On ne le croirait pas, mais ne point tuer (en temps de paix) n’est pas si facile. Cela demande une vraie force de caractère, il faut non seulement faire preuve d’une sacrée résistance à soi, mais aussi d’une résistance impitoyable aux autres.
Grégoire Bouillier, Le Dossier M, Flammarion
Il faut aller chercher la fraicheur là où elle se trouve, c’est-à-dire avant huit heures. Et même là ce n’est pas non plus sliced bread. C’est juste un peu plus supportable. Ici, j’ai un tag pour le froid mais pas pour le chaud. Je supporte mieux l’hiver que l’été. Et il existe encore des sites propulsés par Dotclear, c’est fou. J’ai écrit sur un Dotclear pendant plusieurs années avant de passer à Spip. J’ai toujours, semble-t-il, fait le choix opposé à celui de Wordpress (et aujourd’hui je déplore que la plupart des sites se ressemblent), et ça a probablement à voir avec le fait qu’en sport, je prends systématiquement le parti du vaincu. Il faut voir comment la Ligue 1 m’ennuie depuis que mon club de cœur la domine. Pendant le Tour de France, j’étais anti-Ullrich quand il gagnait (non, quand il a gagné), pro quand il s’est mis à le perdre avec acharnement. Et que dire de quelqu’un comme Thibaut Pinot qui perd les grands tours avec panache ? Dans les Royaumes du Nord, de Philip Pullman, je préfère les moments de défaites aux victoires des héros. Par exemple, je n’aime pas le troisième tome. Depuis ma première lecture, il y a une quinzaine d’années je n’en avais rien retenu (c’est un signe). Là, le relisant plus attentivement, ce n’est pas beaucoup mieux. On passe notre temps à essayer d’en gagner, c’est-à-dire donc qu’on en perd, en essayant par tous les moyens d’aller occuper les héros ailleurs. Moi, ce que j’aime, c’est quand les héros souffrent, et le The Subtle Knife est plus abouti sur ce point. Là, il y a trop de micro-points de vue différents, et on s’attache trop à calquer le pas de la narration sur celui des adultes. Même technologiquement, ça ne prend plus, les objets sont de plus en plus pratiques pour dénouer certains nœuds de l’intrigue et ça n’est plus vraisemblable (comme par exemple cette bombe). Bref, je n’y crois plus. D’ailleurs, le tome 3 est bien plus long que les deux premiers, et on se disperse. Ce que ça ne me dit pas en revanche, c’est vers quel objectif tendre pour Eff, qui n’a bien sûr rien à voir avec Les Royaumes du Nord mais quand même. Là, je vois que Thom Yorke a délivré sur Bandcamp l’ensemble des sessions de travail de Radiohead pour l’album Ok Computer 1. En quoi ça m’aide non à écrire mais à réécrire Eff ? Pas des moindres. Mais en fait si. Si je ne me suis pas trompé dans mes calculs, Ok COMputer dans sa version d’origine (non collector quoi) dure 48 minutes quinze. Les sessions, quand à elles, qui tiennent sur 18 Minidisks durent 968 minutes cinquante. C’est-à-dire que pour produire 48 minutes d’un album aussi bon que Ok Computer, il a fallu en passer par 968 minutes de sessions (j’omets volontairement les secondes, elles sont du genre à me faire foirer mes calculs), c’est-à-dire de brouillon (et on met de côté sans doute combien d’heure de bredouillage solitaire des uns et des autres ?). On peut donc en conclure qu’il a fallu faire réduire le volume initial d’un facteur 14,54. Moi, ma V1 de Eff dure ou pèse 517 571 mots 2. Réduits selon un facteur 14,54, qui est ce qu’on pourrait appeler l’indice de qualité OK Computer, on en arrive à un total imaginaire de 35596. C’est-à-dire que quand j’écrivais quelque part que je voulais, en écrivant 500 000 mots, les comprimer ensuite dans un roman de 40 000 ou 50 000 mots, je n’étais pas, instinctivement, si loin de la vérité. Là, je sauve plutôt un mot sur deux, et c’est déjà beaucoup. Et 35596, finalement, ce n’est pas tant que ça. On se situerait, entre Charlie et la chocolaterie (30 644) et The Great Gatbsy (47094) ou Abattoir 5 (49 459). Quid de Raymond Chandler ? Je suis le genre de type qui écrit 30 000 mots pour n’en garder que cinq. Bien sûr, c’est une formule. Mais admettons. Là, ce n’est plus un mot sur 14,54 qu’il faudrait sauver mais un sur 6000 ! Et voilà l’indice de qualité Chandler. Ce qui nous donnerait, appliqué à Eff, moins de 87 mots. Que faire de ça ? Rien.
↑ 1 Que je persiste à vouloir écrire Ok Cumputer, il faut que je me fasse soigner...
↑ 2 Ça, c’est le compte d’Ulysses. Libre Office, lui, me dit 520526.
# | Objet | Titre | Auteur | Date |
---|
♗Les plus lus : 270513 · 100813 · 130713 · 120614 · 290813 · 271113 · 010918 · 211113 · Fuir est une pulsion, listing adolescent · 120514 ·Derniers articles : 140625 · 130625 · 120625 · 110625 · 100625 · 090625 · 080625 · 070625 · 060625 · 050625 · Au hasard : 151120 · 200922 · 230917 · 300616 · 220316 · 080916 · 040816 · 300618 · 291115 · 080325 · |
♘Quelques mots clés au hasard : Ivar Ch’Vavar · Max Ernst · Urgences · Dominique Viart · Nobukazu Takemura · Ryzom · Bk · Herman Melville · Eric Bonnargent · Leopoldo Marechal · Annie Saumont · Édouard Louis · Gustave Courbet · Edith Piaf · Ghost in the Shell · TINA · Xavier Briend · Darren Criss · Arco · Paul Gadenne · Ossip Mandelstam · Valérie Donzelli · Sâdeq Hedâyat · Valery Larbaud · Katsushika Hokusai · Michel Verne · Philippe Berthaut · Orelsan · Martin Winckler · Marie Cosnay |
♙Guillaume Vissac est né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Éditeur pour publie.net entre 2015 et 2022, fondateur en 2023 du laboratoire d’édition Bakélite, il mène également ses propres chantiers d’écriture et de traduction, principalement en ligne (mais pas que).Livres : Vers Velvet (Pou, Histoires pédées, 2020). Accident de personne (Othello, réédition 2018) · Le Chien du mariage (traduction du recueil d'Amy Hempel, Cambourakis, 2018) · Mondeling (avec Junkuu Nishimura, publie.net, 2015) · Coup de tête (publie.net, 2013, réédité en 2017) · Accident de personne (publie.net, 2011) · Livre des peurs primaires (publie.net, 2010) · Qu'est-ce qu'un logement (publie.net, 2010) |