Aujourd’hui je remets le chauffage dans la chambre. Je vois d’un bon œil l’arrivée prochaine de la Freewrite Traveler : une machine à écrire eink connectée et portable à 350 boules. Mais ai-je besoin d’une Freewrite Traveler, machine à écrire eink connectée et portable à 350 boules ? Ce n’est pas une question de distraction, c’est une question de luminosité. Or, en ce moment, je n’écris rien. Et puis, si jamais j’écrivais, comme par exemple ce journal, sans luminosité, j’ai une technique (...)

Les aubergines à la parmesane coûtent cher. Gloubiboulga de restes pas ouf : riz cantonnais aux lentilles et au thon. Douleurs derrière l’épaule. Il fait froid chaud. Tel à quelqu’un qui me pose des questions (répondre). Les spéculos sont mous, je répète : les spéculos sont mous. Tartelette est vénère et te le fait savoir puis, fatiguée d’avoir été vénère et de te l’avoir fait savoir, elle s’endort confortablement comme si de rien n’était (mais nous ne sommes pas dupes). Je partais du (...)

Des fois, tu regardes un film, et c’est pas du cinéma. Tu lis un livre, et c’est pas de la littérature. Tu vas au restaurant, et c’est pas de la cuisine. Tu écoutes un album sous quelque forme que ce soit, et c’est pas de la musique. Tu regardes un match de foot, et c’est pas du foot. Et ça peut se décliner en absolument tout cette histoire. Tu crois faire une expérience, et en réalité tu consommes un produit. Parfois, même que c’est un super produit, et tu prends du plaisir, mais tu es (...)

Je viens de ces hommes qui, à la lumière de torches, dessinèrent sur les parois des centaines de mammouths, de chevaux, de taureaux, de lions et de lionnes, de rhinocéros laineux et de mégacéros, de bouquetins, une panthère des neiges, des bisons. C’est-à-dire tout le bestiaire des animaux qui peuplaient leur univers et dont beaucoup les menaçaient. Car ils étaient à l’époque des hommes fragiles, peu nombreux, isolés, qui devaient survivre aux mille dangers d’un monde animal dont ils (...)

J’en suis à me dire je voudrais que personne me parle, personne, et moi parler à personne non plus, j’ai besoin de ce silence, celui que le monde a comme bu, car dans les faits on n’arrête pas de me parler. Là, les auteurs me fatiguent, je veux plus parler aux auteurs. Les éditeurs me fatiguent, je veux plus parler aux éditeurs. Les libraires me fatiguent, je veux plus parler aux libraires. Ça devient compliqué mine de rien. C’est sans doute pour ça que j’écris ce statut sur Facebook (...)

C’est plus fort que moi : quand je suis quelque part, je ne peux pas m’empêcher de penser à un autre lieu que celui où je me trouve. Même quand c’est beau, même quand c’est doux, même quand c’est une respiration que d’être là, c’est-à-dire, le plus souvent, loin de là où je me trouverais naturellement. Naturellement : ce n’est quand même pas un mot tombé par hasard. Par exemple, quand je suis sur une plage du Finistère je me dis que je suis mieux ici que dans un couloir de métro à piétiner (...)

Il y a deux types de personnes dans ce monde. Les premiers, ce sont ceux qui te disent qu’ils vont faire quelque chose et qui ne le font pas, comme l’École vétérinaire de Maison Alfort qui te promet de t’appeler à 11h30 pour te dire comment s’est passé le scanner de Poulpir (bien, mais ça n’est pas la question). Les autres, ce sont ceux qui veulent te faire faire des trucs que tu n’as pas envie de faire. Et tu es là, entre les deux, non seulement à souhaiter partir vivre loin de tout ça (...)

Le marché est fini et je me passe un gant d’eau chaude sur les yeux pour qu’ils boivent et ils boivent : en quelques secondes à peine ils sont secs à nouveau et il faudra tout refaire. Je mange des conneries super salées dans un sachet en aluminium pendant que le four fait tic tac pour réchauffer la pizza que m’a achetée H. dans la journée, dans une boulangerie X ou Y et je me dis c’est terminé. En réalité, rien n’est jamais terminé et c’est je crois ce qui est le plus difficile dans ce (...)

Des gens parlent tout seul sur les trottoirs de Maison Alfort où je dépose Poulpir pour une opération à l’École vétérinaire. Il fait beau tôt. Une boîte à livres rouge qu’il n’y avait pas lorsque c’était le tour de Tartelette. À l’intérieur de cette boite, rien. Je veux dire, si bien sûr, des livres en quantités, mais moi j’ai rien à lire. En réalité, j’ai trop de choses à lire. Loin de cette rue, il y a une version de Canto Ostinato pour violoncelle, marimba, conga et guitare portugaise (...)

H. va chercher Poulpir à la clinique vétérinaire de Maisons Alfort et voilà encore un truc qui va coûter un bras. L’opération s’est bien passée, c’est tout ce qui importe, et cette expresson (coûter un bras) est erronée. D’ailleurs ça vaut combien, un bras ? Ça te coûte quoi quand t’as besoin d’un bras ? Par exemple, le mec de Coup de tête (qui a eu à une époque un nom, et puis finalement plus), combien devrait-il payer s’il devait se procurer une prothèse de main, ou d’avant-bras ? On (...)