![]() 31 octobre 2008Saint-Etienne ne bouge pas ou si peu ou bien mes retours échelonnés tous les trois mois rendent tout mouvement impossible car le temps trop lent s’y diffuse mal. Je profite tout de même de mon retour pour régler quelques petites choses qu’il aurait fallu régler plus tôt mais qui ne l’ont pas été à cause de. Je fais le tour de la fac pour y récupérer mon diplôme de Licence. Je le tiens là, dans la main droite, à l’abri des gouttes de pluie disséminées, inutile et laconique. Peut-être ma dernière visite à la fac, maintenant que j’y pense et que je n’ai plus rien à y faire ni personne à y retrouver. J’abandonne également mon ancien ordinateur, longtemps futur-ex mais désormais ex-tout-court depuis août. Je le vide intégralement de sa mémoire crade puis me charge de compacter puis exporter ailleurs l’intégralité de ma boite mail d’entre 2003-2007. Dans le hasard de mes coups d’oeil entre les lignes, j’y lis parfois : mais les gens me sont tellement incompréhensibles que lorsqu’ils sortent de ma vie, je ne fais jamais grand chose pour les retenir ou encore et si tu as l’occasion de lire Mantra, ne la loupe pas, c’est vraiment un bouquin énorme ! Autant d’instantanés piqués au fil de l’ascenseur, lorsque les messages s’affichent puis se détachent, pris dans la même seconde. Autant de moments différents dans des temps aplanis. Que je ne veux surtout pas perdre. Parce que tout est utile, tout à un sens. Parce que j’archive tout. Ces jours-ci s’étalent entre deux quais, j’en ai conscience, mes minutes allongées sur les banquettes ou sur les sièges de trains, qu’ils soient de banlieue, de région ou à grande vitesse. Pour gagner la Gare de Lyon, hier matin, je fuse dans l’habitacle rouillé d’un RER type années soixante-dix, avec rails ondulés sous les roues pour secouer les voitures à chaque passage de blochet. Impossible de lire là-dedans, alors se contenter d’écouter filer les ondes. Penser aussi à la veille, à dix-sept heures et quelques, au moment de retrouver-rencontrer Faro et Maïwenn du forum des JE,
Et je regrette l’espace d’une seconde ou deux de n’avoir pas réellement bien mémorisé les photos en ma possession pour pouvoir clairement aborder la bonne personne, et accessoirement aussi maudire mes verres inadaptés qui tracent tout contre moi une foule de visages flous-fuyants, des silhouettes en travers dans le vague, impossible à identifier, et encore moins à reconnaître.
au pied de la grosse tête fondue devant l’église St-Eustache. Deux heures et quelques en leur compagnie qui file dans la chaleur d’un bar voisin, puis déjà le temps de se séparer,
Au moment où on longe tous les trois la grosse tête, j’aperçois les rayons couchés-rouges du ciel qui s’ouvre pour une seconde par dessus la façade de l’église et le gris tout autour qui l’éponge, c’est un petit parfum d’apocalypse ratée par dessus le toit des Halles.
de rentrer en quatrième vitesse et de se plonger dans les bagages à farcir pour le lendemain, c’est à dire le jour avant aujourd’hui, donc hier. Entre deux quais, plus ou moins comme on peut, essayer aussi de progresser dans la densité luxuriante du Paradiso de José Lezama Lima. Un peu avant d’arriver à Sainté, entre Come to me et One day, je traverse ce passage bouleversant de fin de chapitre, le sixième, et je prends conscience de la profondeur du truc. Ce qui ne m’empêche pas de le fermer puis de l’enfouir dans le vrac du fond de mon sac. Pas rouvert depuis. Le programme du week-end un peu sec, je dois dire, cette fois-ci je reste peu, je repars dès dimanche pour cause de boulot lundi. D’ici là, revoir ceux que je pourrais attraper demain soir, c’est à dire grosso modo les habituels moins quelques autres. Puis reprendre le train le lendemain et rebondir sur une nouvelle semaine-type qui m’aide à y voir clair. Coup de tête en pause légère en attendant, ici je n’arrive plus à l’écrire. Puis les trains, les trains, encore les trains, puisque de toute évidence je n’arrive pas à me lasser d’ignorer le monde qui défile froid derrière la vitre. ![]() 19 décembre 2008Mes journées passées en continu dans l’habitacle pressurisé d’un train. Pas toujours le même, mais le même au fond. Le RER qui part pas ou qui part mal, ou reste à quai ou attend que l’alimentation revienne par dessus lui. Le RER du retour annulé, téléporté une gare plus loin, les autres RER qu’on prend pour rejoindre la gare suivante, celle censée abriter la fuite du premier, puis le changement de quai qu’il faut traverser à coup de genoux sec sur les escalators. Les trains froids au chauffage éteint, les portes ouvertes, les néons défaillants, les courants d’air à chaque gare butée. Les gares au courant d’air bis, les grandes entrées scalpées, pas de distributeur en vue, simplement le vas et viens des bipèdes et bagages qui se croisent et s’inversent en fonction des horaires blanc sur bleu. Se dire au cœur de ce marasme là que pas une fois je n’ai pris en photo le plafond de la gare de Lyon sans pour autant dégainer l’appareil pour corriger l’oubli. Deuxième oubli d’une même pensée dans la foulée. Puis des repas chauds vendus froids au prix de formules exorbitées, les miettes de sandwich sèches sur le bec des pigeons, le bruit des rails en écho surexposé par dessus les quais en béton. L’autre train, celui-là plus rapide, qui grésille sa voie jusque vers le sud, c’est à dire emprunter les mêmes rails que ceux qui conduisent jusqu’à la gare, cette fois dans l’autre sens. Le silence de cette cabine là, au fond toujours la même, le petit bruit de l’air conditionné qui conditionne pendant que nous nous débarrassons de nos couches de tissus respectives. La voix dans le haut-parleur qui crépite et le train, le même, différent, à jamais identique, qui repart, mon siège 102 encadré par deux corps jeunes. Croquis #6
Sur fond de I would be you’re slave (parce que c’est vrai).
