Anton Batagov



  • 290418

    30 mai 2018

    J’ai toujours pensé que la meilleure manière de vivre tranquille était d’être aussi transparent qu’une vitre, comme un caméléon sur la pierre, passer à travers les murs, n’avoir ni couleur ni odeur ; que le regard des gens vous traverse et voie les gens derrière vous, comme si vous n’étiez pas là. C’est une rude tâche d’être transparent ; c’est un métier ; c’est un ancien, très ancien rêve d’être invisible.

    Bernard-Marie Koltès, Roberto Zucco, Minuit

    La douleur, elle a fondu un peu. Mais, entre temps, elle a su rayonner pendant la nuit, ça fractionne le sommeil, ça, ces fils de blanc tendus sous ce qu’ils appellent les fausses côtes (mais ce n’est pas osseux c’est musculaire). Il y aura 684 mots pour Eff, sur Sleep, ce qui est à la fois dérisoire et, je sais pas, quelque chose j’imagine. Comment il faudrait clore ce moment de bonheur qui s’est tissé dans le texte j’en ai pas trop idée pour l’instant. C’est éprouvant d’écrire des choses heureuses. Plus de prise sur les choses tristes. J’ai envoyé une première version des traductions de Dylan à T., en espérant que ça fonctionne un peu. Il faut en revenir au Morphine(s) 05. C’est quoi le subjonctif de mourir ? Pourquoi j’ai encore envie d’y foutre deux r ? Il fait un temps blême. Dehors les yeux d’un chien aux yeux vairons sous Corridors of time. C’est à peu près tout pour le monde extérieur. Mais il existe un album qui regroupe X interprétations du Canto Ostinato, notamment une version au synthétiseur que j’utilise souvent pour courir, mais il existe également une version à un seul piano, dont j’ignorais l’existence, beaucoup plus calme. Mais aussi une version avec deux pianos préparés, qui est complètement lunaire : c’est quasiment de la musique électronique ce truc, et ça se rapproche de cette interprétation du Canto Ostinato avec des instruments pour enfants que j’avais trouvée un jour sur Youtube. La version au violoncelle, malheureusement, impossible de la trouver entière. Depuis des semaines je cherche de la musique sur quoi écrire Morphine(s). Pendant un temps Gustavo Santaolalla. Je cherche des compositeurs russes, des contemporains. Par exemple Sofia Gubaidulina. J’écoute ça. Ça marche pas. Dmitri Kurliandski (ça fait peur à Poulpir tous ces bruits de crépitements). Anton Batagov (déjà ça marche mieux). J’ai beaucoup avancé Morphine(s) ce week-end. C’est bien. Il faut aller plus loin maintenant.

  • 100518

    12 juin 2018

    De gros nuages venus nous sauver. Me. J’ai raté l’ascension de l’Etna et j’essaye, sans savoir comment l’étape s’est terminée, de la voir en différé. Il faudrait aussi, pour Morphine(s), que j’aille chercher cette ascension mais dans le passé, chez Buzzati. Morphine(s), ce que je fais c’est que j’écris dessous, c’est-à-dire que ce n’est pas censé être satisfaisant (ça ne l’est pas), j’écris la matière dont j’aurai besoin, ensuite, pour écrire par dessus. Dessous donc. 606 mots médiocres pour Eff sur Shadow nor Prey. Mais je peux pas écrire Morphine(s) sur Shadow nor Prey, pas vrai ? Alors je change la musique et c’est Anton Batagov qui s’insère dans le flux, je prends appui sur lui.

