclat comme des œufs (mais des œufs de quelles bêtes ?). Rien de comparable à l’orage de grêle qui fera chuter la température, en quelques minutes, d’une dizaine de degrés d’un coup, après avoir rejoint à Pantin A. et J., où quelqu’un a l’air de croire, sincèrement croire, que j’ai la carnation qui convient pour m’appeler Carlos (non), après la projection du film Un café allongé à dormir debout.

GV
mardi 11 juillet 2023 - mardi 28 novembre 2023




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Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).

Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010)