– 106 (gauche) : grand type châtain, lunettes effilées aux montures grasses et bords verts, rasé de près dont cou lisse, yeux clairs fixés sur les pages défilées d’un Clan des Otori tome II (poche) puis tome III (neuf), gourmette « Sébastien » au poignet gauche, montre opaque et large au poignet droit, fin soupir fatigué puis sommeil intempestif par dessus pages retournées, réveillé-sursaut par contrôleur qui traverse, carte 12/25 oubliée, amende potentiellement remboursable payée CB dans la foulée, t-shirt manches longues beiges sur gris et jean délavé au centre et effiloché au talon, chaussures Adidas de ville au cuir noir aplati et semelles clean impec par dessous, jambes gauche par dessus la droite, pied droit écrasé tordu sur repose-pieds – 101 (droite) : grand brun aux piercings gauche asymétriques, un lobe puis deux sommets reliés par une barre fine métallique avec arcade gauche percée dans la hauteur, t-shirt noir mi-moulant sur jean neuf bleu nuit, nike air max d’il y a longtemps croisées sur sac Eastpack motifs fleur-camouflage verts et noirs, barbe de trois jours serrée mais souple sur torse qui lui remonte sous la gorge, peau chair de poule sur nuque lisse inclinée, cicatrices sur avant bras gauche intérieur et veines communicantes du coude droit saillantes et serrées sous la peau, mains aimantées à son A marche forcée, édition couverture souple, écriture large, qu’il lit une heure et demie puis referme sous 98 pages, puis mp3-clé usb avec mouvements régulier des doigts, ongles coupés net aux ciseaux, sur genou droit contre les rythmes hip-hop sucrés dans ses écouteurs Puis de là attraper le pull de l’un pour le glisser dans le compartiment bagages par dessus les sièges et lui marcher accidentellement sur le pied gauche dans la foulée pendant que l’autre s’endort. Les premières neiges apparaissent sur le coup de 14h20, quelque part entre un point A et un point B, puis soleil d’orage couvé en arrivant sur Lyon. La neige il en reste un peu, on l’aperçoit lorsque la voix sans visage nous crépite un terminus qui s’égosille. Premiers mots du type de droite, place 101, qui grogne un ton de brute anesthésiée dans son portable SE puis referme. Se dire qu’après avoir examiné tous les détails de son image, voir sa voix qui d’un coup brise tout le charme emmagasiné ça fait chier. Le laisser sortir par la droite, et moi à gauche. Depuis la gare, attente frigorifiée des six minutes de délais avant arrivée du 5 Terrasse sur les bons rails. Le froid qui s’infiltre entre les deux wagons, pendant que mon sac grince à la jonction, sur la plateforme circulaire qui tourne à la moindre courbe. Les gamins des collèges et lycées en vacances qui sortent en bruit. Image furtive d’un lycée bloquée et puis se dire que plus les retours se répètent ici et plus mes souvenirs directs, mes images mentales, sont liés aux lieux ciblés par Coup de tête, aux faits fictifs qui en découlent, et non aux souvenirs personnels que je peux en avoir. Quelque chose comme de la tristesse derrière ce constat, de la justesse aussi. Tout sonne comme il devrait. Dernier arrêt Passerelle aux sièges presque vides autour, terminus moins un oblige. Portes ouvertes puis fermées : le froid sec et calme d’un décembre habituel, puis la côte trop forte à subir, mes kilos de sac par dessus l’épaule, l’épaule gauche, main droite serrée-coupée sous la bride. ![]() 21 janvier 2009J’écoute la voix de mes correspondants téléphoniques avec la plus grande attention. Je remarque que plus la journée s’écoule, plus les appels s’enfilent, plus les commandes s’empilent, plus ma voix mes yeux mon crâne s’épuisent, plus je m’adresse à eux (mes correspondants, clients, clients potentiels, clients à venir, clients en colère, clients hilares, clients sobres, clients impolis, clients qui s’écoutent, clients qui s’épanchent) et plus je sonne (je l’entends, je l’entends bien) comme si se tenait devant moi (ou bien à l’autre bout), un enfant qu’il faudrait rassurer : mais ne t’en fais pas on va le retrouver ton nounours, et après tout ira bien. Remplacer le tutoiement et la peluche par une commande et le bon vous et nous y sommes. Mes clients préférés ne sont pas ceux qu’on reconnaît au premier filet de voix (signal secret pour : attention, problème), ni ceux qui me commandent en masse, ni même ceux qui n’ont pas besoin de mon aide ou qui ne me demandent rien. Mes clients préférés sont les voix qui articulent, qui pointent délibérément avec la langue le point d’accroche qui les tracasse, le détail à éclaircir, la virgule à déplacer. Les voix qui prennent ce qui leur faut, numéros froids sur mon écran, puis qui repartent sobrement. La politesse avec eux n’est jamais un problème puisque fondue directement sous la langue. Ils ne sont jamais les clients avec lesquels on sympathise. Les clients avec lesquels on sympathise finissent toujours, un jour ou l’autre, par devenir précisément ceux qui subissent les pires catastrophes, et donc sujet aux pires crises d’énervement. Pour une diction impeccable, l’accent aide, l’accent provoque. Les voix non-maternelles prennent soin de découper la syntaxe qu’elles manient souvent mieux que d’autres, ils ont le soucis du mot juste, de la tournure adéquate. Les prépositions s’inversent parfois et la prononciation dévie mais le cœur de la voix, on l’écoute, il résonne juste dans le combiné, les syllabes découpées-foulées au timbre et l’attention nette de la virgule sonore qui répartit les phonèmes. C’est Björk qui savoure sa Dull flame of desire (I, love, yo-ur, eyes, my, de-ar, etc.) avant l’étreinte d’Antony Hegarty, ce sont les dents sèches de Maggie Cheung devant Nick Nolte ou les haches brèves de John Malkovitch en interview, c’est Charlotte Rampling contre à peu près n’importe quoi. Cette voix là je l’écoute, et les ordres qu’elle me cède je les suis. Mme O. me fourni les