  • 170518

    17 juin 2018

    Peut-être qu’il y aura une photo de moi dans Street View dans les prochaines semaines ou mois, là sur ce rond-point, de retour de la Poste pour expédier les SP du Journal de la crise que Laurent a signés ce matin. La Google Car était là, elle, du moins. Et moi ? Retour chez la neurologue pour faire le point sur l’année écoulée. Avons convenu de poursuivre la Nocertone, tant que ça marche. Est-ce que ça marche ? J’ai de quoi tenir jusqu’à fin juillet, là. Je parle pas de trucs alternatifs, comme le biofeedback, ou ce qui relève du magnétisme. Le reste de mon temps, comme chaque jour cette semaine, je le passe dans le flux continu de ce site sur Empreintes que je continue d’alimenter. Il y aura 506 mots pour Eff et un album étrange d’Anton Batagov : Selecter letters of Sergeï Rachmaninoff : des lettres adressées à des compositeurs comme Simeon ten Holt, Philip Glass, Brian Eno. D’autres aussi. C’est inégal. Des fois c’est un peu caricatural. Mais c’est vraiment singulier. Et je n’ai jamais écouté Rachmaninoff, moi.

  • 280519

    28 juin 2019

    J’aime les commentaires Youtube qui commencent par I used to work as a dancing cell phone (in a suit) mascot for a wireless company in my area, 6 or 7 years ago. On pourrait écrire un roman entier uniquement dans des commentaires Youtube (je crois que ça a déjà été fait). C’est merveilleux Youtube : tu y découvres des créateurs pleins de talent te dire et je vais vous expliquer pourquoi TEL PRODUIT est vachement bien dans une vidéo sponsorisée par l’ÉDITEUR DUDIT PRODUIT. Youtube, je m’en servirai plus pour écouter la bande-son de Soukaïgi (qui se souvient de Soukaïgi ? et Koudelka, qui se souvient de Koudelka ? je suis sûr que H. oui) qu’autre chose. Ailleurs, la lettre (fictive) qu’a écrite, selon Anton Batagov, Rachmaninoff à Simeon ten Holt et c’est beau. Parfois cela suffit. Là, non. Sur Twitter (je vois ça via le compte de publie), quelqu’un poste une caricature d’André-Philippe Côté. C’est une petite BD en six cases où l’on voit quelqu’un recevoir un colis, ouvrir le colis, déchirer l’emballage intérieur, découper le film plastique à bulles qui enveloppe le contenu du paquet, déchirer le blister, puis, sur la dernière case, on peut lire le titre du livre ainsi déballé : Guide du zéro déchet. C’est drôle. Les gens partagent, commentent, font ce que font d’ordinaire les gens sur les réseaux sociaux, en soi ça ne mérite pas nécessairement d’être relevé. Puis le compte d’un regroupement de libraires indépendants partage en commentant la chose suivante : « Acheter en librairie, c’est tellement moins polluant. » Sauf qu’on estime qu’un quart des livres qui se retrouvent un jour en librairie (notez que ce n’est pas la même chose que d’écrire un quart des livres mis sur le marché) finissent au pilon, soit, si on en croit une étude qui date de 2017, plus de 140 millions de livres (par an). Et je me suis fait avoir. Me revoilà de nouveau happé par des paroles parasites alors que moi, tout ce dont j’avais besoin, c’est de silence. De silence intérieur, et de silence extérieur, ce qui est il faut bien le dire bien dur à concilier. Et peut-être qu’au-delà de cette histoire d’emballage ou de gaspillage il existe un moyen de faire en sorte que les auteur.e.s puissent être payé.e.s de leurs livres. Cela aiderait par exemple d’indiquer, à l’intérieur du livre, le taux de droits d’auteur auxquels ils ou elles sont soumis, et s’il y a eu ou non à-valoir, et si cet à-valoir a été payé par l’éditeur avant la sortie du livre. Peut-être qu’ainsi on se rendrait un peu compte de la réalité. Quant à moi, j’oublie toujours que le fichier perso.css dans Spip il faut le déposer non pas dans le dossier CSS du répertoire squelettes-dist mais dans un nouveau dossier CSS à créer à la racine, ce qui n’est pas logique du tout à mes yeux, mais il se trouvera sans doute encore des hordes de développeurs pour me dire que si, c’est comme ça qu’il faut faire pour le bien commun et il faudra s’y plier.