Glenn Close



  • 070912

    7 septembre 2012

    And this is how I sometimes think of myself, as a great explorer who has discovered some extraordinary land from which he can never return to give his knowledge to the world : but the name of this land is hell.

    Malcolm Lowry, Under the Volcano

    Retour de la faim après des semaines des mois plutôt atones, par intermittence d’accord, atones quand même, puis même se dire, à moitié somnolent, ou bien déjà jeté sous terre : je pourrais faire une sauce au curry quelque part pour la mettre sur quelque chose et la manger nappée avant de changer de couloir. M’adapte au nouveau rythme du métro ex RER : avec quasi deux heures en moins de transport quotidien l’a fallu trancher dans les activités souterraines et j’ai dû sacrifier le pouce (twitter) car je monte dans la rame avec l’Odyssey et j’en sors avec l’Odyssey, et, en une demi-heure, douze stations compte à rebours pendant lecture (douze onze dix neuf huit sept six cinq quatre trois deux un Opéra), c’est juste trop juste pour lire autre chose que lire. Provisoire, je pense. Le temps de trouver un autre rythme où chaque tâche a sa place, minutée, dans le planning du jour, et où chaque jour est juste copie conforme du précédent, ce qui m’enchante autant que Patty Hewes réenchante Patty Hewes quand elle s’ouvre à elle-même le crâne comme ça coiffé d’un cône. Ou juste je pourrais trouver les tripes de vivre mais autrement.

  • 040213

    4 février 2013

    3h du mat : la tête est dans l’oeil gauche. Combien de temps depuis la dernière vraie migraine ? Elle est là. Pris le médoc du Dr Leprechaun, celui qui lave et qui assomme. À l’étage la folle du 6 elle joue du cartilage, elle fait rouler toutes les billes de ses yeux sur le parquet. Un mec nordique fait du roller sur sable, il se plante devant moi et il dit : je m’appelle tant (un nom nordique) mais c’est un rêve, il me semble.

    J’ai pas besoin de subir le journal ou les ondes ou l’éco pour entendre ces expressions toutes faites (car elles se sont infiltrées dans toutes nos langues ces expressions toutes faites afin qu’on les entende en boucle et en tous lieux et en toutes circonstances), ces expressions qui disent : la libre concurrence, la compétitivité… Ces mots nous les vivons au quotidien, on les respire, ils nous mettent dans le camp des bergers des Falaises de Jünger : ceux qui marquent sans distinction le corps des bêtes et les corps humains : nous sommes donc du côté de la viande.

    Le hasard : mise en ligne aujourd’hui dans Ulysse de la fin du chapitre Télémaque, un an quasi après la mise en ligne de la première phrase. L’autre hasard veut que dans le back office du crire on en soit pratiquement à la fin du deuxième chapitre (Nestor). Repense aussi à l’annonce de François Bon ce week-end sur la web-édition, peut-être Ulysse ? Pour l’instant le texte est encore en migration, la question se pose pas. Plus tard peut-être. Évoquais l’autre jour la possibilité de l’offrir. Aime aussi cette idée.

    Fin des éternelles Falaises de marbre. D’autres visages apparaissent, dans le camp de la viande, qui s’opposent à d’autres visages issus de ce même camp de la viande (la violence engendre la violence) :

    Il peut sembler étrange que dans ce conflit Braquemart voulût s’opposer au Vieux, alors que leurs pensées et leurs actions présentaient tant de points communs. Mais c’est une erreur où notre esprit tombe souvent, que de conclure, de l’identité des méthodes à l’identité des buts et à l’unité de la volonté qui se cache derrière eux. Leurs volontés différaient en ceci, que le Vieux entendait peupler la Marina de bêtes sauvages, tandis que Braquemart la considérait comme une terre destinée à fournir les esclaves et les armées d’esclaves.

    P.118

    Voici comment apparaît le dénommé Braquemart, le « pur technicien de la force » (P. 125). S’enfonçant dans la forêt, à la rencontre de son Cerbère (il s’appelle Chiffon rouge), lui et le prince, ces «  moitiés d’hommes », se livrent à des combats de chiens ou de loups. Plus loin, p.139, Dante encore : « Et comme dans l’Inferno, nulle pitié alors » et l’empire de la viande avale tout. La fuite du narrateur, en bateau, à la fin, dans les derniers chapitres, annonce l’Héliopolis futur, au cours duquel, au début, dans l’un des tous premiers chapitres, on aperçoit le narrateur, un autre narrateur, frôlant les côtes en bateau, apercevoir la dépouille du Vieux, celui que dans les Falaises on appelle le Grand Forestier, à son tour vaincu par le cycle de la viande, celui-là qui prévaut sur toute chose (et ce subtil plaisir des yeux pliés quand vient l’instant de refermer le livre en picturalisant déjà l’heure future où on le rouvrira pour une autre lecture).

    La vie grise : on m’écrit en allemand : rassemble tous mes yeux pour décrypter les mots : les uns après les autres comprendre : comprendre que dans le mot Erstzteile il manque un A quelque part.

    Cherché : pas de Jünger numérique. Existe pas. Pour beaucoup de textes même plus de disponibilités papier en neuf, alors passer par le marché parallèle de l’occaz. Pour Eumeswil, occaz, format poche, compter entre 28€ et 125€. Y a un problème quelque part.

    Énième rediffusion télé des Liaisons dangereuses, revu avec plaisir. Exprime et à voix haute le souhait de voir un jour un truc dans lequel Glenn Close gagnerait à la fin.

    Mueller (225 mots) :

    Combien de mondes peuvent bien stagner, nuages &
    nuées de particules en suspension, coincés entre
    les interstices de l’air, là où les rayons de la
    salive solaire s’écoulent, depuis les sommets ou
    la cime de nos cieux à la courbe humectée de nos
    yeux, combien de mondes y aurait-il, au juste, à
    la verticale de nos corps renversés quand toutes
    les chairs & les strates de nos peaux se gorgent
    de soleil après des jours prostrés à l’intérieur
    d’une grange, combien de mondes pourraient alors
    nous balayer le visage, combien de fois au juste
    risquerait-on en un mouvement à peine de glisser
    dans l’un d’eux, d’être happé par quelque autre,
    voire de se surprendre soi-même penché aux bords
    des mondes, nez à nez tout juste avec une de nos
    clonifications parallèles, un double de soi-même
    qui aurait pu être dans d’autres circonstances &
    dans d’autres vies que les nôtres mais qui, dans
    ce monde ci, le nôtre, n’a pas été, combien y en
    a-t-il, donc, de ces mondes vaporeux prisonniers
    dans la brise perpétuelle de toutes les vies sur
    terre ? Combien ? Je te pose la question, Le Cap
    comme tu prétends t’appeler, combien ? Dis-moi ?

    Car les corps sont aux bords de ces mondes : ils
    s’y penchent : s’y abreuvent : s’y gorgent : ils
    sont à la frontière de fuir sans même le savoir.