références désirées que je liste sur un fichier texte pour en garder la trace. J’enchaîne les tirets-à-la-ligne et les signes lettres et chiffres sur la gauche du .doc. J’y presse des fois dix, fois vingt, fois trente, fonction des quantités demandées. Le blanc de la page lentement se confine. Mme O. de sa voix droite m’explique les allées du jardin, parallèles puis obliques, le gazon qui s’étend devant la maison, la descente par l’arrière et l’ouverture du sous-sol par commande électrique. Elle utilise les mots vous comprenez pour me laisser comprendre, justement, que c’est important. Je dis oui bien sûr. Elle traverse l’espace vierge (ciment) dévolu à une ou deux voitures qui n’y sont pas, prend le couloir dessiné au sol par des baguettes en bois puis voilà, ce sera là, vous voyez, c’est à bonne température n’est-ce pas ? M’expliquant son projet de cave à vin, elle trace au mur le rayon tes tonneaux et tonnelets qu’il faudra entreposer (pour la gorge et pour les yeux : il faut que ce soit bien beau), quatre-vingt-quinze euros la version cinq litres, cent-trente-neuf pour dix, oui, TTC, tout est toute taxe à la fois. Elle rallonge le parcours, le revêtement rouge velouté au sol (vous n’avez pas cela ?), les murs en pierre apparente, la température exacte. Une petite table haute, deux verres à décanter (un litre ou bien un et demi) et une carafe Marina (la qualité du verre, parlez-moi d’elle) posés dessus pour dégustation (c’est quand pour les amis, pour qu’ils savourent). Un vinomètre, mais aucun tire-bouchon (ils ne sont pas assez authentiques, les vôtres, nous ne voulons pas de modernes), des rafraichisseurs (peut-être douze, je ne sais pas encore). Des verres Gala, des verres à Bourgogne, des flutes pour la nouvelle année. Des porte-bouteilles, formes pures, rien d’inhabituel, pas de paniers (c’est ringard) ni de sets de table. Les coffrets ne l’intéressent pas malgré les promotions. Mme O. sait ce qu’elle veut. Je décompose ses lettres, noms, apostrophes, que je plonge à la suite de ma liste, dans le blanc de ma page. Son adresse, livraison puis facturation (dans cet ordre), aucune date de naissance (je ne vois pas à quoi cela pourrait vous servir), une adresse e-mail teintée de masculin, un numéro de téléphone (avant sept heures, jamais à midi). Mme O. paiera par chèque (faxez-moi votre adresse, ne faites rien par e-mail) après réception du devis, faxé également. Mme O. ne demande pas de remise sur quantité, je ne coche pas l’option ni ne la lui propose. Mme O. ajoute simplement qu’il faudra l’appeler personnellement avant la livraison, aux horaires indiqués. Je lui dis oui évidemment tout en sachant que non. Mme O. me dit au-revoir et merci sans prendre mon nom ni me souhaiter une bonne journée. Après elle la tonalité.
![]() 21 avril 2009Sur fond de Frosti-live (même s’il faisait chaud ce jour là). ![]()
![]() 12 novembre 2011
![]() Il n’y a aucune fin du monde à aucun étage ni à aucune heure du jour ou de la nuit. Nous rejoignons, H. et moi, quelque part mes parents, de passage pour trois jours sur Paris, pour l’exposition Giacometti et les étrusques, à la Pinacothèque puis, de là, Madeleine, rue Tronchet, où d’ordinaire je bosse, enfin pas moi mon ombre, la semaine, bien loin, si loin de moi, je leur montre l’immeuble et puis le bâtiment, et sur la pierre vissé ce numéro tant. Le train arpente coton les fils de ce fameux Novembre toute l’année. À l’entrée de la gare la machine refuse de cracher les billets : télébiquette en panne, dixit l’écran, je cherche, dans l’écran et ailleurs, surtout dans l’écran, et puis surtout ailleurs, la dite télébiquette en vain. L’exposition Giacometti et les étrusques, à la Pinacothèque, est mal pensée, et la confrontation des deux sujets pas toujours évidente, mais je m’approche de l’homme qui marche et planté sur mes pieds je prends racine : là durs de biais dans la matière et en relief ses deux poumons ressortent à la surface du derme. Plus loin, dans l’ultime salle du truc, celle où il y a neuf mois nous nous sommes vus ensemble dans les yeux creux de la momie Rascar Capac, je fixerai plus l’ombre de la grande statue amarrée sur le mur que la matière servant à composer la grande statue elle-même.
Nous sommes passés hier, par les passages. Je n’ai trouvé aucun bouquin à lire dans telle ou telle boutique mais la voiture de l’an 2000 ou le chevalier en plastique sur son cheval en plastique, ça oui je l’aurai lu. J’écoute sans réagir podcast France Culture sur l’après livre, et François Bon, et Beigbeder. J’entends le nom Larbaud. Je paresse à poursuivre ce journal. J’ai quelques images en tête, elles s’usent et désespèrent, sans aucune intervention de ma part. Souvent de ces images de train, et des jambes battues et des bras morts. Je n’écris plus ici chaque jour. Ça reviendra. Si je n’archive pas moi-même mémoire, qui pour le faire ? ![]() 10 janvier 2012![]() Me lève à 7h15 moins 10. Caresse un Soupir, salue et enlace H. Avale 167 Chocapics ni duo, ni pépites, ni cœur fondant, bois 10cl de jus d’orange réveil fruité Tropicana mais sans la puple. Mate 18 minutes d’infos Itélé, soit un édito de Christophe Barbier, un Plus du 6-9, un rappel des titres, un JT sport, quatre pages de pub, un mec sans froc. Ecoute 11 minutes de France Info sous la douche incluant la fin de Tout info tout éco, Cinq jours à la une et un rappel des titres. Enfile un boxershort, couleur noire, sans marque, une paire de chaussettes noires à motif bananes jaunes offerte par la mère de H. il y a quelques années et pour laquelle N. m’a un jour dit « toi t’avais pas prévu d’enlever tes pompes ce matin quand t’as choisi tes chaussettes » et j’ai dit « si », un jean sans marque et anthracite sur lequel manque un bouton perdu un été à Morlaix renforcé par une ceinture achetée chez Jules au hasard et dans laquelle j’ai dû percer, au couteau, un