L’équation est à la fois simple et complexe. Si je ne lis pas, je ne suis pas heureux. Mais, la plupart du temps, ce que je lis n’est pas à la hauteur de mes attentes, lire seul ne suffit donc pas. De la même façon, si je n’écris pas, je ne suis pas heureux. Mais, la plupart du temps, ce que j’écris n’est pas à la hauteur de mes attentes non plus, et écrire ce que j’écris m’insatisfait plus encore que si je n’avais rien écrit, raison pour laquelle j’en viens parfois à me réfugier dans une non-écriture qui, si elle ne m’apporte rien, au moins ne m’enlève rien. C’est un bon compromis, et en même temps c’est un très mauvais compromis. Il m’abaisse. Reprenant mon petit exercice entamé il y a des semaines, qui consiste à relire le journal en intégralité dans l’ordre chronologique et de faire une récolte de phrases qui, selon moi, fonctionnent et pourraient m’être utile en fiction, je le prolonge un peu. Je monte un tableur rempli de quelques colonnes : l’année, la phrase en question, trois possibilités de tags pour trier, un usage possible pour chaque, de manière à pouvoir m’y retrouver avec le temps, et trier le tableau selon mes besoins. Pour toute l’année 2008, j’avais relevé quatre phrases. En 2009, c’est quinze. De ce n’est jamais évident de faire comprendre à son interlocuteur que ses propos n’ont aucun sens à Monsieur, vous êtes un personnage malhonnête et je vais porter plainte contre vous. Le plus souvent, ce sont des paroles entendues ou lues, des inscriptions sur les murs. Tout peut servir.