trou supplémentaire car trop maigre, un T-Shirt noir Carnet de vol acheté été 2009 à Morlaix avec motifs indiens qui m’ont fait dire un jour « on dirait pas des traces de transpi ? », un pull sans marque et vaguement gris dont H. me dit qu’il lui appartient mais j’en doute. Prépare la bouffe à Soupir et lâche dans le ramequin 10 feuilles de mâche, 4 feuilles d’endive, un morceau de fenouil, 6 branches de persil et 42 bâtonnets dans la balle distributrice posée sur le tapis. Remplis à ras-bord l’humidificateur d’air pour que l’indice à 62 s’y tienne. Ai besoin d’une tentative pour enfiler la Kickers gauche (pastille rouge) achetée dimanche premier 109.65€ la paire sur Spartoo.com, récupérée samedi matin la Poste avant qu’Orange nous fasse le coup du téléphone coupé pour cause de factures impayées, cinq tentatives et X putain pour enfiler la droite (pastille verte), issue de la même paire, et partageant par conséquent la même histoire et les mêmes caractéristiques que sa siamoise. N’en lace aucune des deux avant 13h. Écoute et dans cet ordre : Wild man, Jet’aimejet’aimejet’aime. Attends puis monte dans un train baptisé MIPE. Lis 15 pages de The Pale King correspondant à la plus grande partie du chapitre 14 dans lequel des employés du fisc sont interviewés, les uns après les autres, face caméra, sur leur taf et leur vie, mais dont l’intitulé des questions a préalablement été gommé et où chaque intervenant est désigné non par un nom mais par un numéro de série. Reçois un mail disant bonne fête et y réponds, un Spam Google +, un Spam Skema Executive, un spam Yahoo Updates et une enquête de satisfaction émise par le cabinet qui emploie Svetlana et à laquelle j’ai déjà répondu le 16 novembre de l’année précédente. Écoute et dans cet ordre : The fall, Je peux vivre sans toi, Requiem pour un con, Tron Legacy (End Titles), Everybody cares Everybody understands, Birds, Reign, My Death. Longe 2 sex-shops. Lâche 6 bonjour à 8 personnes différentes. Réponds au taf à 5 appels entrant, en émets, sortants, 2 et pas un de plus pour cause de panne du tel de 10h à 16h. Envoie 3 fax. Envoie ou réponds à 17 mails. Ouvre 2 courriers réclamations clients dont un recommandé AR ; ne réponds à aucun. Enregistre 14 commandes pour 11 nombrils, 2 lobes, 17 orteils, 3 talons, un coude et un fémur. Classe 132 commandes papier entassées sur le coin du bureau, perfore 528 trous pour que ce classeur large, couleur bordeaux, soit bien à même de les stocker. Mange 122 fusili sauce gorgonzola et noix (et non 122 penne sauce gorgonzola et noix comme commandé initialement mais j’absous la maison car elle me doit réduc sur mon prochain gueuleton) et un muffin au chocolat qui contient aussi en son cœur une certaine quantité de Nuttela tout cœur fondant, boit 33cl de Coca zéro, le tout pour 9€50 prix de la formule payé par un ticket resto plus 2 pièces de 1€, remboursé par une pièce de 50 centimes. Mâche un Freedent White à la menthe forte. Lis 59 pages du Décaméron parmi lesquelles l’introduction (les femmes par nature se remettent plus difficilement de leurs peines de cœur car elles auraient bien moins de divertissements que les hommes, qui peuvent chasser, pêcher, jouer au golf, faire des concours de taille de bite, c’est bien connu, contons leur donc quelques histoires de bonnes femmes pour les désennuyer), la première nouvelle de la première journée (un faux dévot qu’on appel Maître se chope une sépulture avant l’heure H), la deuxième nouvelle de la première journée (où un juif devient chrétien malgré / à cause de Rome), la troisième nouvelle de la première journée (trois anneaux, trois religions, un doigt, un fils), la quatrième nouvelle de la première journée (où un moine et un abbé sont tentés par les, sic, « aiguillons de la chair »), la cinquième nouvelle de la première journée (un marquis bouffe des poules, oui, que des poules), la sixième nouvelle de la première journée (cent soupes pour une et une pour toutes), la septième nouvelle de la première journée (un grammairien avale trois pains), la huitième nouvelle de la première journée (où l’un dit à un autre « faites y peindre des éternuements »), la neuvième nouvelle de la première journée (où l’on insulte une gasconne et où un roi lui rend justice) et la dixième nouvelle de la première journée (les amants des poireaux ou tout comme). Enregistre trois demandes de ramassage pour trois colis éparpillés dans toute la France et à livrer en Suisse. Renseigne 3 clients pour 3 demandes de suivi de 3 réparations différentes et bouclées. Copie pour statistique 31 fiches de réparation, les restitue en 31 lignes Excel renseignées à la main faute d’un logiciel adéquat pour exporter convenablement n’importe quelle donnée ou renseignement hors la machine. Enregistre 10 commandes de remplacement pour prises sous garantie diverses, 4 avoirs et une annulation d’avoir cause imbroglio administratif. Prends gris ou bleu photo de la vitre couleur du ciel pour le truc 17h34. Quitte à l’heure dite. Écoute et dans cet ordre : Battle for Britain, Jaloux de tout. Prends via l’iPhone photo (deux fois la même) prête à partir, destination Christine Jeanney, un peu de grain à moudre pour ses superfameuses todo liste. Attrape un train nommé QAHA66 pour une station. Écoute et dans cet ordre : The Libertine. Rejoins un train nommé BIPE pour onze stations. Lis 30 pages de The Pale King, correspondant aux chapitres 15 (sur les hypersensibles du grand tout), 16 (où 2 bonshommes racontent à un troisième l’histoire d’un numismate et d’un barbeuk), 17 (sur ceux silencieux qui font le sale boulot, tu vois), 18 (où l’on se demande, au fait, ce que peut vouloir dire le titre en bon français) et 19 (sur trois bonshommes coincés dans un grand ascenseur et leur dialogue aveugle, ininterrompu, depuis leur point de départ les impôts vers nom de Dieu tout le reste). Écoute et dans cet ordre : You’ve been flirting again, I want to be well, Space Oddity. Dis fatigué les mots bonjour et puis bonjour Soupir. Récupère un avis de passage (la Poste) sur le clavier du mac martelant mais sans voix : PAS DE NOM SUR L’INTERPHONE. Donne une branche de persil à Soupir (sur tapis) , qu’il mastique. Lave puis essuie, dans cet ordre, un plat, 2 bols, un ramequin récupéré à l’époque de Morlaix lors de la fermeture du restaurant Le Brocéliande, 3 cuillers à café, un couteau, un couteau qui coupe, une passoire inox et deux verres intialement prévus pour contenir 220g de Nutella. Déballe, décongèle, fais chauffer une Moussaka surgelée de marque Maggi. Mange la dite Moussaka ainsi que deux tartines Nutella sur brioche tressée Pasquier à manger avant le 12/01 prochain soit dans 48 heures, le tout face à H. Brosse 2 fois tant de dents devant un mur en attendant qu’elles moussent. Sort un paquet de saucisses cocktail fumées, un rouleau de pâte feuilletée, 2 plats, une casserole, un couteau qui coupe, une cuiller à café, un paquet d’Emmental Président au cœur de la meule, un iPad préalablement chargé des 10 épisodes podcastés des Années d’Annie Ernaux par France Culture et un iPhone si jamais. Préchauffe un four à 180° pendant 5 à 8 minutes ou que sais-je. Découpe 10 bandes de pâte feuilletée. Plonge un paquet de saucisses cocktail fumées dans une casserole d’eau bouillante. Lance un podcast des Années épisode 3, lequel commence par une chanson de Piaf qui fait « Moi j’essuie les verres au fond du café ». Egoute, mélange et sort un paquet de saucisses cocktail fumées prêtes à servir. Enroule quatre saucisses cocktail fumées dans une bande de pâte feuilletée puis les cuis 180° quatre minutes pour test. Goûte puis jette quatre saucisses cocktail fumées feuilletées trop cuites et ramène le thermostat à 140, le temps à une minute 50. Enroule et cuis 43 saucisses cocktail fumées feuilletées a priori mangeables et peu laideronnes. Entends, écoute, termine podcast des Années épisode 4 dans lequel la voix doublant la narratrice raconte : « C’est à cause de cette sensation éperdue qu’on se retrouvait, après un slow, sur un lit de camp ou sur la plage, avec un sexe d’homme, jamais vu sauf en photo, et encore, et du sperme dans la bouche pour avoir refusé d’ouvrir les cuisses, se souvenant in extremis du calendrier Ogino ». Stocke les 43 saucisses cocktail fumées feuilletées dans un Tupperware en plastique acheté 5€73 à Intermarché quatre jours plus tôt, toutes prêtes à être emportées lendemain pour ce fameux repas commun d’bureau où il est paraît-il nécessaire, mais, non : indispensable d’apporter du homemade mais j’en doute. Me plante dans le trou du canapé et prends France 2, docu Barbie, en cours de route depuis réplique « lors de son investiture une rose à la main » à « le souvenir des enfants d’Izieu. Voilà ». Enchaîne sur un docu intitulé La traque des nazis depuis l’image d’Hitler en chaire jusqu’à celle de ce crâne explosé, appartenant à un corps anciennement collabo qui fait face aux fusils. Rentre Soupir et lui donne à mâcher pour la nuit une boule de foin ni plus, ni plus, ni moins. Lis 40 pages de Cuisine parmi lesquelles se trouve la formule « la livraison d’une vie » et « cela ne m’intéresse pas de me raconter ». Fais un point sur ce jour qui m’aura vu monter 5 escaliers, 5 Escalator et un ascenseur, descendre 9 escaliers, 2 Escalator et un ascenseur, prendre en note 286 mots sur l’iPhone, 187 mots note papier et dessiner 99 bâtonnets en parallèle de ces dits 187 mots et ce afin de matérialiser, plus tard, plus tard c’est-à-dire maintenant, les statistiques précises de chacune de mes tâches semi-professionnelles. Fais le noir autour de moi. M’éteins enfin puis m’endors 23h30 moins 10, toutes les veines de mon crâne en blanche ébullition. ![]() 31 mai 2012![]()
Le drame de 17h34 (et donc de toute ma vie photographique) c’est d’échouer sans cesse à pouvoir prendre tout l’intérieur de mes paupières fermées. Ici c’est que dalle. Où il est le sang, où il est le granit ?
Retrouve mon corps recroquevillé dans l’abdomen. Plus rien plus à tousser, même pas moi-même. Dehors de l’air, manches longues, deux épaules rêches qui saillent. Sans pouvoir m’expliquer pourquoi, les mots qui m’émeuvent le plus dans la chanson I’ve seen it all du film Dancer in the Dark seraient « my pulse was as high on my very first date ». C’est comme cette scène de Two Lovers, la fin. Combien de fois l’avoir déjà revue sur Youtube juste pour entendre dessous la musique ? La bande-originale n’existe pas. Pourquoi quiconque ne cracke jamais ce qui n’intéresse personne ? Faut arracher au DVD toute l’entière piste son, dialogues, respirations compris. ![]() 4 février 2015
J’ignore comment j’en suis arrivé là : cela fait trois quart d’heure que je pense à autre chose et que mon corps avance, sans moi, dans la ville, sans moi. C’est un peu comme écouter Odi Et Amo pendant des heures ce dont je parle. Expérience racoleuse sur Wattpad suite et fin : même si les chiffres sont ectoplasmiques un constat : les chapitres aux titres normaux ont reçu peu de lectures mais les lecteurs sont allés au bout de leur lecture. Le chapitre au titre racoleur "À l’époque Bajir suçait des mecs pour le frics" a rencontré plus de lectures mais seuls 60% des lecteurs sont allés jusqu’au bout. Que faire de ces stats ? Rien. S’en désintéresser. Travailler autre chose, ici, ailleurs. Ce qui n’empêche en rien d’apprécier quelque chose dans cet outil pas toujours adapté à nos pratiques d’écriture : la façon dont il nous incite à construire des fictions étoilées dont chaque petite partie qui la compose (ici des chapitres) est à la fois la continuation de la partie précédente et une porte d’entrée, un sas d’atterrissage, pour de nouveaux lecteurs. Chaque chapitre une étape classique de construction du récit, comme c’est le cas dans un roman traditionnel, mais aussi une première page potentielle pour ceux qui prennent le train en route. Mine de rien, construire un projet littéraire cohérent qui réponde à cet impératif est complexe. 1 minute, le truc de Thierry Crouzet en est un bon exemple. Un projet très penché, une contrainte stimulante. Dans un autre genre, un autre texte jouait aussi sur ce registre : les Navigations de Marcello Vitali Rosati. H. écoute le dernier Björk derrière mon dos, j’essaye de rester droit quand j’écris. Son clavier par-dessus Björk ce sont les percussions. Quelque chose d’émouvant. |
![]() 10 juin 2015
Termine lentement le premier tome du Journal de la crise, de Laurent Grisel. Dans le planning de lecture des jours, curieusement, et sans que je m’en sois rendu compte, ce texte a pris la place de la presse. J’ai remplacé l’actualité par une actualité lue et ressentie à l’heure H dans le temps de l’écriture, mais avec neuf ans de retard. C’est une drôle d’expérience temporelle. C’est une très belle lecture. La mélanger à l’instant T des dépêches et des lectures (Kerviel, le comité invisible...), c’est stimulant. Triste aujourd’hui (mossade). Découragé pas mal. Plus d’épaule, rien. Beaucoup d’expiration. Dépassé, marché dessus. Un texto. Je suis au fond de ma bouteille de Coke. Je réalise après plusieurs écoutes que l’Heroin de David Lang, c’est une cover de l’Heroin d’alors. Du coup, ça me dérange. Ecoute des trucs qui s’appellent Les yeux de mes yeux, Atom Dance, With me now. Longtemps j’ai porté des chemises trop grandes (ce n’était pas un fashion statement). Paquet de Marlboro plein sur mon bureau maintenant. ![]() 13 février 2016Le premier truc du jour c’est un texto : Bowie est mort. Faut vérifier la tête encore pleine de la suie que c’est vrai. Pas possible. Pas besoin d’aller loin : deux cent mille tweets sur son nom dès les huit heures du mat’. À quinze heures, on sera deux millions cinq. Et après je sais pas. Hier soir ce docu sur France 4 en replay, Le fantôme d’Hérouville. Blackstar c’est sorti vendredi. Dans le clip de Lazarus, mis en ligne, je sais même plus, il y a moins d’une semaine, Bowie mais c’est un crâne. J’ai passé deux heures dans une gare à attendre, Space Oddity 1 dans les oreilles. C’était il y a plus de dix ans et j’avais l’impression que ma vie serait plus jamais la même. Paradoxalement, moi j’ai découvert tout à la sortie de son dernier album avant grand silence de dix ans : ça s’appelait Reality. Un truc moyen, mais une grande porte d’entrée dans tout le reste, et puis ensuite le Reality Tour où vocalement c’est superbe. Et puis c’était le moment des « 30ème anniversaire », où ils te ressortaient le CD de tel album puis tel autre chaque année, à cause de sa production hallucinante de l’époque. C’était revivre les années soixante-dix à distance. Puis, dans la foulée, le Bowie de Buckley, qui s’arrêtait grosso modo un peu après Outside, globalement l’album le plus proche de moi musicalement alors. Toujours. Toujours dans Thru These Architect’s Eyes il y a ce truc qui m’allume ou qui m’éteint, je sais pas. Les deux probablement. Lire Bowie, sa vie réécrite, c’était déjà aller dans la fiction. Toujours difficile de dire quel album en particulier. Me rends compte aujourd’hui que je suis incapable de nommer le premier disque acheté. Pas souvenir. Avant l’achat, tu allais sur Kazaa 2. J’ai téléchargé au hasard une espèce de best-of 3, d’où Space Oddity. Et très vite, Reality, juste sorti, et, curieusement, The Buddha of Suburbia 4, très tôt cet album, probablement à cause d’une interview. J’aurais voulu l’acheter j’aurais pas pu : même aujourd’hui encore, pas sûr que ce soit un truc qu’on trouve. Derrière, à cause, lu le livre d’Hanif Kureishi, vu My Beautiful Laundrette. Mais le premier acheté non, incapable de retrouver. Peut-être le live de Ziggy Stardust au Hammersmith Odeon 5, les faux billets épinglés sur le mur près d’une page rouge sur rouge tirée d’Epok. M’étais fait avoir avec Never Let Me Down 6, nul 7 et j’en avais tiré une règle : si la pochette du truc est moche et que son look est naze, il vaut mieux s’abstenir. Ça marchait assez bien. Le fait est qu’à seize ans, entendre gimmie your hands embué en rentrant du lycée 8, oui, ça avait du sens 9. Les trente ans de distance à côté c’était rien. Et déjà je savais le nom de la salle de concert à Londres où il avait prévu que ce serait the last show we’ll ever do (avant de continuer à en faire pendant encore quarante). Je l’ai mis dans un truc écrit à l’époque je crois bien, idem la chanson John I’m Only Dancing (mais la version étendue de Young Americans est bien mieux). Il y a d’autres trucs, par exemple : il était en concert à Lyon, sans doute en 2003 ou 2004, moi je voulais y aller. Le Reality tour. Si j’y suis pas allé c’est que c’était compliqué, que c’était cher, que c’était une excuse (mais le Bowie à la place de la mienne, lui, il y serait allé bien sûr), et c’était se dire après ça que derrière y aurait plus d’autre occasion de le faire. Son passage programmé aux Vieilles Charrues a été annulé à cause de l’incident cardiaque qui lui a, lui, imposé un last show we’ll ever do pas forcément prévu. Hier, au fantôme d’Hérouville, je me suis dit ce sera dur après sa mort. Je veux dire juste, je sais pas, se souvenir d’un truc dans quoi il a trempé. Il a trempé dans tellement plein d’images et de sons... Par exemple : moi je suis tombé amoureux de quelqu’un sur Sons of the Silent Age. Il va falloir réécouter Blackstar, lire les textes 10. Mais je l’ai fait déjà, et j’ai pas lu les textes. Besoin de pas lire les textes 11 pour pouvoir les entendre dix milles fois sans savoir ce qu’ils recouvrent. Parce que ça lui ressemble tellement de pas être l’auteur de son propre son, son dernier chef d’œuvre c’est le putain de Love is lost ’Hello Steve Reich Remix’ de James Murphy. Il faut écouter ça dans sa version longue, ses dix minutes d’applaudissements syncopés, ses remerciements (standing ovation !), ses hommages 12 (Ashes to Ashes) 13, sa rythmique, non, son arythmie. Il y a des interludes parlés dans certains de ses concerts enregistrés que je connais par cœur. Ça sert à rien tu sais. Et aujourd’hui je me retrouve à écouter des trucs abstraits : des fragments d’interview, des bouts d’anecdotes dites, des extraits de sa parl’, pour entendre la voix de la personne dans le mot tout venant. Dans Blackstar, c’est une histoire de rythmiques, la rythmique de Mark Guiliana au début, elle juste en hypnose 14. Il y a l’intro de Lost highway sur I’m deranged. Toujours eu une faiblesse pour des titres étranges et mélancoliques, un peu décalés, souvent cité ici Letter to Hermione ou Lady Grinning Soul, oui, mais aussi Some are, The Motel, Sweet Thing — Candidate, All the madmen 15 c’est aussi des trucs d’Hours ou d’Heathen et cette reprise d’I Can’t Read enregistrée au Manhattan Center en 99 16, et je sais même pas pourquoi 17. All I’ve got is someone’s face. Le jeu dans lequel il apparaît, The Nomad Soul, n’y ai joué que bien après, probablement en 2008 18, pourtant avant je l’avais la Dreamcast. Impossible d’aller loin à cause d’un bug paraît-il bien connu dans la version PC, et aujourd’hui impossible de s’y remettre car sur Mac ça passe pas. Ça s’ouvrait sur une version bougée de New Angels of Promise, et on disait qu’Hours c’était la bande son de ce jeu-là, en réalité c’était un cheval de Troie mis dans le jeu pour renvoyer vers lui, comme souvent 19, et l’auteur de la vraie OST du jeu c’est pas Bowie c’est Reeves Gabrels, celui qui fut recruté comme guitariste de Bowie au moment même où il cessait d’être lui-même pour incarner un groupe bizarre appelé Tin Machine 20 (ça j’ai jamais kiffé, encore qu’I can’t read vient de là). Bref. Il y a quelques années j’ai fait ce cut-up de quelques phrases piquées dans ses chansons, « Ouvrez le chien » (maintenant c’est implanté dans mondeling) : prendre quelques mots d’une chanson par album jusqu’au Next Day 21, ce qui n’est finalement pas très différent de ce que je faisais adolescent ou étudiant quand je gravais à quelqu’un un CD composé d’une chanson par album (c’était dur). E. me dit, dans son appartement de la place St Roch, derrière Wild is the Wind, mais on va se tirer une balle. Tourner la tête chez V. 22, rue comment déjà, ça doit être la rue Antoine Durafour, quand c’était Life on Mars ou, je sais plus, Space Oddity qui crevait le son. Ce truc très particulier de reconnaître une chanson qui te fait chialer quand tu te retrouves ailleurs, tu t’y attendais pas. Je crois que pour la première fois j’avais trouvé quelque chose qui était à la fois universel mais qui n’appartenait qu’à moi. Et maintenant on va essayer de rendre compte dans la totalité : il faut toujours en passer par un tout. Je parle même pas du biopic (il y aura un biopic 23). Faites que ce soit un biopic avec Tilda Swinton et qui se concentre sur, je sais pas moi, un fragment de quelques semaines, quelques jours de sa vie. Quelques heures. Un truc anecdotique. Pas la totalité de rien. Hésité à reprendre un autre extrait du Bowie de Simon Critchley traduit en août 2014, jamais repris. Un truc comme quoi Bowie vit dans ses films 24 et son obsession du cinéma et des représentations, je sais plus. Moi non plus, je sais pas. J’ai pas envie de faire ça à cause des circonstances, seul le début me branchait, le reste me touchait moins. Je parle du livre. Étais prêt à descendre acheter Blackstar en vinyle ou la une d’un journal pour avoir quelque chose mais ça n’a pas de sens. J’ai pas de platine vinyle. Et quand bien même. Je l’écouterai jamais comme ça. J’ai des trucs, oui. Le souvenir de L’homme qui venait d’ailleurs sur Arte dans une maison que je situe plus nulle part géographiquement parlant 25, c’est la deuxième fois que je vois ça, même que le film il est un peu raté 26. Mais on le voit lui, dans de ces images, il y a le magnétisme et le torse retourné avec en fond les écrans de la télé de partout. Maigre et d’os et d’écrans. J’ai souvenir qu’un soir ma mère est rentrée triste du boulot car Barbara venait de mourir. J’ai pas souvenir que qui que ce soit soit mort avant ce truc-là. Bowie, un jour, je l’ai brûlé à l’ampoule électrique pour voir ce qu’il y avait derrière, par transparence. Mais jamais fasciné par le truc sexuel à l’époque. Tout de suite c’était traité (dans le Buckley par exemple) comme un truc marketing. C’était un truc marketing de dire ça publiquement : ’I’m gay, and always have been, even when I was David Jones. Peut-être aussi déformé par le film Velvet Goldmine, mais moi j’aurais jamais connu cette déception de le voir se transformer en golden boy straight hero puisque c’était déjà dans le passé. Déjà dans John I’m Only Dancing c’est présent. Et finalement j’ai tout découvert après coup, comme cette histoire de rendez-vous avec son manager qui, bref. Let’s dance c’était censé être ringard, j’ai toujours adoré Modern love, malgré les arrangements vieillis, China girl tellement meilleure dans la bouche d’Iggy Pop sur (je sais plus) Lust for life ou The idiot : it’s in the whiiiiiiiiite of my eye. Eye ou Eyes ? Rien à voir avec Lou Reed, Electric Dandy, j’ai oublié l’auteur 27, où là, oui, c’était marquant : cette histoire d’électrochocs pour lui faire fondre l’homosexualité. Dans Velvet Goldmine ils ont mélangé Lou Reed et Iggy Pop, c’est Ewan McGregor qui joue ça, un type électrifié, et Brian Eno est là à rigoler parce que c’est pas crédible. C’était présenté comme ça dans le Strange Fascination : pas crédible. Ça n’a pas beaucoup plus de sens de se retrouver au rayon des olives dénoyautées : on sait jamais ce qu’on cherche. Et puis chialer dans ton frigo quand tu ranges des machins au retour. Il y a quelques jours au début de Metal Gear Solid 5 la surprise d’entendre The Man Who Sold the World en générique d’ouverture dans une abominable version 80’s 28. Mon frère me disant mais c’est lui qui chante ça à la base ? Moi aussi j’ai d’abord entendu la cover de Nirvana from Unplugged 29 probablement par lui d’ailleurs. Trois personnes m’ont contacté aujourd’hui suite à ça. Dans deux semaines encore, il y aura tant de trucs au 23 Heddon Street en hommage et peut-être qu’un jour j’en viendrai à me dire : merde, j’ai pas écouté une seule fois Blackstar de la journée. Là : des voix de filles dans la rue et qui chantent, le bruit des gaz d’échappement m’empêche d’écouter quoi. ![]() ![]() ![]() 4 janvier 2018593 mots pour Eff (c’est de la neige ce que je fais). C’est de la neige : j’avais besoin de ça pour avancer. Peut-être que ça fonctionne. Toute une partie de la journée passée à déconstruire ces labyrinthes en XML, jusqu’à trouver une manip qui me sauve, un raccourci. Derrière, ce sera reproduire 650 fois la même combinaison de gestes, le travail à la chaîne comme dans cette scène de Dancer in the dark où le bruit des machines accompagne une chanson. Là il y avait le bruit des clics, des contrôle F, du trackpad. Encore une fois la Nocertone est en pénurie, peut-être en fin de semaine il y en aura. Juste. On m’a prescrit un autre médoc à la place mais je suis fatigué de changer de médocs encore, encore. Comment ça s’appelle ? Effexor. Merde, on dirait un super héros des années soixante-dix. Le Morphines 03 est sur le point d’être cuit. C’est une question de jours. Reprise, à contre-cœur, du procès Pistorius en vitesse 1.5 (ça durera pas). |
↑ 1 En 1990, pendant le Sound & Vision Tour, il chante ça après une intro Hymne à la joie à l’orgue très Orange mécanique et Kaworu dans le poing de l’EVA-01, H. et moi on s’est rencontrés là. Un gosse cherchait à me vendre un journal, comment ça s’appelle, Macadam, un truc comme ça. Mon grand-père achetait Macadam. Je mélange les souvenirs plusieurs fois.
↑ 2 C’était un truc de P2P qu’on utilisait pour télécharger des trucs pirates.
↑ 3 Je disais à H. au téléphone je confonds Bowie et Sting (sic), j’avais besoin de matière pour les différencier. Lui : mais t’es sûr que c’est une bonne idée de les écouter tous les deux si tu les confonds ? Au milieu de tout ça il y avait un truc très nineties, Lemon truc, ça n’avait rien à voir.
↑ 4 Zane, zane, zane, ouvrez le chien...
↑ 5 Non.
↑ 6 Encore que Time will crawl est une bonne chanson avec d’autres arrangements, en acoustique ça peut passer.
↑ 7 Et même chose peu avant, ou après, avec le premier Lou Reed solo, nul idem.
↑ 8 F. me disant, sur une table au foyer, tu fais du bruit à articuler des paroles, elle aimerait bien bosser. Plus tard, dans un train allant vers ou revenant de Paris, écoutant un bout de Slade : ah mais c’est quoi ce machin ?
↑ 10 This way or no way.
Look up here, I’m in danger.
Just go as me.
I’m dying to.
Liste non-exhaustive...
↑ 11 Un album aux lyrics curieusement assez drôles : man she punched me like a dude, where the fuck did monday go, dropped my cellphone down below, I was looking for your ass.
↑ 12 Comme quand t’entends un bout de Time samplé dans Mr Self Destruct (final) de NIN, un truc que j’écoutais tout le temps quand j’avais besoin de violence à une époque où la violence c’était d’être dans la rue et de marcher contre quelque chose ou vers quelque part, je sais pas.
↑ 13 La version du Live at the Beeb tout particulièrement, pour sa psychédélie synthé à la fin, Mike Garson pas dans son élément, peut-être aussi pour ça que c’est beau.
↑ 14 Si je vais écouter des jours, des jours durant, les trucs divers dans quoi a battu Mark Guiliana ce sera mais pour rester dans cette même pulsation, cette dernière pulsation, cette sismique.
↑ 15 Zane, zane, zane, ouvrez le chien...
↑ 16 Et maintenant je me souviens de cette version de Prettiest Star tout en détachement que j’aime bien, que j’ai entendu après. C’était toujours dans le détachement que ça trouve à m’émouvoir, dans la froideur apparente, c’est ça qui m’atteint, oui.
↑ 17 Jamais cherché à comprendre ce que c’était comme concept que ce truc de VH1 Storytellers, avec des fois plus de parl’ que de musique
↑ 18 On peut encore aujourd’hui retrouver des pics dans le 17h34 qui attestent de tout ça.
↑ 19 Par exemple la pub Vittel qui est, et c’est hallucinant, une pub pour Bowie signalant, presque accessoirement, une marque d’eau minérale.
↑ 20 Dans un concert ou dans une émission quelconque, Bowie disant Jimmy Page m’a offert ce riff[celui de Supermen] et lui qu’est-ce qu’il en a fait ? Il l’a mis dans une chanson de Tin Machine ! Ensuite il l’a récupéré pour ce Dead Man Walking.
↑ 21 Le tweet de Duncan Jones un beau jour, je me souviens où j’étais, au bureau, c’est le matin, en gros il dit mais allez voir ce que mon père fait : le clip de Where are we know et l’annonce de l’album à venir. Aujourd’hui Duncan Jones confirme que c’est triste et que c’est vrai.
↑ 22 Adossé à la BU derrière je lui parlerais du nouveau Björk tout juste sorti et qui s’appelle Volta. À quelques semaines près on doit presque être au même endroit.
↑ 23 Il y aura également des reprises. Tellement de reprises. Ça va venir très vite, ça va durer toujours : « just go as me ».
↑ 24 Par exemple : jamais remarqué que dans China girl, donc, il disait I feel a-tragic like I’m Marlon Brando. Mais qui a écrit ces paroles ?
↑ 25 Je regarde ça je crois avec mon père, là sur une chaise en bois.
↑ 26 Plus tard parler de Nicolas Roeg avec V. sur un truc de messagerie instantanée aujourd’hui obsolète.
↑ 27 Bruno Blum.
↑ 28 La cover de Lulu aurait été plus cool. Elle est terrible. Terrible dans le sens de bien.
↑ 29 This is a song from David Bouwie. Je sais plus qui à écrit ça ni où.